"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«- Qu'est-ce qu'il a en lui, papa ? demandai-je. - Un peu de blanc, un peu de rouge et un peu de noir. - Indien, blanc et nègre ? - Oui. - Alors qu'est-ce que je suis ? - Quand tu seras grand, on dira de toi que tu es un homme de couleur, répondit-elle. Ensuite, se tournant vers moi avec un sourire moqueur, elle demanda : - Vous n'y voyez pas d'inconvénient, Monsieur Wright ?»
À 12 ans, j’ai lu Black boy de Richard Wright, auteur noir américain né en 1908 dans le Mississippi et mort en 1960 à Paris. J’ai reçu un coup de poing dans mon cœur candide et ardent. Pour la première fois, je dévisageai le Mal à travers l’acuité du regard de cet homme, petit-fils d’esclave.
Récit autobiographique publié en 1945, Black boy témoigne des conditions de vie dans le Sud ségrégationniste des États-Unis au début du XXe siècle. L’auteur raconte ses souvenirs d’enfance depuis l’âge de 4 ans jusqu’à son départ pour le Nord à la fin de son adolescence.
Ce livre poignant décrit ses expériences brutales et le degré des souffrances endurées par Richard Wright : une criante pauvreté, la faim qui l’accompagne pendant des années, la peur, l’instabilité familiale, l’isolement émotionnel, les humiliations imposées, les punitions, les privations, les inégalités raciales, la pression religieuse de sa famille et de la communauté noire face à sa croyance croissante en l’athéisme.
L’auteur arrive à nous faire glisser dans la peau d’un noir à cette époque, qui vit dans une culture blanche dominante et non dans une civilisation à dimension humaine. Avec la lecture de Black boy, j’ai rencontré la cruauté, le racisme, le sentiment d’injustice, la maltraitance familiale. Je me rappelle m’être dit : quand je serai grande, j’adopterai un enfant noir pour le sortir de sa condition humaine violente.
J’ai relu ce livre durant cet été caniculaire. J’y ai vu le sens de la liberté de l’auteur malgré toutes les épreuves traversées. Il ne s’est jamais considéré comme un être inférieur. Il avait une idée forte de sa propre valeur humaine, surtout à partir des lectures qu’il entreprit à l’adolescence. Richard Wright rejette le conformisme, il ne se soumet pas à l’autorité familiale, religieuse, à l’autorité de l’État. Il affirme au contraire son individualité pour une vie meilleure et plus libre. Ses lectures lui font comprendre que les mots peuvent devenir des armes. Il se rêve écrivain et va finalement ouvrir la voie à d’autres écrivains noirs.
Il me semble que Black boy est un livre qu’il faudrait étudier au collège. L’écriture et l’analyse de la pensée et des sentiments face aux souffrances vécues de Richard Wright sont remarquables.
Autobiographie. Richard est né dans le sud des Etats-Unis au début du 20ème siècle. Sa famille est pauvre, son père ne tarde pas à les abandonner, et la faim est le quotidien de Richard. Enfant, il est naïf et ne voit pas la différence entre un noir et un blanc. C'est un enfant qui a du caractère et qui se révolte parfois, et sa famille n'hésite pas à le battre. Il refuse de croire en Dieu, ce qui fait le désespoir de sa grand-mère. De plus, personne ne le comprend : il aimerait devenir écrivain. Ce n'est pas un métier pour lui, il est noir... Il se réfugie pourtant de plus en plus dans la lecture et en grandissant, cela lui permet de comprendre que l'espoir est permis, qu'un autre monde existe. Il va supporter la haine et l'humiliation et multiplier les petits boulots pour survivre et épargner afin de quitter le sud. Sans jamais le déclarer, il sait qu'un jour il pourra relever la tête haute.
J'avais lu ce roman il y a plus de 20 ans et j'en avais conservé un bon souvenir. Il n'était pas dans ma bilbiothèque mais récemment, ma belle-soeur est arrivée avec, elle l'avait en double. J'ai relu et ne fus pas déçue. Une très belle écriture et un témoignage poignant.
Black Boy, classique de la littérature américaine, est l’autobiographie de l’enfance de l’écrivain noir Richard Wright dans le sud des États Unis au début du XXème siècle. Un récit pour raconter le passage de l’auteur de l'innocence à la clairvoyance.
Ce livre pourrait être vu comme un simple roman d’apprentissage puisque ce sont les mémoires d’un garçon qui devient un homme. Mais Richard est un garçon noir qui devient un homme noir. A la place de l’histoire classique sur le passage à l'âge adulte, vous avez là le témoignage d’un garçon qui grandit en prenant conscience que la société le déteste. Et comme Richard est un garçon intelligent, il essaie de comprendre pourquoi elle le déteste tant.
Pourquoi ne mange-t-on jamais à sa faim dans sa famille ? Pourquoi sa mère, cuisinière dans un restaurant qui sert des assiettes pleines à des blancs, ne peut-elle pas lui donner à manger ? Pourquoi faut-il baisser la tête ?
A travers de nombreux témoignages ou fictions sur la ségrégation raciale, on sait déjà tout cela mais là ou Wright se distingue c’est qu’il s’en prend aux siens. Il accuse de complicité les noirs dans leur propre asservissement. L’entourage de Richard semble se conformer à la situation et refuse d'ébranler le système, voire parfois ne réalise pas qu'il y a un système à ébranler. Ils sont absorbés par la satisfaction des besoins humains primaires (notamment la faim qui est une constante dans ce récit), qu'il ne leur reste pas de temps pour combattre. L’homme blanc n'a même pas besoin de pousser l’homme noir vers le bas : il est déjà allongé là, affamé et battu. C’est un racisme si dévastateur et si complet qu’il se perpétue naturellement.
Écrasé par l’austérité religieuse de sa famille, par la violence qui y règne et par l’inertie de ses proches, c’est dans l’écriture et dans la lecture qu’il trouve une échappatoire. Il cherchera plus tard à rejoindre le Nord du pays mais toujours il s’opposera au déterminisme qui lui interdit de devenir ce qu’il souhaite devenir.
Dans ces mémoires, Richard Wright parvient à allier le talent du conteur et la finesse d’analyse. On suit ce gamin dans ses questionnements, dans sa colère, dans son incompréhension et on est surpris de l’acuité avec laquelle il aborde les clivages raciaux et les rapports de domination.
[ Black Boy est un texte fondateur, paru en 1945, il est l’un des tous premiers romans écrits par un noir sur ses conditions de vie ]
Ce livre fut une découverte et une claque. Une découverte car je ne connaissais pas cet auteur. Une claque ensuite parce que abasourdie tant par le propos que par la qualité de la réflexion et de son écriture.
Black Boy pourrait être une chronique du racisme ordinaire au début du XXème siècle dans le sud des États-Unis. Mais évidemment le propos va bien au-delà. Richard Wright retrace son enfance dans ce sud, entre le Tennessee, le Mississippi et l’Arkansas. Des déménagements au gré des ruptures, des accidents de la vie, des expériences pour le moins étonnantes pour son âge, des études erratiques, des violences physiques et psychologiques, au sein même de sa famille, la faim omniprésente … rien ne le découragera.
Ce jeune garçon a l’esprit vif, il est observateur, a un côté innocent, et il semble être le seul à trouver anormal le sort réservé aux personnes de couleur « plus le monde extérieur acquérait de sens à mes yeux, plus je m’inquiétais, plus je me contractais, ce qui faisait dire à mes camarades et à mes professeurs : « pourquoi poses-tu tant de questions ? ».
C’est cette clairvoyance qui m’a bluffée, littéralement. Nous sommes au début des années 1920 et déjà il a cette conscience que quelque chose ne tourne pas rond au pays de l’oncle Sam. Est-ce seulement la lecture, quelques années plus tôt, d’un conte par Ella, une jeune fille venue habiter chez eux après le départ du père, qui lui ouvrit le goût de la vie ? Pas uniquement, mais malgré des études en dents de scie, il ne cessa, par n’importe quel moyen, d’en vouloir davantage.
Ce n’est pas auprès de sa famille qu’il trouvera du réconfort, ni même du soutien. Les souffrances de sa mère « qui résument à elles seules toute la misère, l’ignorance, l’impuissance, les heures et les jours douloureux … » vont les mener chez les grands-parents maternels. Sa grand-mère et sa tante sont membres de l’Église adventiste, et tiennent à lui faire embrasser leurs convictions religieuses. Leur méchanceté gratuite, leur violence, manipulation et autres manigances auront raison de sa foi (et de tout respect de ces personnes). Il est et restera incompris jusqu’à son départ vers le Nord.
Au-delà des violences faites aux noirs, que je ne cherche ni à minimiser ni à occulter, ce qui m’a le plus étonnée et marquée c’est la crainte de la communauté noire à aborder les sujets autour de leur discrimination, la peur des représailles étant omniprésente. Cela se traduira pour Richard, à l’acuité prononcée sur ces sujets, par des coups et humiliations en lieu et place d’explications sur la ségrégation et ce au sein même de la cellule familiale.
Ce témoignage autobiographique est bouleversant et particulièrement poignant. Première lecture de cet écrivain américain qui fuira les États-Unis au moment du maccarthysme (il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris), mais je compte bien poursuivre avec notamment Une faim d’égalité.
Richard Wright retrace sa "jeunesse noire" dans cette auto-biographie sans concession. On se situe au début du XXeme dans le Sud de l'Amérique, donc ségrégationniste.
Richard Wright fut un des précurseurs dans la littérature "noire", et notamment parce qu'il met en exergue, en plus du raciste des blancs, la soumission extrême des noirs.
Je lis peu de livres traitant de l'esclavage, la ségrégation, les colonies parce que je suis envahie par un sentiment de mal aise, de dégoût. J'ai toujours du mal à me faire à l'idée que des hommes ont pu traiter d'autres hommes pire que des animaux. Donc, pour vous dire que cette lecture est bien sûr difficile.
On ressent la faim, les coups, les humiliations, les injustices, les incompréhensions. Quel est son tort à ce jeune garçon ? D'être né noir certes, mais pire que cela de vouloir comprendre alors il questionne : Pourquoi cette soumission des noirs ? Pourquoi ce racisme, cette haine des blancs ? Pourquoi cette injustice sociale, économique et culturelle ?
Alors il écrit ! Alors il raconte !
On crève de faim avec lui, on crève de peur avec lui, on crève d'espérance et d'incompréhension avec lui mais on se nourrit de cette soif de culture, de cet amour de la littérature , de cette logique d'esprit (qui est plutôt avant-gardiste).
Les dernières pages sont magnifiques ! Touchantes, percutantes !
L'un des premiers roman autobiographique d'un noir américain enfant dans les années 30. Une écriture au jet de pierre, honnête, droite. Un portrait d'une violence folle, parce que si direct et transparent. Un livre aussi superbe sur la naissance d'un écrivain et la portée des mots.
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