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Des thèmes qui l'a mobilisée durant toute sa carrière universitaire: le Centre d'histoire du droit et de la justice voyait le jour. Les membres du CHDJ souhaitent aujourd'hui rendre hommage à l'activité de sa première responsable, en publiant un recueil de ses articles les plus marquants en ce domaine. Ils ont aussi invité plusieurs de ses collègues et amis à les ponctuer de commentaires inédits. La Belgique criminelle se présente comme une invitation au voyage à travers cinq siècles d'histoire sociale et judiciaire: de la stigmatisation des sorcières à la rumeur pédophile, de l'émergence du droit pénal répressif au XVIe siècle à la faillite de la prison au XIXe siècle, de la " défense sociale " bourgeoise face aux " classes dangereuses " aux fantasmes sécuritaires contemporains. Dans une première partie, l'ouvrage évoque la question des rapports entre l'individu, la justice et le pouvoir durant la période de formation de l'État moderne, du XVIe au XVIIIe siècle. Figure éloquente de ces rapports de force, le procès de sorcellerie est à la fois le révélateur des tensions entre l'individu, la justice et l'État, la conséquence d'une obsession sur les conduites sexuelles féminines, et le lieu d'expérimentation d'instruments juridiques "modernes " comme la torture et le pardon.
Dans une seconde partie, ce recueil aborde la révolution pénale de la fin du XVIII'siècle et la transition entre l'Ancien Régime et les sociétés contemporaines. Initiées à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française, ces études se prolongent dans les réflexions sur le code pénal de 1810 et sa diffusion en Europe. Par-delà la question des politiques pénales, c'est bien la société belge qui est au c?ur de ce volume, ce que révèlent les trois dernières parties. Aux peurs de la société bourgeoise et masculine -les femmes criminelles, les récidivistes, les jeunes délinquants- font écho des réponses contrastées: l'enfermement des femmes et des enfants au XIXe siècle, le patronage des condamnés libérés et le modèle "protectionnel " de prise en charge de l'enfance difficile qui émerge à l'aube du XXe siècle. Arpenteuse infatigable de ces marges de l'histoire, qui fascinent par leur étrangeté autant qu'elles nous renvoient aux racines mêmes du lien social, Marie-Sylvie Dupont-Bouchot, forte d'un itinéraire intellectuel atypique, porte un regard pluriel, critique, et parfois sarcastique sur cette Belgique criminelle si lointaine et si proche.
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