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Pierre angulaire d'une définition aristotélicienne de l'humain, le cannibalisme était pour les Anciens ce qui distinguait l'homme de la bête, le Grec civilisé du Scythe barbare. Mais, que ce soit à travers les grands mythes de vengeance antiques (Thyeste, Térée) ou par le biais d'un héritage médiéval (motif du coeur mangé, symbolique de la chasse courtoise, les portraits stigmatisés du Juif, de la sorcière et de l'homme sauvage), l'imaginaire occidental entretient des rapports complexes d'identité et d'opposition avec cet Autre pas tout à fait autre qu'est le cannibale. L'enjeu de la définition de l'humain par le cannibalisme trouve toute sa pertinence en Europe à l'époque des Grandes Découvertes qui, en l'espace de quelques décennies, concentrent les peurs et les fantasmes alimentaires de l'Européen sur « le Cannibale » du Nouveau Monde.
Ce travail sur les figures du cannibalisme dans le théâtre anglais de la Renaissance s'efforce de situer un corpus littéraire dans le contexte d'une réflexion sur le même et l'autre, l'humain et l'inhumain, en accordant un intérêt particulier aux frontières et aux croisements de ces notions.
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