"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
[ dans la liste de la page 1, il faudrait peut-être ajouter le mot « hôte ». Quand on en tire les fils, viennent : - celui qui reçoit l'autre et celui qui est reçu. Dans le regard posé depuis des années sur ces formes éphémères (ce regard qui vient de l'enfance, avec l'étonnement de voir, l'urgence à saisir ce qui surgit avant son inéluctable disparition - le temps compte à rebours depuis la petite enfance, dit Muriel), il y a bien le désir de ce que fabrique l'autre, anonyme, parce que ce qu'il fabrique a à voir avec ce que fabrique l'artiste, déplacer, assembler. Et parce qu'il y a ici et là déplacement et construction, on peut faire un bout de chemin ensemble (anonyme fait place à tout un chacun), s'interroger ensemble sur ce qu'on assemble et échaffaude, sur ce qui s'y cache et y apparaît...- il y a aussi étranger, et ennemi. Etranger n'est pas ennemi, n'est-ce pas l'étranger qui toujours apporte le mouvement ? Mais ennemi nous ramène à monsieur Mohamed et à la guerre, une question de partage, non ! Ici pas d'appropriation, pas de signature de l'auteur sur ces sculptures trouvées (on est loin du ready-made !). C'est le regard qui fait d'eux des installations, ce sont les prises de vues qui sont signées. Une posture d'auteur qui s'affranchit d'autorité. C'est le partage possible d'une lecture - les installateurs anonymes ont-ils une lecture ? - qui inquiète le travail de l'artiste, interroge sa valeur et celle qu'on donne aux choses : ici, un objet à qui le déplacement opéré ajouterait de nouvelles qualités, qui prendrait de la valeur, et peut-être un prix (et pour quel usage ?) et là, dehors, le geste d'un fou...- il y a enfin traitement d'égal à égal, sur le même sol : un petit espace où du commun s'invente, et sans cesse se réinvente. C'est bien ce dont on peut faire l'expérience précieuse, dans ce petit livre qui rassemble quelques fragments d'une recherche toujours attentive à ce qui émerge là maintenant pour les offrir à une nouvelle lecture - comme à chaque exposition de Muriel Modr. Martine Derain ]
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