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On peut estimer à un millier les termes français venant de l'hébreu, qui se répartissent d'emblée en deux catégories : les termes empruntés à la langue sacrée par la voie religieuse, et les autres, venant du commerce des esprits et des relations sociales. Il n'est pas surprenant d'entendre ré- gulièrement les chrétiens prononcer amen ou encore alléluia, sans savoir que l'Église a volontai- rement maintenu ces mots hébreux dans les prières pour marquer les origines de cette religion.
Henry Béhar se demande pourquoi la langue française, si riche, éprouve le besoin d'acquérir un certain vocabulaire, et de le conserver dans son capital au cours du temps, tout en renouvelant constamment l'opération. (Ainsi le charmant chérubin ou même la très populaire échalote.) Dans son dictionnaire, il n'a retenu que des mots, d'une part appartenant à l'hébreu ancien, du temps de la Bible, d'autre part pour quelques-uns relevant de l'hébreu moderne, voire du yid- dish. Jugeant irritant d'entendre des responsables politiques et des élus déclarer que le français est une langue unitaire, provenant intégralement du latin, sans autres apports, il a choisi de re- lever 150 mots d étymologie hébraïque et d'en étudier la formation, l'histoire et l'usage dans notre littérature et notre culture. C'est peu, dira-t-on, mais cela suffit à démonter le mécanisme de l'emprunt, auquel notre langue s'adonne avec plaisir.
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