"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Coucou les petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique du troisième tome d'une de mes sagas préférées de tous les temps, je peux l'affirmer désormais, j'ai nommé Les Puissants. Avant de me plonger dans la lecture de cet ultime opus à la série, l'excitation était palpable, l'appréhension aussi. Je n'avais même pas encore lu le livre que je sentais déjà mon cœur se briser dans ma poitrine et mon estomac se tordre. J'étais toute chamboulée à l'idée de me dire que ça y est, c'était vraiment la fin de cette extraordinaire épopée. Je remercie infiniment les éditions Nathan de m'avoir donné l'occasion de vivre cette grande et sombre aventure et sans plus tarder, place à mon avis sur Libres !
Première chose que je tenais d'abord à souligner, et j'insiste fortement là-dessus : on ne sait JAMAIS, et je dis bien JAMAIS, à quoi s'attendre avec Vic James. En effet, cette autrice a le don pour nous mener par le bout du nez et nous faire retenir notre souffle jusqu'au bout. A chaque fois avec elle, l'intensité du récit ne faiblit pas un seul instant, il n'y a aucune longueur, aucun passage qui ne paraisse superflu à l'avancement de l'intrigue. Avec Libres peut-être plus qu'avec les deux premiers titres de la trilogie, j'avais l'impression d'avoir les yeux constamment grands écarquillés, à l'affut du moindre indice qui pourrait me permettre de deviner le dénouement de l'histoire. Autant vous dire que j'étais aux aguets et que je tournais les pages de ce bouquin avec une grande fébrilité et angoisse. Et cela n'a fait qu'empirer au fur et à mesure que je progressais dans ma lecture, pour la simple et bonne raison que jusqu'au tout dernier chapitre, RIEN n'est certain. Je ne saurais trouver les mots justes pour expliquer cela, il faut lire l'ensemble de la saga pour le comprendre, il s'agit là d'une lecture QUI SE VIT, INTENSÉMENT. Une chose est sûre cependant, c'est que j'ai vécu une expérience inoubliable en tant que lectrice grâce à ces trois livres qui forment une trinitas (clin d'œil à l'une de mes autres séries livresques chouchoutes, Lady Helen, qui a elle aussi le chic pour éparpiller les mille morceaux de votre petit cœur tourmenté sur le bas-côté de la route avant d'in fine les ramasser à la petite cuillère - mes métaphores sont toujours aussi éloquentes, je sais) d'exception. La tension est telle en les lisant que vous auriez presque la sensation d'être enveloppé par l'atmosphère électrique du récit en vous immergeant totalement dans l'univers de ce livre, de pouvoir même la toucher, l'attraper, ou la couper avec un couteau comme diraient nos amis anglo-saxons. Et ce ne sont pas Luke et Silyen, ou le duo le plus improbable et évident à la fois que j'ai jamais rencontré au cours d'une de mes lectures, qui vous diront le contraire. Je dis ça, je dis rien, humhum... En résumé : le suspens est à son comble à chaque page qui se tourne (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?).
Pour ce qui est des personnages, eux non plus n'auront pas cessé de me surprendre et de me malmener tout au long de cette folle rébellion que j'ai eu le privilège (je suis complètement frappadingue, on me le dit souvent...) de vivre à leur côté. Il faut dire en même temps que l'autrice les mène également à la baguette et ne leur laisse absolument aucun répit. C'est bien simple, aucun d'entre eux n'est épargné, même si certains s'en sortent mieux que d'autres, pour mon plus grand soulagement. De façon générale, j'ai trouvé que la psychologie de chacun des protagonistes des Puissants avait été extrêmement bien travaillée par Vic James, de manière à rendre toutes les figures emblématiques de cette intrigue résolument épique et versée dans la noirceur tout bonnement inoubliables. Les moments d'anthologie que j'ai passés avec eux, instants de grâce comme échappées au parfum de cauchemars, resteront gravés dans ma mémoire à tout jamais, n'en doutez pas. Au niveau de ce tome-ci, j'ai été littéralement impressionnée par la combativité et l'abnégation de Midsummer, un personnage qui jusque-là n'était pas apprécié à sa juste valeur de mon côté. Et pourtant, WHAT AN HEROINE. Par ailleurs, tous les personnages féminins des Puissants ne manquent pas de courage et de caractère, et ce quelque soit leur âge et leur origine ethnique ou sociale. Et ça, J'ACHÈTE ! Quel plaisir d'être représentée par des protagonistes aussi fortes et mémorables qui, sous la plume de Vic James, ont le droit de se montrer ambitieuses, farouches, malicieuses, insoumises, imposantes et conquérantes. Une autre jeune femme qui n'aura eu de cesse de m'épater au cours de cette saga, c'est Abi. Je reste encore bouche bée face à l'évolution remarquable et éblouissante que lui a fait connaître sa très intelligente créatrice. Abi a en effet fait preuve d'un courage et d'une détermination à toute épreuve au fil de son histoire, elle a dû aussi apprendre à faire d'immenses sacrifices et au cours de cette lutte acharnée contre l'oppression de son peuple, j'ai porté avec elle le fardeau de sa souffrance insoutenable et j'en ai écopé des blessures encore béantes. Retenez ceci si jamais vous vous lancez dans la lecture des Puissants, je pense vous l'avoir suffisamment répété dans mes chroniques de chacun des trois tomes de cette série littéraire : VOUS N'EN SORTIREZ PAS INDEMNES. Mon cœur saigne rien que d'y repenser et je n'ai même pas envie de panser la plaie au fond. Voilà, vous aurez été prévenus à moult reprises, c'est à vos risques et périls désormais.
Pour conclure, car oui, je n'irai pas plus avant dans cette critique afin de ne pas gâcher votre potentielle lecture de cette saga du feu de Dieu, je ne peux que vous recommander de découvrir par vous-même cet univers d'une richesse infinie et d'un réalisme tout ce qu'il y a de plus malheureux et tragique, dans lequel chaque petit acte a des conséquences et qui ne laisse la place ni à des adieux dignes de ce nom, ni au pardon. L'horreur survient, et on ne peut alors que survivre et espérer voir le jour suivant en compagnie de nos personnages adorés ou détestés avec délectation, fêlés sur les bords mais qui ne manquent pas de persévérance et d'autres qualités indispensables pour vaincre. En d'autres termes, l'autrice n'a clairement pas peur de prendre le risque qu'on se la mette à dos et je trouve cela d'une effronterie admirable. J'apprécie en effet grandement quand les écrivains se mouillent et nous prennent de court. En tout cas, avec Les Puissants, je n'ai pu rester indifférente. Il me tarde de retrouver la merveilleuse mais aussi sadique plume, prenez garde, de Vic James avec son nouveau bébé Sanctuary qui, je l'espère de tout cœur, sera traduit pour le bien du plus grand nombre ! En attendant de découvrir ce nouveau bijou, je dois encore encaisser les coups et blessures qui m'ont été infligés durant ma lecture des Puissants et tourner lentement mais sûrement la page... COUP DE FOUDRE ϟ
Pour commencer, je tiens à encore remercier les éditions Nathan pour l'envoi de ce second tome de la trilogie. Après avoir fini le premier en PLS (oui, carrément), j'étais à la fois surexcitée à l'idée de me jeter sur la suite, et aussi apeurée. Ce tome deux serait-il à la hauteur du précédent ? Ou même mieux ? Ou moins bien ? Je ne savais pas trop à quoi m'attendre après la déferlante d'émotions fortes que j'avais éprouvée grâce au premier tome. Eh bien, dites-vous que tout ce qui se passe dans le tome un se retrouve amplifié dans le tome deux. L'action, l'évolution des personnages, les sensations, les dons, la cruauté des Égaux... TOUT.
Pour ceux qui n'ont pas lu le tome un, la dernière chose que je souhaiterais faire, ce serait de vous spoiler. Je vous conseillerais donc d'éviter de lire les lignes qui vont suivre. Pour les autres, disons que le tome un nous avait laissé esseulés, et la famille Hadley se retrouve dans une situation pour le moins critique à la fin de ce tome. Tout autant que celle des Jardine d'ailleurs. Tandis qu'Abi et ses parents sont envoyés à l'enfer industriel tant redouté de Millmoor, Daisy, quant à elle, reste dans la prison dorée et bien tordue sur les bords de Kyneston, sous la protection du grincheux grand Gavar, aîné et présumé héritier de cette famille aristocratique. Si cette relation exclusive entre la petite roturière et Monsieur Armoire-à-glaces Je-fais-exploser-mon-don-quand-je-suis-contrarié m'avait semblé malsaine dans le premier tome, il se pourrait que je me sois montrée un peu trop méfiante, je le reconnais. Une relation sincère et bienveillante me semblait trop belle pour être vraie dans un monde de faux-semblants comme celui-ci. Alors, entre une petite fille du peuple et un Égal, vous imaginez !
Et pourtant, l'affection que ressent Gavar pour la mignonne petite Daisy n'est pas feinte, elle est même tout à fait réelle. Si l'adoration que portait la jeune enfant à son maître m'inquiétait fortement dans le premier tome, celle-ci a disparu pour laisser place à de la sagesse, de la clairvoyance et à une profonde tendresse émanant d'une petite fille que je considère toujours comme étant trop jeune pour avoir été ainsi arrachée à sa famille et occuper le rôle de maman de substitution auprès d'un adorable nourrisson qui en a été privé. C'est là la cruauté de cet univers, bien trop authentique. Si Daisy, du haut de ses dix pommes, encaisse cette situation sans broncher avec un stoïcisme impressionnant pour son jeune âge, c'est un véritable vent de rébellion qui souffle dans la tignasse désormais courte et brune de son aînée. J'adorais déjà Abi dans le tome un mais là, la témérité et l'audace qu'elle acquiert, ce shoot d'adrénaline qu'elle se prend d'un coup dans les veines, cette fulgurance qu'il faut changer résolument les choses dans ce monde injuste grâce à l'exemple donné par son petit frère Luke, tout ça m'en a tout bonnement scié les bras. Abi prend des risques inconsidérés pour défier les lois aberrantes de son pays, elle devient véritablement intrépide et ce fut un réel plaisir que d'assister au fil des événements à son évolution.
Même si, bien sûr, on frissonne à l'idée de ce qui pourrait lui arriver au cours de ses périlleuses missions. Mon cœur en a loupé un battement à de nombreuses reprises mais je l'ai accompagnée et soutenue à 200% dans ses choix, et ce jusqu'au bout. Et Luke alors, que devient-il ? Si Millmoor semblait être dans le tome un le pire endroit où il puisse se retrouver aux yeux de sa famille et aux nôtres aussi par ailleurs, à côté d'Eilean Dòchais, Millmoor a tout d'un Nirvana, d'un doux paradis sur Terre. Ce manoir sinistre et aristocratique recèle bien des mystères qui, en temps normal, auraient fait palpité mon cœur de lectrice assidue, curieuse à l'extrême, avide de les résoudre tous un par un. Là, ma curiosité maladive a cédé le pas à une peur panique et à un besoin pressant, que dis-je, vital, de prendre mes jambes à mon cou. Alors que je me trouvais au sein d'une magnifique propriété en Ecosse, GODDAMN ! J'avais envie de fuir l'Ecosse, bordel !! Oui, j'en deviens vulgaire, et alors ? Il faut dire que Sir Crovan est LE pire hôte de la Terre entière. Pour me dégoûter de l'Ecosse, il faut déjà y aller... Son système de serviteurs et d'invités pour diviser ses prisonniers et leur faire vivre un véritable enfer est juste aberrant. Son penchant pour la cruauté n'a pas de limites et son raisonnement concernant l'existence même de l'humanité de la caste inférieure est tout simplement à vomir. Mon bon Monsieur, vous êtes OFF PARTY. Sachez que je vous méprise. De tout mon être.
Mais rien ne saurait faire fléchir mon petit Luke d'amour, RIEN. Tu t'es trouvé un adversaire aussi fort de caractère, déterminé et intelligent que tu es cruel et imbuvable, Lord Crovan. Nous, les Sans-Don, nous sommes forts nous aussi. Les Doués dans ce tome révèlent d'ailleurs leur puissance phénoménale tout autant que leurs faiblesses les plus béantes et inavouées. Dans un tel climat de mort imminente où personne n'est épargné, rien ne doit être ébruité concernant les failles du Don. C'était sans compter sur Abi et sur ses alliés qui ont bien l'intention de ne plus se laisser réduire au silence. Je suis tellement fière de cette jeune fille qui brave tous les dangers pour faire s'élever la voix de la vérité et de la liberté, si vous saviez ! D'autant plus que la mort, terrible dictatrice, se cache dans tous les recoins de ce livre et frappe telle une épée de Damoclès qui m'a transpercé le cœur à plusieurs reprises. Si cela continue comme ça, le prochain tome sera une vraie boucherie. En parlant de ça, Vic James nous en donne un joli avant-goût lors du dénouement de ce tome... Bon appétit, c'est tout ce que j'ai à dire. Alors que sa plume nous insufflait une dernière bouffée d'espoir, l'autrice ose nous planter un véritable poignard dans le dos. Cruauté à l'état pur, quand tu nous tiens... TRAHISON. DISGRÂCE.
Pour ce qui est de nos trois frères Jardine infernaux, Silyen est de loin celui qui continue à me déconcerter le plus. Je ne parviens toujours pas à dire si ses intentions sont louables sur le long terme ou dignes d'un vrai petit démon. Son ascension politique et sociale soudaine et époustouflante m'a tout l'air d'avoir été savamment programmée et pourtant, je ne crois pas que Silyen recherche à en tirer une quelconque gloire comme c'est le cas flagrant de son père, qui est décidément un odieux personnage. Et je ne vous parle même pas de la façon dont ce dernier traite les femmes qu'il désire comme des objets à consommer et auxquels faire du chantage. Je remercie vivement Vic James pour cette dénonciation de la sexualisation de la femme et de tous les crimes que celles-ci subissent sous silence, c'est juste im-monde. Mais pour en revenir à notre benjamin des Jardine, alors quoi ? Quel est l'objectif de Silyen, bon sang ? J'aimerais bien savoir ce qu'il se passe dans sa petite tête et avoir ainsi connaissance de la moindre de ses pensées. Cela m'éviterait d'avoir à me triturer autant les méninges pour deviner un semblant de vérité. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a quelque chose que Silyen a commise que je ne peux cautionner. SILYEN, BOY, I'LL NEVER FORGIVE YOU. Quoique, je dis ça maintenant, mais ma volonté n'étant pas aussi rodée et résistante que celle de Luke, il se peut que j'abaisse vite mes défenses et que je retourne ma veste... En tout cas, Silyen, mon garçon, tu as intérêt à me donner des explications sur ta conduite, et fissa. Je n'aurai pas de répit tant que je n'aurai pas le fin mot de cette histoire atroce.
Concernant mon petit chéri de la fratrie, Jenner... La souffrance est encore trop grande. Étant donné que la manipulation de l'esprit d'autrui est monnaie courante dans cet univers, surtout sur un esprit non-doué comme celui de mon Jenner-chou, je lui laisse sérieusement le bénéfice du doute. Sinon, ça va barder pour tes fesses Jenner, je te préviens, je ne serai pas tendre avec toi si tu n'as pas d'excuses à me donner. Mais alors pas du tout. Je ne pense pas que son ascension sociale aussi surprenante et justement extrêmement louche soit-elle soit à l'origine de son changement drastique de comportement, ce n'est tout simplement pas possible... Mieux vaut ne pas y penser...
Enfin, venons-en à la plus belle surprise de ce roman, celle qui m'a consolée de tous ces malheurs (Vic James n'est en effet pas très gentille avec nous, pauvres diables que nous sommes) : l'évolution spectaculaire de Gavar Jardine, alias Monsieur-Grognon-qui-est-en-réalité-un-gros-nounours. Déjà, il réalise quelle est sa véritable famille (non, ne pas pleurer. SOUFFLE, ANAÏS, SOUFFLE.) et est désormais prêt à la protéger de toutes ses forces. Ensuite, il OUVRE. ENFIN. LES. YEUX. SUR. LA. RÉALITÉ. DÉSASTREUSE. DE. SON. PAYS et il se REBELLE (désolée pour toutes ces majuscules mais j'étais obligée). Alléluia ! Retenez bien ces paroles : Gavar va mettre le feu dans le tome trois. Une fois qu'il sera pleinement conscient de ce qu'on lui a fait, ça va barder sec. Je suis si fière de lui aussi, mais à un point, vous n'imaginez même pas. Il est enfin sur la bonne voie et je serai là pour l'épauler quand tout ce système foireux explosera. Et il est grand temps qu'il explose, je vous le dis moi ! Cela va se produire, il le faut. FIGHT FOR IT, Gavar.
Pour conclure, je peux vous assurer que cette saga est purement démentielle et qu'elle en vaut largement le détour. Si vous aimez les pouvoirs surnaturels, les univers imaginaires aux parallèles et références épatantes et passionnantes avec la politique de notre monde et avec son histoire, si vous aimez les personnages intenses, remarquables ou qui vous font au contraire froid dans le dos, si vous aimez la noirceur mais aussi l'étincelle du combat et de l'espoir alors cette incroyable saga est faite pour vous ! Je ne sais pas encore ce que le troisième tome nous réserve mais on n'est pas au bout de nos peines, ça, je peux vous le garantir...
Tout d'abord, un immense merci aux éditions Nathan pour l'envoi de ces deux tomes ! N'entendant que du bien de cette saga véritable page turner, je mourais d'envie de me plonger entre ses pages. Et je n'en ai pas été déçue ! Je suis si heureuse de constater que de plus en plus d'histoires dont le succès est né sur Internet (plus précisément sur Wattpad, entre autres) parviennent à nous être aussi délivrée en format papier et dans d'aussi beaux livres, à la hauteur de leur contenu. Surtout quand ces intrigues et univers sont aussi fascinants, magnétiques, élaborés, sans empêcher une certaine spontanéité dans le style d'écriture qui apporte un vrai souffle de fraîcheur, et à couper le souffle que ce que Vic James nous propose.
Ce récit mêlant savamment pouvoirs surnaturels et dystopies nous entraîne dans une réalité parallèle à la nôtre diamétralement opposée à ce que nous connaissons. Ou pas tant que ça, au bout du compte... Disons que l'année 1642 a une valeur toute particulière pour les personnages de cette histoire, et qu'elle s'est déroulée d'une façon bien différente que pour nous. Cependant, pour les lecteurs anglais qui ont tous dû étudier l'histoire de leur pays à un moment donné, au moins ses rudiments, la réalité historique de cet univers comporte bien des échos avec la leur. Au lieu des révolutions et de la guerre civile de l'impitoyable Cromwell, place à la Révolution (avec un grand R, s'il vous plaît) des Égaux : nette et sans bavure. Un régicide (du véritable roi de l'époque), une révolution sans appel, une Grande Révélation : celle de la magnificence des Égaux et de leurs pouvoirs extraordinaires, qui font d'eux des surhommes. Mais ces derniers ne pouvaient pas porter plus mal leur appellation : ils ne sont égaux qu'entre eux et encore, certains le sont plus que d'autres. Pour ce qui est du commun des mortels, ceux-ci leur doivent dévotion et... dix ans de leur vie en esclavage pour faire montre de leur gratitude pour le régicide, la Grande Révélation et tout le tsouin tsouin, pour avoir mis fin à ce monde corrompu et injuste de l'Ancien temps (lol, la bonne blague), pour l'instauration du Consulat et du Conseil aussi, où certains représentants de la caste inférieure ont "l'honneur" d'y assister en tant que simples spectateurs, avec aucun droit d'action. Soit-disant gratitude (pour quoi ?) qui date de 1642 tout de même. C'en est à vomir, vous ne trouvez pas ?
En Angleterre, les dix ans d'esclavage équivalent à trimer à l'usine dans des conditions désastreuses et à être considéré, non plus comme un citoyen lambda, mais comme un OBJET appartenant à l'état. Il y a de quoi s'insurger, pas vrai ? Heureusement, l'ingénieuse et brillante Abi va réussir à épargner à sa famille l'air pollué et la dangerosité de Millmoor (quartier d'esclaves de la région de Manchester) en les inscrivant comme domestiques à la résidence des Jardine, une des familles égales les plus influentes. J'ai beaucoup aimé ce personnage au sang froid impressionnant, prêt à tout pour protéger sa famille et la maintenir unie, et qui porte un lourd fardeau sur ses épaules de toute jeune femme de dix-huit ans. Abi m'a émue comme décontenancée. Elle fait preuve d'une intelligence et d'une détermination redoutables, tout en étant aussi fragile qu'un petit oiseau par moments, et en se laissant aller à des rêveries naïves au sujet du cadet des garçons Jardine, Jenner. Je me rends compte désormais que le problème ne vient pas d'Abi, mais du monde inégalitaire et cruel dans lequel elle vit : un monde qui la force à grandir trop vite, ainsi que sa sœur de dix ans Daisy, qui devient une vraie petite femme nourrice, un monde qui les force toutes deux à sacrifier leur jeunesse au profit de dix ans d'esclavage totalement injustifiés (comme si l'esclavage pouvait se justifier). Abi se sent constamment rabaissée, opprimée, craintive de ce que ses maîtres d'égaux pourraient lui faire, et empêchée d'aimer qui elle veut. Je ressens à présent une tristesse sincère à son égard, et je la respecte véritablement pour tout ce qu'elle a réussi à sacrifier : ses études de médecin qui lui tenaient tant à cœur, sa vie de jeune femme, sa dignité en tant qu'être humain. Ils ne sont que des objets, remember ? Eh bien, Abi est peut-être un objet dans ce système-là, mais elle ne laissera jamais s'éteindre ses sentiments. THAT'S MY GIRL.
Il n'empêche que c'est le Jardine sujet de son affection qui va la faire se sentir libérée et femme. Oh, la douce ironie... Et par pitié, ne commencez pas à me chanter Femme libérée, je n'ai pas fait exprès, D'ACCORD ?!! Il faut dire que Jenner, en plus d'avoir le nom de famille des demi-sœurs des Kardashian comme prénom, le pauvre, est un peu (carrément, même) le vilain petit canard de cette prestigieuse famille : il n'a pas de Don (pas de pouvoirs, quoi). Le fait que des Cracmols puissent exister au sein de cet univers me perturbe beaucoup et je pense que, quand on aura le fin mot de tout ça, j'en aurai la mâchoire décrochée. Du lourd is coming. En tout cas, Jenner m'a été beaucoup plus sympathique que ses deux frérots, Silyen (prononcez "Silyung") et Gavar. Où vont-ils chercher leurs prénoms ?! Plus sérieusement, je pense que, même s'il avait été un Égal dit "normal" (la belle et douce ironie, encore), il serait resté le plus doux, gentil, généreux et enclin à la compassion des Jardine. Jenner possède une profonde empathie qu'il va tenter d'entériner une bonne partie du roman sous une passivité franchement agaçante. Mais ce petit coquinou de Jenner a aussi une certaine fougue qui lui court dans les veines. Même si, à ce niveau-là, le benjamin chéri de la fratrie, Silyen, le bat à plat de couture. Cet adolescent à la beauté glaciale et saisissante a un feu ardent qui brûle en lui, et le fait que je ne sache absolument pas quelles sont ses véritables intentions me fait très, très peur. Personne ne veut d'un ennemi comme Silyen. PERSONNE.
« Mère appela un esclave pour s'occuper de la valise de Crovan et Gavar vit qu'il s'agissait du garçon qu'il avait extrait de Millmoor. Daisy le lui avait montré du doigt un jour où ils se promenaient avec Libby. Un gamin à l'air en colère portant un sac d'outils en bandoulière. Il ne lui avait pas semblé particulièrement heureux d'être là. Encore un ingrat.
Ou du moins, c'est ce qu'il avait pensé à ce moment-là. Mais lorsqu'il était tombé sur lui par hasard, quelques semaines plus tard, on aurait dit que le garçon avait subi une sorte de transplantation de comportement. Il avait regardé Gavar non seulement comme son libérateur, mais comme s'il avait conduit lui-même la camionnette jusqu'à Kyneston puis organisé pour lui une fête de bienvenue avec des strip-teaseuses. Il lui avait présenté ses sincères remerciements et ajouté que s'il pouvait un jour faire quelque chose pour lui, il le ferait. »
Quant à Gavar... Cette grande armoire à glace bafouée dans son amour propre par son insupportable père et sa tête-à-claques, qui mériterait qu'on la lui fracasse contre un mur, de future épouse Bouda (où vont-ils chercher leurs prénoms, AGAIN ?!), a accompli le miracle de m'émouvoir. Son amour inconditionnel et si pur, si transcendant pour son adorable, petite mais puissante Libby, bout d'chou ♥ qui nous réserve beaucoup de surprises, est en tel contraste avec sa façon de penser rétrograde et tout ce qu'il a fait de mal que c'en est réellement troublant.
Malgré les précautions d'Abi, son petit frère Luke ne va pas pouvoir échapper à l'enfer industriel de Millmoor au profit de la frustration et de la torture psychologique que propose sur un plateau d'argent la résidence de Ky(Kaille)neston. Vous la sentez, ma colère qui bout ? Bref. Même si les hormones d'adolescent en émoi de Luke m'ont aussi fait lever les yeux au ciel, je l'ai néanmoins en ce tome préféré à sa sœur, car Luke prend pleinement conscience de cette réalité insoutenable (et encore, le mot est faible) et il AGIT, il se bat pour une cause juste et pour une vie meilleure pour tous les citoyens. Il ne baisse pas les bras et, même si son humanité est souvent mise à rude épreuve, il la conserve précieusement. THAT'S MY BOY EVEN MORE.
Ce qui m'a fait encore plus accrocher à ce récit, où il m'était quasi impossible de m'arrêter tant je dévorais l'histoire par portions de cent pages et plus, c'est bien sûr l'écriture de Vic James, d'où découle cette noirceur, ces scènes coup de théâtre crèves-cœur qui m'ont glacée le sang, ces révélations qui ont eu l'effet d'une foudre qui s'abat sur les personnages et sur nous lecteurs. Cette plume est cruelle, envoûtante, elle nous torture et nous séduit à la fois. Elle s'accorde parfaitement bien à l'atmosphère froide, sans cœur mais aussi terriblement captivante du roman. I'M CONQUERED GUYS.
Pour conclure, je ne peux que vous recommander cette saga qui porte bien son nom, Les Puissants, et qui nous fait mettre un genou à terre face à sa grandeur, à la richesse de son univers, du background historique impressionnant de ce dernier, de ses personnages, tour à tour agaçants, effrayants, effarants, stupéfiants, admirables ou à condamner. Bref, ce sont des personnages qui nous font vibrer et qui vivent à travers l'encre et le papier, et qui nous transportent totalement, pour le meilleur comme pour le pire du pire. Préparez-vous aussi à des montagnes russes de sensations et d'émotions, impossible de rester de marbre car autant vous dire que Vic James aime malmener ses personnages. Tante Euterpe de la maison Parva-Jardine en prend particulièrement cher, pourquoi tant d'acharnement sur celle qui fut autrefois une jeune femme splendide et pleine de vie ?! J'en ai encore le cœur déchiré rien que d'y penser... Même si les Égaux n'ont pas de sens de l'honneur à l'égard des règles qu'ils ont eux-même établies, ils ne sont pas tous à mettre dans le même panier, contrairement à ce que Lukounet aurait tendance à penser... MARK MY WORDS. Vous allez avoir des surprises. In the end, qui sont les vrais Puissants : les humains "normaux" ? les "monstres" Égaux ? Je vais aller vite me jeter sur le tome 2 pour tirer ça au clair...
Retrouvez d'autres chroniques sur mon blog : https://lesfantasydamanda.wordpress.com
--- Un coup de coeur, encore un ! ---
Comme prédit dans ma chronique du tome précédent, je me suis jetée sur ce dernier volet dès sa sortie, tant j’étais impatiente de découvrir le dénouement de cette trilogie hors du commun. Et, en dépit de mes attentes qui crevaient le plafond, ce fut l’une de mes meilleures lectures de l’année !
D’ailleurs, c’est assez exceptionnel pour être souligné : Les Puissants est l’une des rares sagas où chaque tome a été un immense coup de coeur !
--- Ces personnages qui m’ont fait vibrer ! ---
Je l’ai déjà dit et le répète : ce qui fait le succès de cette série, outre son univers entre fantasy, uchronie et dystopie, ce sont ses personnages profondément humains, souvent retors, rarement compréhensifs.
Je pense que tous les lecteurs seront d’accord avec moi pour dire que c’est Silyen qui porte l’histoire à son apogée. Qui l’aurait cru ? Obnubilé par les possibilités qu’offre le Don, indifférent (ou presque) au sort des roturiers, il menait ses expériences sans se soucier de ce qui l’entourait. Néanmoins, les tensions politiques l’ont rattrapé, le monde réel également. Luke a su le toucher, comme personne avant lui.
L’évolution de ce dernier est tout aussi spectaculaire ! Sa force, il la tire des mauvais traitements qu’il a subis à Milmoor et Eilean Dòchais, contrairement à sa soeur, Abi, portée par la peur. La peur de voir ses proches mourir les uns après les autres. Chacun à leur manière, ils participent au combat pour leur liberté et celle de tout un peuple.
Encore une fois, je salue le talent de Vic James pour créer des personnages complexes et inoubliables. J’ignore comment elle parvient à développer leur psychologie, à traduire leurs motivations, à orchestrer leurs agissements, mais le résultat est époustouflant !
--- Mais qu’est-ce que le Don ? ---
C’est la question que se pose Silyen depuis le début ! Et les démonstrations de ce pouvoir, dont on a oublié les origines, sont de plus en plus courantes à l’heure où la rébellion s’intensifie. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison qu’il décide de s’en mêler…
Je ne vous en dirai pas plus, mais sachez que ses recherches m’ont fascinée ! Les questions qu’il pose sont pertinentes, les réponses qu’il trouve tour à tour captivantes et effrayantes. Certes, il persiste des zones d’ombres, mais même le fils le plus Doué des Jardine ne peut prétendre tout savoir…
--- Un chef-d’oeuvre jusqu’à la dernière ligne ---
Dans Libres, il n’est plus temps de tergiverser. Les plans sont enfin planifiés, exécutés pour ensuite être déjoués. Une grand part est ainsi laissée à l’improvisation, et c’est aussi cela qui fait l’attrait de ce troisième volume, surtout en ce qui concerne Gavar.
Comme à son habitude, l’auteure joue brillamment avec nos nerfs. Chaque chapitre réserve des surprises, et celles-ci ne sont pas toujours bonnes. Une phrase, une seule, peut changer le cours des événements. Les derniers mots de cette trilogie en sont la preuve incontestable ! Vic James a en effet conclu son histoire de façon presque déroutante, et pourtant…
Cette fin m’a fait sourire, m’a rendue triste aussi, mais seulement parce que je ne souhaitais pas quitter ces personnages auxquels je me suis attachée. En vérité, cette fin, davantage tournée vers la suggestion que l’affirmation, est tout simplement parfaite !
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