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C'est l'histoire d'un tout petit homme qui est un veilleur de nuit qui rencontre un matin en rentrant chez lui, une jeune femme, une femme qui est si fine et si légère qu'elle ressemble à une touche d'ombre contre le mur. Il se dit : «Si je la ramenais à la maison et l'installais dans mon lit...» Le jour, la dame, elle dort, sans donner signe de vie, alors que le petit bonhomme s'absente pour travailler, puisqu'il est veilleur de nuit. Elle se nourrit des mets qu'il dispose avec tendresse à côté du lit. Et petit à petit, elle grandit, elle se transforme, elle devient bientôt une grise ogresse qui sévit dans la nuit. Et comme elle sévit dans la nuit, petit homme tremble pour sa protégée. La fine fine femme est une histoire de tendresse, d'humour et de poésie construite sur des contrastes, comme dans le livre qui est entre les couleurs de la nuit et acidulées du jour, où le petit homme s'affaire pour apprêter les mets destinés à la femme qui dort, et entre la finesse de la femme endormie et la puissance destructive de l'ogresse qui sévit la nuit, entre la cocasserie de la vie nocturne des veilleurs qui se retrouvent entre collègues lors d'une pause et la terreur espérée par les figures traditionnelles du loup et de l'ogresse. Les veilleurs se rassemblent comme des fermiers parce que l'ogresse, la nuit, mangent leurs poules, leurs moutons, leurs vaches et face à cette peur, le petit homme apparaît grandi par l'immense attachement à cette fine femme qu'il a recueillie dont il se sent responsable. Il émeut par sa force immense qu'il met à convaincre ses collègues qui sont terrorisés, puisque l'ogresse ne s'éveille qu'à la tombée de la nuit. Il faut donc la chasser la nuit, et elle ne pourra plus se réveiller. Et cette pensée magique qu'en fait la force de l'amour évoque celle de l'enfant à qui rien ne semble impossible dans l'ordre du désir, une pensée qui fait espérer d'arriver à changer ce qui est parfois le cours naturel des choses. La récompense finale de ce grand amour de petit homme rappelle aussi à l'enfant que la tendresse de ceux qui s'occupent de lui va bien au-delà des excès d'humeur d'un ogre pour le ramener toujours à sa finesse d'enfant. Et les illustrations de Zaü qui nous bousculent un peu nous changent. On n'était plus habitué à des traits essentiels sur des fonds de couleurs vives dans un espace rempli, qui évoquent ces dessins d'enfants aux crayons de couleur, contrairement à ces pastels comme on a pu être habitué ces dernières années et qui mettent en images un texte poétique avec beaucoup d'humour et surtout rythmé comme une comptine tournée comme un conte.
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