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Les liens du cœur plus forts que les liens du sang
Stéphanie a des parents qui se révèlent très tôt incapables de s’occuper d’elle et elle doit être placée en pouponnière à l’âge de trois mois, puis dans une famille d’accueil où elle peut se sentir en sécurité et se construire émotionnellement. Mais lorsqu’elle a 10 ans, sa mère profondément déprimée, qui ne fait preuve d’aucun sentiment à son égard, qui ne s’est jamais intéressée à elle, demande à ce que Stéphanie vienne vivre chez elle. Des juges acceptent d’écouter les raisons de cette adolescente qui veut rester là où elle a grandi en sécurité, jusqu’à ce qu’une magistrate décide que ce n’est pas à elle de décider. Un vrai combat contre les instituions va alors être mené par cette ado révoltée et désespérée aussi.
Waouh, quelle lecture !! Témoignage exceptionnel, autobiographique, violent dont je ne sors pas indemne. Merci à Stéphanie d'avoir oser lever le voile sur les incohérences de nos institutions telles que l'ASE, la Justice. Juriste de formation, ayant beaucoup bossé autour des droits de l'enfant et du droit de la famille, ce témoignage ne pouvait que m'intéresser. Sa famille d'accueil est formidable et permet à cette enfant de tenir : elle est si généreuse, dévouée, pleine d'amour et d'humanisme. Aujourd'hui, comme un pied de nez, Stéphanie est assistante sociale afin d'éviter ce genre de drame à sa hauteur.
Mes émotions furent multiples : désespoir, rage, incompréhension, fatalisme, indignation, admiration devant la ténacité de Stéphanie et sa résilience.... Ce roman montre si bien que la parole de l'enfant, quelque soit son âge doit être pris en compte, que l'enfant est capable de ressentir les choses dès son plus jeune âge . Le lien d'attachement entre un enfant et une personne sécure est fondamental à notre construction et parfois , malgré la sacralisation des liens avec la famille biologique qui prévaut en France, il peut être donné par une famille de coeur.
C'est aussi une belle déclaration d'amour envers sa famille de coeur et un roman bouleversant entre copé de citations de professionnels de l'enfance.
Devant l'incapacité de ses parents à s'occuper d'elle, Stéphanie est placée en pouponnière dès l'âge de 3 mois puis en famille d'accueil où elle a trouvé attention et attachement dans un cadre structuré et structurant. Dès ses 10 ans, quand sa mère a voulu la reprendre [L'enfant "appartient" juridiquement à ses parents] elle s'est battue avec une ténacité et une force incroyable pour rester dans "sa" famille de cœur, car chaque année, il lui a fallu obtenir du juge une reconduction de son placement... Elle s'est battue pour faire entendre ses ressentis et ses besoins. Et on est stupéfait d'apprendre qu'elle est restée dans la même famille en raison d'une erreur administrative!!! Famille qui lui a offert la stabilité dont elle avait besoin pour se construire...
C'est un témoignage vraiment exceptionnel que livre Stéphanie, "qui se lit comme un roman policier" dit le professeur Berger dans sa préface. Oui c'est vrai !
Stéphanie a rencontré des gens qui ont su l'écouter et qui ont pu l'aider, à commencer par sa famille d'accueil ( admiration absolue pour la générosité, le dévouement, l'humanisme de Véronique et Xavier) certains éducateurs, certains juges, une avocate mais si elle a gagné son combat, elle le doit à une exceptionnelle force intérieure, une volonté de fer. Tout au long de ma lecture je suis passée par beaucoup d'émotions: l'accablement, la stupéfaction, l'indignation, la colère, la révolte ... mais aussi l'admiration pour ce parcours, cette résilience...
Aujourd'hui Stéphanie est assistante sociale...
En France, on a longtemps sacralisé les désirs des parents biologiques alors même qu'ils pouvaient être contraires aux besoins de leur enfant. Le lien vital nécessaire au bébé et à l'enfant est celui d'un adulte sécurisant qui lui offre une stabilité et une sécurité affective. Et ce n'est pas forcément le lien parent-enfant. Si ce lien a été reconnu par les lois sur la protection de l'enfance dans de nombreux pays ( depuis plus de 40 ans au Canada, 39 ans en Italie, 31 en Angleterre) il a fallu attendre 2016 en France pour que les besoins fondamentaux de l'enfant, et en priorité celui de la stabilité, soient pris en compte par la loi.
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