"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Il est difficile d'expliquer cette transition à quelqu'un qui n'a pas vécu ça, mais lorsque vous n'arrivez plus à dormir, lorsque votre vie vous semble complètement vide, que vous croisez la mort tellement de fois qu'elle en devient banale, que vous êtes dévoré par la culpabilité d'être vivant parmi les morts, alors vous finissez par devenir parfaitement insensible, immunisé contre les sentiments qu'éprouvent habituellement les gens, le genre de personne qui peut trébucher sur le corps mutilé d'un ado ou le cadavre pourrissant d'ne vieille dame, son jupon blanc grouillant de vers, et contempler tout cela placidement, sans rien voir d'autre que de l'exaspération, parce que c'est à vous de vous en occuper. De cette indifférence, qui n'est qu'une protection, découle un risque bien particulier du métier. Lorsque plus rien n'a de sens, y compris la vie ou la mort d'autrui, vous n'êtes plus qu'a un pas du mal. Et ce putain de pas est terriblement facile à franchir »
Harlem années 90, Ollie a rate son concours d’entrée en médecine. En attendant de pouvoir le repasser, il devient ambulancier urgentiste. Black Flies est le récit des 11 mois qu’il va vivre en enfer.
11 petits mois mais 11 mois de sordide incessant, de violence omniprésente, d’horreur.
Les sans-abris, les toxicomanes, les fous, les malades, les mourants et les morts, les blessures par balles, les cadavres, les fusillades, les accouchements dans un coin de rue, les schizophrènes, la saleté extrême, les ravages de la misère et de la drogue.
C’est la routine. Ollie comme ses collègues, ne savent plus ce qu’est la normalité.
Le jeune homme doux et altruiste mute. Il se détache, devient comme ses coéquipiers, cynique, colérique et violent. Parce que sauver des dealers qui empoisonnent les plus jeunes, des caïds qui sèment la terreur ou des toxico qui mourront tout ou tard d’une overdose, est-ce que ça a un sens?
Une lecture puissante avec des passages difficilement soutenables mais qui m’a hypnotisé. Comme un lapin pris dans les phares de la voiture, impossible d’en sortir. Le réalisme cru, parfois carrément factuel, entraîne le lecteur au cœur des interventions des ambulanciers. Mais ça ne s’arrête pas là et ce n’est pas ça qui fait réellement l’intérêt du livre. Shannon Burke s’est inspiré de sa propre expérience pour étudier l’impact d’un quotidien ultra violent sur des hommes qui à la base avaient des convictions, voulaient sauver des vies, croyaient à la justesse de leur mission et finalement se perdent.
https://animallecteur.wordpress.com/2020/06/25/911-shannon-burke/
911 – Nine one one c’est le numéro d’appel d’urgence aux Etats-Unis, c’est ce numéro qu’ont composé la plupart des personnes qui ont croisé Olli Cross. Harlem étant le quartier le plus violent et le plus difficile de New-York dans les années 90, le personnage principal ainsi que ses collègues n’ont pas vraiment le temps de s’ennuyer. Entre drogues, règlements de compte par arme à feu, guerres de gangs, prostitution, il y a beaucoup de gens à sauver dans ce désordre et cette misère sociale.
Ce roman noir et social est immergeant, on entre très rapidement dans la vie d’Ollie qui débute en tant qu’ambulancier après avoir raté son concours d’entrée en médecine. Alors que certains de ces collègues ont laissé place au racisme, ont perdu tout sens éthique ou compassion, Ollie, lui est jeune et empathique. S’il fait ce métier, c’est pour sauver des vies. Mais on se rend vite compte qu’on ne peut pas sauver tout le monde.
Sous forme de chroniques, entre interventions et anecdotes toutes plus dramatiques et sordides les unes des autres, Shannon Burke décrit parfaitement la tragique vie des ambulanciers mais aussi celle des habitants de ce quartier qu’on imagine laissés à l’abandon par le reste de la société, puisqu’il a lui même exercé ce métier avant de devenir écrivain à plein temps. L’écriture est brutale autant que le sujet, très réaliste et concise et la lecture en est éprouvante. C’est un roman coup de poing à la fois court mais poignant, dur mais humain. A la fin de ce roman on en vient, en tant que lecteur, à se demander quel genre d’ambulancier(e) nous ferrions à la place de ces hommes. Âme sensible s’abstenir !
1826. Le jeune William Wyeth, rêvant d'aventures et supportant de moins en moins l'atmosphère étouffante de Saint-Louis, cette ville de nantis en toque d'astrakan, s'engage dans la compagnie de trappeurs la plus téméraire de l'Etat.
Mais le jeune homme, gravement blessé au cours d'une chasse au bison, est transporté à la colonie de Fort Burnham par ses compagnons afin de faire soigner ses blessures par le docteur Meeks. Contre toute, attente, il y retrouve Alene, veuve sans le sou criblée de dettes, pour laquelle il en pince depuis longtemps. Aussitôt, des rêveries fumeuses s'emparent de son esprit de jeune homme naïf, bien vite ramené sur terre par l'arrivée de Layton, officiellement pour le commerce de peaux, officieusement pour la belle Alene...
Une fois rétabli, William, qui a toujours soif d'aventures et de grands espaces, s'engage dans la compagnie de Layton qui lui a promis monts et merveilles. Malgré les innombrables dangers, ils partent pour le grand Ouest, dans ce qui sera la dernière campagne fructueuse avant le déclin du commerce de peaux: "je préfère conter la glorieuse odyssée des trappeurs qui, un temps, enflamma les paysages sublimes de l'Ouest, et décrire comment, par chance, nous avons joué un petit rôle dans le grand tourbillon de l'histoire américaine." (Pages 39-40).
William découvre un univers masculin fait de chasses au bison, de nuits à la belle étoile, de confrontations aux forces de la nature, de rencontres parfois musclées avec les tribus indiennes, d'inconfort et de vie spartiate, qu'il n'oubliera jamais et pour lequel il gardera dans son cœur une certaine nostalgie.
Contexte: le roman restitue avec clarté l'équilibre fragile qui existait entre les différents groupes d'Indiens, les Américains et les Anglais, ces derniers rivalisant afin de s'approprier le plus de territoires possible, situation complexe que mettaient à profit les trappeurs pour s'enrichir en s'alliant, si besoin était, avec les Indiens: "Long Hair...se doute que des hordes d'Anglais et d'Américains vont envahir les Rocheuses. Son seul atout, ce sont ces terres restées vierges. Il a intérêt à les protéger. Il souhaite troquer des peaux contre des fusils et des munitions, afin de protéger les villages." (Pages 128-129)..."De multiples accrochages s'étaient produits entre Américains et Britanniques, et la course à la première place ne faisait que s'accélérer entre brigades à mesure de la raréfaction progressive des animaux à fourrure. Les enjeux de la renégociation de la convention de 1818 étaient clairement liés au nombre de peaux récoltées par les trappeurs." (Page 168).
Dernière saison dans les Rocheuses relate un épisode de l'histoire américaine peu ou mal connu sur lequel Shannon Burke nous apprend beaucoup, tout en nous divertissant: les rivalités entre Américains et Britanniques à la conquête du Grand Ouest, les Indiens tentant d'en profiter pour protéger et sauvegarder leurs terres et leur mode de vie ancestral; la vie rude des trappeurs, les antagonismes entre les brigades, mais aussi la solidarité et les forts liens d'amitié unissant les hommes =>Découverte d'un monde à jamais disparu et pourtant si proche, palpitant au tréfonds de chaque être épris d'aventure et de liberté admirablement restitué par l'auteur.
Le +: Shannon Burke nous livre un récit passionnant aux scènes d'action vivantes, comme la scène où William et Ferris sont pris dans le blizzard, aux descriptions tellement saisissantes qu'on se croirait assis dans un fauteuil d'une salle de cinéma de quartier à regarder sur grand écran un western culte. Le souffle épique qui se dégage de ces pages nous transporte loin dans les plaines de l'Ouest américain, confortablement assis sur la selle de notre monture, la main en visière, contemplant les ondulations des graminées doucement soulevées par une chaude brise estivale...
Shannon Burke emmène ses lecteurs dans l'ouest américain. le récit débute en 1820 où le commerce des fourrures pouvait rendre riche des hommes audacieux.
William Wyeth rêve de devenir un de ces hommes, un trappeur, pas tant pour l'argent mais pour l'aventure, la découverte de paysages inconnus, la chasse, la trappe et pour prouver à son père qu'il a tord sur son compte. Il veut aussi écrire sur tout ce qu'il va voir et vivre.
William s'engage d'abord dans une première compagnie de trappeurs et manque de se faire tuer. Sitôt remis sur pied il prends le risque de partir avec Henry Layton dandy arrogant et au caractère impossible. Mais il y aura aussi Ferris, fin tireur et dessinateur talentueux, et Smith, accompagné de quelques fidèles acolytes qui trappent ensemble depuis pas mal de temps.
Ensemble, ils vont chasser les bisons, trapper les castors et se confronter aux différentes tribus indiennes vivant sur les territoires qu'ils traversent. D'autres compagnies de trappeurs vont aussi s'en prendre à eux.
Question aventures William sera servi, mais il ne perdra pas de vu la promesse qu'il a faite à Alène, revenir vers elle au bout d'une année.
Shannon Burke s'est inspiré de récits divers publiés aux USA sur la vie des trappeurs, des indiens, et ce fameux grand ouest qui suscita bien des convoitises et fit couler beaucoup de sang.
Grace à William et ses compagnons, nous partageons la beauté de ces lieux encore "sauvages", nous vivons leurs amitiés et leurs traîtrises, les marchandages et affrontement avec les indiens et aussi hélas la quasi éradication méthodique des castors et des bisons.
Un roman qui ne fait pas rêver, mais qui est passionnant parce que tellement proche de la réalité d'alors.
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