A gagner : la BD jeunesse adaptée du classique de Mary Shelley !
Il règne une ambiance particulière dans ce roman noyé sous une pluie persistante, mais le lecteur était prévenu dès le titre annonciateur.
Un village de vacances quelque part en Écosse, en bordure d’un loch. Chacune des familles en vacances dans un des chalets de bois s’occupe comme elle peut. Il fait humide et froid dans ces cottages mal isolés où le téléphone ne capte pas et il n’y a pas grand-chose à faire dans les environs. Les parents s’occupent de leurs jeunes enfants tandis que les adolescents s’ennuient en regrettant d’être coincés là. Un couple de retraités s’englue dans une vie routinière où la mémoire flanche à côté d’un jeune couple qui fait l’amour et apprend à mieux se connaitre malgré leurs différences. Il y a des mères fatiguées, l’une oublie ses névroses en s’activant dans le ménage, une autre se lève à l’aube pour aller courir comme si sa vie en dépendait. Les pères font de leur mieux. Même la nature se transforme sous l’averse : « La pluie a emporté toute trace de petites créatures et il n’y a pas de petits oiseaux en vol »
Au milieu de ces familles sans histoires qui tentent de tuer le temp et de se supporter, il s’en trouve une qui dérange, une famille étrangère, peut-être polonaise, ou Ukrainienne, on ne sait pas trop d’où ils viennent mais ils empêchent leurs voisins de dormir en mettant la musique fort dès la nuit tombée.
Dans cette atmosphère poisseuse d’ennui, la tension dramatique va s’installer en catimini, on sent qu’il va arriver quelque chose sans trop savoir à quoi s’attendre.
L’autrice a su avec finesse nous faire entrer très loin dans l’intimité de chaque personnage et nous regardons vivre ces familles, avec leurs manies, leurs inquiétudes et leurs petites mesquineries. Il ne se passe pas grand-chose en apparence, et pourtant, avec pas grand-chose, Sarah Moss arrive à nous captiver tout en instillant cette sensation que, au-delà de l’ennui, il va se passer quelque chose de dramatique.
Au premier abord, ce roman peut sembler ennuyeux avec quelques longueurs, mais c’est un condensé du genre humain et tout particulièrement de la famille que Sarah Moss radiographie avec un talent incisif et sans fard.
Un prof emmène camper ses étudiants pour s’immerger dans l’Angleterre des hommes primitifs. On vivra comme eux, et tout recours à la modernité est proscrit.
Le chauffeur qui les conduit est historien passionné de l’âge de fer (les Northumbriens). Il est venu avec sa femme et sa fille, Silvie, qu’il a la mauvaise habitude de corriger avec son ceinturon. Disons qu’il a une conception assez machiste de la famille et que ce retour aux sources présumées de la civilisation (une civilisation sans immigrés, bien entendu) l’arrange. Pour résumer : les hommes chassent et les femmes s’occupent du foyer en les attendant.
Au bout d’un moment, une étudiante du groupe, Molly, se lasser de faire la cueillette et de brouter la badiane sauvage. Une excursion glaces et chips à la supérette signe le début des ennuis. Quand le prof et le chauffeur geek décident de reproduire (pour de faux) des sacrifices rituels et que Silvie est la victime désignée, les choses tournent mal.
Sarah Moss nous offre un roman entre deux eaux qui effleure les vrais sujets sans jamais les aborder, de peur de chausser les gros sabots par excès de didactisme. Elle s’envase quand même, et nous livre un « compromou ». Dommage, parce que le cadre et l’atmosphère du roman se prêtaient au parfait « horror book » (mais elle n’est pas Stephen King). Dommage, parce que les rapports entre Silvie, son père et Molly (gros potentiel saphique) avaient quelque chose de trouble et de fertile (mais elle n’est ni Delphine De Vigan ni Maylis De Kerangal – pour citer des auteures contemporaines).
Bilan :
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