"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Qui n'a jamais vu, ou eu l'histoire d'Alice au Pays de Merveilles racontée dans son enfance ?
Ce conte fabuleux narré aux heures du couché pour développer l'imaginaire du bambin afin qu'il rêve d'histoires épiques, douces et incroyables...
Et bien heureusement que le récit de Lewis Carroll va dans ce sens, car si vous vous basez sur l'interprétation de cette BD, soyez en sûr, les rêves seront plutôt de sacrés cauchemars façon univers monstrueux Lovecraftien !
Oui, ce comics est une oeuvre fantasmagorique et horrifique, gore et macabre !
Ce livre rassemble la série des trois tomes "Retour au pays des merveilles", "Au-delà du pays des merveilles" et "Fuir le pays des merveilles".
Autant dire que le volume de cet album est bien conséquent avec pas moins de 540 pages environs.
Le récit de Raven Gregory se situe donc après la fameuse histoire d'Alice.
Cette dernière devrait normalement avoir tout pour être heureuse, mariée, deux enfants, une belle maison etc.… mais elle ne l'est pas.
Ayant survécu à une tentative de suicide quelques années auparavant, elle végète dans la maison, en l'état de presque catalepsie, avec pour seul réconfort un petit lapin domestique blanc...
Evidemment l'atmosphère familiale s'en est vue totalement dégradée, bien qu'un membre de la famille reste continuellement auprès d'Alice pour éviter la récidive...
Caroll, surnommée Calie, la fille, fait preuve de nonchalance et d'une certaine dépravation.
Johnny le fils semble lui aussi perturbé sans trop savoir au début qu'elle pourrait être son "addiction"
Et enfin Lewis le mari a fini par se lasser et trompe ainsi Alice.
Vous allez me dire déjà "Bonjour le tableau !", mais voyez-vous, ceci n'en est que l'infime petite introduction...
Tout va très vite se précipiter, et bien sûr encore empirer, lors que Calie (la fille donc, et aussi la véritable héroïne de l'histoire. Vous aurez remarqué au passage que Calie est l'anagramme de Alice) sera happée par "Wonderland".
Un monde de folie, bien noir et lugubre, véritablement cauchemardesque, va se révéler, bien loin de l'univers enchanteur de la fable enfantine.
Le scénariste nous a concocté une incroyable fiction, mélangeant donc les genres littéraires, ponctuée de rebondissements infernaux et de secrets de famille bien tumultueux.
Cela en devient fascinant, à tel point que l'on ne quitte plus l'album avant de l'avoir fini, comme si l'auteur nous avait lui aussi lancé un maléfice envoutant nous obligeant à assister à l'ensemble du spectacle jusqu'à son dénouement.
Ajoutez à cela de nombreuses références, de petits caméos, de messages subliminaux, de détails interpellant (à l'image de l'anagramme de Alice), etc.…, que les auteurs ont parsemé à foison dans les planches qu'il nous en serait probablement impossible de tous les énumérer.
Irrémédiablement notre cerveau s'en rappellera inconsciemment à l'histoire de Lewis Caroll, mais aussi aux songes de HP. Lovecraft, aux frayeurs de S. King etc...
Bref du grand art dans le contrôle des détails. Cela promet des heures d'observation pour les lecteurs aguerris.
Côté dessin, c'est aussi d'une maîtrise ensorceleuse.
Les femmes dessinées sont toutes divines (ou presque...) répondant au cliché de l'idéal physique du commun des hommes (en bref elles ont des plastiques de rêves... (ou cauchemardesques selon le genre du lecteur ;-)))
Les personnages de Wonderland sont des plus inquiétants soit par leur monstruosité apparente, soit par leur perfection cachant les atrocités.
Vous aurez donc des frissons pour chaque rencontre des protagonistes de l'histoire originelle : le chapelier, le chat du Cheshire, La reine de coeur, le lapin etc...
Les couleurs particulièrement chatoyantes et oniriques vous mettront étrangement mal à l'aise de par leurs saturations, contrastes, tonalités, et les dégradés presque parfaits.
Le trait des auteurs est fin, fluide, asservi, subjugué, rendant les expressions et les effets de surprise presque insoutenables.
La multitude des plans, des mises en scènes, et le rythme de leurs enchainements, associés au découpage chaotiquement structuré, contribuent sans aucuns doutes au sentiment d'angoisse et de désordre permanent.
Graph Zeppelin, comme à son habitude, nous gratifie aussi de superbes bonus en fin d'ouvrage avec des croquis, des exemples de story-board et/ou d'étapes de conception de la BD etc...
A la fermeture du pavé, on se demande finalement qui sont les plus fous : les récits, les auteurs qui les ont conçus, ou vous-même lecteur qui en êtes arrivé au bout.
Tout amateur de comics sanglant, dérangeant, pervers, psychopathe et autres, se doit de lire cette intégrale.
Par contre si la vue de sang ou les atmosphères effroyables ne sont pas votre tasse de thé, gardez-vous bien d'en parcourir les pages !
https://www.7bd.fr/2022/02/integrale-de-wonderland-de-raven.html
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