"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Qui n’a pas entendu parler de l’histoire du facteur Cheval, ce facteur, qui non content d’un travail laborieux et offrant peu d’espoir d’évolution, construisit à la fin du 19è siècle un monument totalement fantasque, un palais aux mille visages, et qui accueillit également son propre tombeau.
Ce fût l’œuvre de pratiquement toute une vie, en mémoire de sa fille Alice décédée très jeune, et à la gloire de la Beauté qu’elle représentait pour lui. Le tour de prouesse de Niels Tavernier dans ce livre biographique (et qui a également réalisé un film sur ce sujet) est d’avoir su dépeindre avec finesse à la fois la construction de l’œuvre mais aussi la vie (et la mort) qui frappa à plusieurs reprises l’entourage immédiat du facteur Cheval. Comme si cette construction pharaonique s’imposait à lui comme une forme de résilience, ou une façon d’exorciser la mort en se tuant à la tâche. Sans parler des heures passées pour ensuite la faire connaître au niveau national. Chaque face du Palais fait référence à une influence artistique totalement différente, preuve d’une érudition certaine et surprenante au regard du temps passé à l’école. Les rêves (aidés probablement de documentation) permettent également certaines réalisations surprenantes. Admiré de tous encore aujourd’hui et classé monument historique, il me semble que son œuvre est davantage connue que son auteur et encore moins que le contexte de sa réalisation.
Merci à Ferdinand Cheval de nous avoir démontré que du malheur peut naître avec opiniâtreté une œuvre fantasque et reconnue, sous réserve d’oser. Précurseur de l’architecture naïve, il a d’ailleurs inspiré de nombreux artistes. Merci également à Nils Tavernier pour ce texte, aussi détaillé que sensible et imagé, de nous avoir permis de mieux le connaître. Merci enfin et à la Bibliothèque Orange sans qui je ne me serais probablement pas tournée vers cette lecture.
https://accrochelivres.wordpress.com/2021/03/16/le-facteur-cheval-nils-tavernier/
L’histoire de Ferdinand Cheval dit « le facteur Cheval » qui aura passé plus de 30 ans à construire un palais imaginaire inspiré de toutes sortes de civilisations, croyances et cultures. La vie d’un homme sans aucune connaissance architecturale qui aura construit, seul, le palais idéal de ses rêves. Un homme souvent éprouvé par la perte de nombreux êtres chers, qui aura vu partir avant lui tous ses enfants et qui aura traversé un 19ème siècle riche en événements : la France qui déclare la guerre à la Prusse en 1870, l’exposition universelle de 1878, l’enseignement primaire rendu public et gratuit grâce à la loi Jules Ferry, Pasteur qui découvre le principe du vaccin, Rodin qui achève son « Penseur », le président Sadi Carnot assassiné, le « J’accuse » de Zola, le métro qui nait à Paris, l’âge d’or de la carte postale, la 1ère guerre mondiale,…
Le livre se poursuit sur le destin controversé du palais, le garder, le détruire ? Sa restauration compliquée pour certains endroits dont on n’a pas de traces d’origine puis comment est né le film cinématographique, le choix des acteurs et d’autres « frères » du facteur Cheval : l’abbé Fouré, Raymond Isidore dit Picassiette, Danielle Jacqui…
J’ai refermé le livre avec une grande envie d’aller voir ce fameux palais en vrai…
Nous voilà dans la Drôme pendant le 19ème siècle. Dans une France pré-révolutionnaire et révolutionnaire riche en changement, dans les campagnes le paysan, le petit ouvrier, ne voient pas vraiment d’amélioration à sa misère. Obligés qu’ils sont, d’exercer divers métiers pour survivre, la révolution ne leur a jamais réellement appartenu…
Nous voilà dans la Drôme pendant le 19ème siècle, et c’est dans cette France rurale encore superstitieuse, que né Ferdinand Cheval enfant de paysan et précurseur de l’architecture naïve.
Nous connaissons quasiment tous l’œuvre de Cheval, de visu ou sur photo. On sait aussi du sculpteur qu’il était facteur et qu’il a imaginé son château de longue année avant de passer à l’action. Mais au fond, qu’en savons-nous exactement ? Et qui peut prétendre apprécier l’œuvre sans connaître sa vie ? Les souffrances, les rêves, les envies de cet homme ? Car oui, une fois n’est pas coutume pour l’art contemporain, je vais penser pour le coup que ce château est intime lié à cet homme, à ce qu’il portait dans ses tripes, sa tête et son cœur. En effet, d’un terrain de jeu pour sa fille à une justification pour s’évader de la peine, d’une envie furieuse à réaliser un rêve à cette envie d’entreprendre, chaque parcelle de ce château répond au désire de cet homme. Et c’est cette histoire, cette tête, cette vie que l’auteur Nils Tavernier nous propose de découvrir.
Fruit d’une longue recherche et conclusion d’un travail minutieux, Nils Taverniers va donc nous faire découvrir la France d’alors (un peu), mais aussi et surtout la vie de cet homme qu’il n’a pas exposée dans la totalité de son film. Et mes amis quelle vie !
Comment vous dire que quand vous lirez ce livre, il est probable qu’une impression d’admiration devant la ténacité de cet homme naisse en vous très vite ? Car devant les malheurs de cet homme, mais qui n’a jamais cessé de croire et qui n’a pas chômé un instant, la force de ce simple facteur va vous éblouir. Et vous éblouir autant que son imagination à laquelle il ne refusait rien ; cosmopolite (merci de ne pas y voir un hymne à la mondialisation), sauvage, religieux, naturel, marin… tout se mélange, se fusionne, dans un bâtiment pour ne former qu’un.
L’admiration est une chose, la vision onirique de l’artiste aussi. Mais quid de la personnalité de ce dernier ? Là aussi l’auteur, ne l’a pas oublié.
Considéré comme un peu fou, même si finalement on apprécie les touristes qui affluent dans ce petit village, car c'est un peu comme Rodia aux EU de l'art spectacle, il est intéressant de voir que ce simple facteur, discret, et acceptant de supprimer certaines choses écrites dans la description de son Palais pour les articles nationaux, prenne de l’assurance au fur et à mesure que le temps passe, et arrive à s’imposer comme le seul artiste de sa gloire, que d’autres ont tenté de s’approprier. Mais n’allez pas croire pour autant qu’il prit la grosse tête, cet homme a su rester humble toute sa vie, comme toute les petites gens de l’époque.
Toutefois, si vous pensez ne lire que l’histoire d’un homme qui va évoluer et n’a jamais lâché prise, détrompez-vous. Car si Le Palais idéal et son créateur tiennent la plus grosse place dans ces pages, tout n’est pourtant pas que cela. En effet, il est aussi beaucoup question du bâtiment, que ça soit dans la description et sa construction - c’est même parfois là un peu long -, mais aussi dans son combat pour la reconnaissance au monument historique. Car en effet, si aujourd’hui l’œuvre de Cheval est qualifiée d’art brut, d’art naïf, d’aucuns à l’époque n’appelaient pas cela de l’art, et il aura fallu la ténacité de Malraux et que les surréalistes s’y intéressent et le revalorisent en même temps que Gaudi, pour que ce Palais idéal, ce château improbable, soit protégé du temps et de ses ravages. Avec toutefois quelques difficultés à ce niveau-là.
En résumé, ce fut un livre agréable à lire malgré quelques longueurs, et si vous voulez lire et prendre connaissance d’un homme qui marqua l’histoire de l’art mais qui jamais n’aura des centaines biographies sur sa personne, ce livre est franchement pas mal. Car il a l’air plutôt bien complet.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2018/12/21/36960026.html
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