"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je remercie Lecteurs.com ainsi que les "Editions Sarbacane " qui m'ont fait découvrir un premier roman graphique très intéressant.
« Ceux qui brûlent » est la première bande dessinée de cet auteur breton . Il nous livre ici un polar américain au découpage aéré qui le rend agréable à lire et immersif. Le dessin semi réaliste fortement encré à la palette restreinte aux couleurs grises, plutôt éteintes et orangées, gère parfaitement les clair- obscurs et les contre-jours et apporte fraicheur et nouveauté à cette bande dessinée . Le tout fonctionne parfaitement pour restituer l’ambiance glauque, sombre, poisseuse et la tension sous-jacente qui s’installe dès les premières vignettes ,en adéquation avec le caractère sordide de l’affaire qu’il faudra traiter.
Les personnages masculins sont le stéréotype même du mâle viril, bâti comme une armoire à glace, à la mâchoire carrée, sûr de lui et macho de la pire espèce. En opposition nous avons André Pouilloux, un échalas maladroit, bavard et peu sûr de lui, catalogué comme le flic le plus couillon de la ville, et enfin Alex Mills, petite bonne femme qui a vécu un traumatisme et qui, malgré ses propos, ne s’en remet pas. Elle n’a plus confiance en elle, est confuse, passe son temps à se dévaloriser et perd pied quand il faudrait agir. Malgré son grade d’inspectrice, l’équipe de machos du commissariat la considère comme une gamine faiblarde, ce qui la fait enrager.
L’histoire commence par ce qui est probablement une visite chez le psychologue de la police afin de savoir si Alex est apte au service après avoir été percutée par un scooter. Pour compléter le tableau, c’est aujourd’hui qu’elle commence avec son nouveau binôme, André Pouilloux. Encore un coup bas de son chef qui la fait travailler avec la risée du commissariat. Au débriefing il est question d’un cadavre entièrement brûlé à l’acide, retrouvé dans la benne à ordures d’une ruelle sordide. A-t-il été torturé ? A-t-il été brûlé à l’acide post-mortem ? Alex , perturbée par le bavardage sans aucun intérêt de Pouilloux, écope, avec son insupportable collègue de la mission de passer la poubelle au peigne fin, une humiliation de plus. Furieuse d’en être réduite à jouer les éboueurs tout en devant supporter la blagues oiseuses de Pouilloux, elle découvre un clochard bien installé quelques mètres plus loin. Peut-être a-t-il quelque chose à raconter ? Cette affaire est pour elle l’occasion de prouver enfin sa valeur et de faire ses preuves. Elle décide donc de ne rien lâcher et entraîne à sa suite un Pouilloux pas très chaud.
Dès le début de cette bande dessinée nous sommes plongés dans une ambiance urbaine moite et poisseuse à laquelle s’ajoutent des situations sombres et anxiogènes. L’affaire se dévoile progressivement et son côté sordide est contrebalancé par les bouffonneries de l’incorrigible Pouilloux.
Une bande dessinée qui se dévore d’une seule traite.
Nicolas Dehghani signe ici sa première Bandedessinée avec ce polar édité chez Sarbacane.
Cette enquête au scénario plutôt classique s'avère prenante et distrayante. On y retrouve tout les éléments qui font le succès du polar.
Entre le travail de terrains et la dur cohabitation au poste de police, nous suivons avec beaucoup d'attention ce duo en qui personne ne croit et qui devra d'abord résoudre ses propres maux pour ce libérer.
Malgre ses 192 l'auteur nous propose une lecture agréable dans laquelle temps fort et temps faibles alterne bien et propose un rythme fluide.
Graphiquement c'est à l'image de la couverture qui aura attiré l'œil de tout ceux qui l'auront vu passé. Une bichromie parfaitement maîtrisée pour une ambiance des plus sombre et angoissante allié à un coup de crayon très appréciable proposent un rendu très réussi.
En bref nous avons là un Thriller qui reprends les codes des classiques avec beaucoup de réussite.
Après un accident, la jeune flicque Alex se voit affecter comme binôme Pouilloux, la risée du commissariat. Elle l'impulsive et lui, le timide voire le couard si l'on en croit ses collègues. Dès leur premier briefing et alors qu'un corps a été retrouvé, brûlé à l'acide, ils se font remarquer et le commissaire les envoie fouiller les poubelles du quartier, histoire de s'en débarrasser.
Premier album pour Nicolas Dehghani qui signe dessins et scénario et il tape assez fort. L'histoire si elle n'est pas très originale a le mérite de mettre en scène deux personnages qui eux le sont, et qui forment un duo qui ne l'est pas moins, et elle se suit très agréablement sans temps mort. La mise en scène participe à ce rythme, changeant les tailles des cases et passant de certaines très cadrées à d'autres très libres, sans contours. Du bavard et du muet. Des couleurs sombres tirant sur le noir et le violet, le rouge et quelques touches de bleu (la chemise de Pouilloux). Le dessin est à la fois moderne et classique, des contours noirs, beaucoup de lignes droites dans les décors ; la couverture est très réussie et résume assez bien le contenu de cette grosse bande dessinée. L'on ne s'y ennuie jamais et la surprise d'un cadre, d'un dessin peut survenir en tournant une page.
Très bon album et très bel album au dos toilé. Pour un premier, Nicolas Dehghani met la barre très haut.
Nicolas Dehghani formé à l’école des Gobelins travaille depuis une dizaine d’années dans les clips et la publicité. En parallèle, il s’ouvre à l’illustration et collabore avec des magazines comme « Les Echos », « XXI » , « l’Obs » ou encore « le New Yorker » ou « Variety ». C’est ainsi qu’il est repéré il y a deux ans par Frédéric Lavabre fondateur et directeur éditorial des éditions Sarbacane qui lui offre l’opportunité de réaliser sa première bande dessinée : « Ceux qui brûlent ».
C’est un polar a priori classique. Une jeune inspectrice fluette Alex Mills en plein burn-out après un accident n’est guère considérée dans sa caserne de machos. On lui a collé comme partenaire le has been du commissariat : Pouilloux un grand échalas bedonnant et dégarni, la cinquantaine et de faux airs de Pinot simple flic. Ca fait bien rire ses collègues « ah ah vous allez cartonner tous les deux ! On dirait que t’as enfin trouvé l’homme de ta vie » et, elle, ça l’exaspère. Alors, quand à deux pas du commissariat on retrouve un corps mutilé et brûlé à l’acide dans une benne à ordure et qu’on envoie le duo sur les lieux pour s’en débarrasser, Alex, est bien décidée à transformer cela en opportunité pour prouver sa valeur quitte à flirter avec l’illégalité…
D’emblée, on trouve avec le patronyme de l’héroïne une référence au film « Seven » puisqu’elle le partage avec le personnage joué par Brad Pitt. Mais contrairement à l’œuvre de David Fisher qui mettait en scène une enquête complexe avec un assassin machiavélique et retors, ici l’intrigue policière n’est finalement qu’un prétexte : elle est un peu expédiée et sa résolution semble presque le fruit du hasard. On pourrait alors percevoir une nouvelle signification au titre choisi : « ceux qui brûlent » ce n’est peut-être ni les assassins qui manient l’acide, ni leurs victimes carbonisées mais le tandem des enquêteurs qui « brûle » de frustrations, d’interrogations, d’émotions.
La part belle est ainsi faite aux personnages. Ils vont tous les deux se révéler différents de ce qu’ils semblent être a priori : Alex la teigneuse est beaucoup plus fragile qu’elle ne veut l’admettre et Pouilloux « l’empoté » bien plus fin qu’il ne semble l’être et ses bavardages indigents plus sensés qu’on ne pourrait le croire … Cette évolution est fort bien amenée au long des 188 pages du récit à travers des dialogues et des monologues percutants, des jeux de regards impressionnants et de savoureuses références cinéphiles. Et puis bien sûr, comme dans « Seven », le décor joue lui aussi le rôle de personnage à part entière. L’action se déroule dans une grande ville jamais nommée mais qui semble être New York. Les différents lieux traversés dépourvus de fond ou se détachant sur une couleur « béton » sont rendus presque abstraits et baignent dans une même atmosphère poisseuse et glauque qui suinte la peur voire la folie. On n’y aperçoit jamais le ciel sauf à l’épilogue. La majorité des séquences se passe de nuit ou par temps de pluie et les gris dominent. Certaines cases et même une double page complète sont noires. L’encrage est très appuyé et cela permet de mettre vraiment en valeur contrejours et clair-obscurs. La palette de couleurs est volontairement réduite : du beige, de l’orange saumoné qui rappelle le feu et quelques touches de bleu pâle. L’auteur arrive à merveille à créer ambiances et tensions. Il manie l’ellipse et ne montre pas. Il choisit également de prendre son temps et propose un découpage très aéré avec de longues séquences aux angles de prise de vue variés dans un style semi réaliste très expressionniste et épuré.
Les éditions Sarbacane avaient , entre autres, permis de révéler Lucas Harari avec son premier album« L’Aimant » en 2017. Il semble qu’ elles aient trouvé un nouvel auteur en la personne de Nicolas Dheghani. Elles lui offrent la possibilité de déployer son talent dans ce polar épuré à la bichromie soignée, magnifiquement imprimé sur papier épais avec une belle reliure toilée qui ne pouvait être que noire … forcément ! On espère le voir bientôt de nouveau à ‘œuvre car son coup d’essai est plus que prometteur.
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