"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai reçu ce roman dans le cadre d’une opération masse critique. Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions l’Archipel pour cet envoi.
Le pitch : Franck Wagner est un journaliste à la retraite qui, depuis le décès de sa femme sillonne les routes de France dans son camping-car. Lors de l’un de ses périples, il croise une femme dont le visage lui évoque quelque chose. Cette femme s’appelle Jeanne Moreau. Son visage est connu car, il y a plusieurs années, elle a tué son mari violent. L’opinion publique s’est est mêlée et a pris son parti.
Cette histoire n’est évidemment pas sans rappeler celle de Jacqueline Sauvage. Franck Wagner qui était journaliste judiciaire et qui s’ennuie à la retraite, décide de reprendre l’enquête pour laquelle il persiste de nombreuses zones d’ombre et d’anomalies. Très vite, il lui apparait que Jeanne Moreau n’a pas été jugée de façon impartiale.
Alors, Jeanne Moreau a-t-elle été victime de violence conjugale ou est-elle une bonne comédienne ?
L’histoire se passe dans un petit village de la France profonde. L’auteur nous fait partager le quotidien de ces villages où le bar est le centre de tout, où l’école, l’hôpital menace de fermer. L’ambiance est parfaitement retranscrite, on s’y croirait. Elle est plutôt noire, déprimante. Le vocabulaire employé est plutôt années 80, campagne profonde et est parfait difficile à comprendre.
Les chapitres alternent entre le récit de Franck Wagner et celui de Jeanne Moreau. Les 20 ou 30 premières pages, j’ai eu du mal à me plonger dans le livre, ensuite c’est mieux mais la lecture n’est toujours pas très fluide. Certains passages se trainent en longueur.
L’histoire : Jeanne Moreau a abattu son mari maltraitant de trois balles dans le dos après une nouvelle violente dispute. Nous la retrouvons quelques années après sa sortie de prison, installée à Roche-les-Eaux où elle coule des jours paisibles dans l’anonymat de cette ville thermale.
Lors d’une fête elle provoque un incident qui aurait pu être anodin s’il n’avait impliqué Franck Wagner, journaliste à la retraite, qui croit l’avoir reconnue. Il va relancer l’enquête en se rapprochant des protagonistes de l’affaire, commissaires et journalistes de l’époque ainsi que le frère de Jeanne Moreau et va pointer toutes les incohérences du procès.
De courts chapitres nous plongent alternativement dans la nouvelle vie paisible de Jeanne Moreau qui par des flash-backs nous découvre son passé et dans la contre-enquête de Franck Wagner, donnant un rythme à ce roman écrit d’une plume légère er fluide, trempée dans un humour décapant qui réjouit le lecteur.
Quelques lignes semées de temps en temps nous font découvrir le fond de l’affaire criminelle, l’attente est bien entretenue par les confidences de l’accusée, distillées au goutte à goutte.
Un roman noir plein d’humour mais aussi une réflexion engagée à l’égard de l’influence des réseaux sociaux et des médias quant à la finalité des procès traitant de faits de société, ici la violence intra familiale.
Le premier mot qui me vient pour parler du dernier roman de Michel Embareck c’est truculent. L’auteur nous conte un fait divers régional qui a bouleversé toute la France. Avec le personnage de Jeanne Moreau pas l’actrice, non celui d’une vielle dame de 70 ans qui a fini de purger sa peine de prison pour le meurtre de son mari, amnistiée par le Président François Corèze, cela vous parle ? Pour ma part, je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec un fait divers ayant déchainé la chronique. On va suivre ainsi l’enquête officieuse de Franck Wagner, ancien journaliste et nouveau retraité qui va mettre son nez dans l’affaire et en sortir quelques vérités qui vont changer notre angle de vue. Tout cela en décidant de suivre la piste inexplorée de l’argent. Un roman noir, satirique ou le patois régional vient égayer notre lecture, ou les expressions du terroir pullulent et apporte une identité franchouillarde pas piqué des hannetons. C’est mon tout premier livre de l’auteur et pour moi c’est une belle découverte. Il a le verbe haut et la langue bien pendue pour dire les choses sans chichi. Il va soulever un thème d’actualité qui est celui des réseaux sociaux, de la justice et des journalistes et de leur pouvoir d’influence. De quoi jubiler par moment à la lecture de ce qui se passe dans les hautes sphères politiques, vu par l’œil averti et parfois irrévérencieux de l’auteur. Un style unique en son genre et c’est tout ce que j’aime, c’est cru et ça dépote. Pourtant cela n’empêche en rien la poésie et une certaine délicatesse. Mais ce que j’ai préféré pardessus tout, ce sont ses expressions tirées d’on ne sait d’où mais qui font mouche à chaque fois, elles sont à la fois étonnantes, parlantes et compréhensibles, enfin pas toutes mais, je m’accroche, je finirai bien par trouver le décodeur de cette plume avertie. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/04/07/38834350.html
Jeanne Moreau, 70 ans, coule des jours paisibles à Roche-les-Eaux, une bourgade aux confins du Poitou, de la Touraine et du Berry. Elle a pourtant un passé de repris de justice difficile à oublier : elle a tué de trois balles dans le dos son mari qui la maltraitait depuis des années. Le soutien des associations de violences faites aux femmes, ainsi que sa notoriété sur les réseaux sociaux lui valent une grâce présidentielle accordée le jour de la Saint-Innocent : Jeanne ne fera qu’une partie de la peine pour laquelle elle a été condamnée…
Franck Wagner, un journaliste désormais « retraité itinérant », s’adonne au « tourisme criminel » en sillonnant les routes françaises à bord d’un camping-car. Alors qu’il traverse Roche-Les-Eaux, il croise Jeanne Moreau et croit reconnaitre en elle une ancienne tête d’affiche des faits divers. Peu convaincu par son alibi, il décide de creuser l’affaire : la septuagénaire, surnommée « la Ravajou » est-elle bien la victime de maltraitance dépeinte par les médias ou joue t-elle depuis toutes ces années un double jeu rusé et juteux?
Ce roman noir propose une contre-enquête menée par un ex-journaliste particulièrement retors, qui ne va pas hésiter à remonter le temps en rencontrant les protagonistes de l’époque : avocat, frère de l’accusée, policier et journaliste ayant couvert le sujet… Persuadé d’avoir au bout de l’hameçon une affaire scandaleuse, Franck Wagner va tout mettre en œuvre pour explorer une piste jusque là ignorée : un héritage dissimulé…
Michel Embareck brille par son style argotique, parfois cru et direct pour retranscrire l’ambiance campagnarde : la gouaille rurale y est authentique. Cette écriture demande un temps d’adaptation, notamment pour comprendre les rouages de l’affaire et le passé de Jeanne, mais une fois adopté ce style s’avère amusant et plaisant. L’auteur fait référence à de nombreux faits divers (Jeanne se passionne pour les émissions du type « Faites entrer l’accusé » et ne passe pas une semaine sans lire le magasine » Le Détective »), la condamnation de Jeanne présente d’ailleurs des similitudes avec un fait divers survenu assez récemment dans notre pays, que l’auteur détourne cyniquement. Une façon bien à lui de dénoncer les travers de notre société : réseaux sociaux, justice et politique en prennent pour leur grade. Rien n’est « politiquement correct » dans ce roman et c’est ce qui fait tout son attrait! Une réussite à découvrir !
Je remercie NetGalley et les Editions de l’Archipel pour cette lecture.
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