"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'homme vit sur la rive nord de la Méditerranée. Les femmes, les sœurs, sa mère sur la rive Sud. Elles sont là, dans une atmosphère à la fois étouffante et solitaire, pendant que les hommes sont partis, en exil. L'homme pense à la rive sud, à sa mère qui lui manque, à qui il a promis une présence pour les derniers jours. Mais entre les deux rives, cette étendue d'eau, cette solitude et ce silence.
J'ai eu du mal à rentrer dans le livre. Le phrasé était comme haché, comme une litanie : "il a disparu un matin, elle ne sait pas où elle ne l'a pas revu, elle l'attend." J'ai eu du mal avec ce rythme, ces petites portions de phrases, ces nombreuses virgules entrecoupant des idées différentes dans une même phrase. Mais au fil de la lecture, ce rythme m'a emmené, non pas emporté, mais j'ai pris un rythme de lecture dans ma tête et je l'ai gardé. Ce que je dis est étrange, je lis les mots, l'histoire, mais le rythme change l'expérience de lecture à mon sens.
Cette histoire, sans quasiment un seul nom ou prénom prononcé, a été publié en 1993 alors que l'Algérie connaissait des troubles liés à des attentats. Une époque difficile où beaucoup ont choisi de traverser la mer et venir s'installer sur la rive nord de la Méditerranée, en France. Et il y a ces absences, ces silences qui alourdissent et éloignent. L'espérance aussi de revoir ses proches.
Ce livre est une histoire de femmes. Leïla Sebbar lui rend hommage, à celle qui patiente dans une maison qui tombe en ruine, celle qui attend son fils, patiente et capable de nourrir le temps de peu de choses. Celle qui enfante et qui accompagne, celles qui sont présentent pour la toilette funéraire, des rites de passage des plus anciens. Ces trois sœurs, très âgées, parcourant les villages et arrivant dès qu'il y a un mort pour procéder à ces rites.
Il y a du mystique dans la lecture. Cela est en partie dû à la forme d'écriture qui défie la construction de la phrase. Une litanie, une histoire de famille. Et comment ne pas penser à l'exil : sur une autre rive, fuir la rive où les conflits perdurent, chercher une vie meilleure, ailleurs. Mais rester attacher à ceux qui restent. Les souvenirs qui affluent et les sensations qui ne disparaissent pas.
En bref :
Une expérience littéraire qui emmène dans les secrets de famille et les rites de passage, où l'écriture nous emporte de page en page.
https://lecturedaydora.blogspot.com/2019/03/le-silence-des-rives-leila-sebbar.html
Une belle découverte ! De très jolies nouvelles sur un sujet délicat soutenues par une écriture percutante !
Nous découvrons la condition des femmes en Afrique du Nord à travers un grand nombre de cartes postales de la fin du XIXe et du début du XXe siècle d'une grande qualité: leur beauté, leur timidité, leur extravagance. Les femmes de l'Afrique du Nord ont fasciné les colonisateurs européens lesquels leur ont attribué des caractéristiques fantasmées. Un beau livre
Parler des Français d'Algérie, plus de 60 ans après. Exilés plus ou moins (plutôt moins que plus) volontaires, rejetés parce qu'assimilés aux plus bruyants d'entre eux, ayant perdu leur culture déracinée et cherchant désespérément à la conserver. Ce livre leur donne la parole et l'image d'eux qu'il construit mérite d'être consultée. Vingt-huit auteurs nés des années 1930 à 1961 racontent leurs souvenir d'enfance, reconstituent un univers presque complètement oublié.
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