Cinq romans du moment, qui décortiquent brillamment notre rapport au corps
J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération du site lecteurs.com
Je ne connaissais pas l'auteure, n'avais jamais vu le livre passer sur Instagram, Babelio ou sur les autres sites de lecteurs inconditionnels, j'ai donc lu la quatrième de couverture avec curiosité. Au vu du résumé je ne me serais pas arrêter de moi-même sur cette auto-fiction qui n'est pas du tout mon genre de prédilection, mais je me suis dis que c'était aussi l'occasion de sortir de ma zone de confort et de découvrir autre chose. Malheureusement ça ne l'a pas fait. Si je n'ai rien à redire (on ne peut qu'être désolé et compatissant) sur l'histoire triste voir sordide de Boulette qui méritait d'être racontée, j'ai eu beaucoup de mal avec le style. J'ai eu l'impression d'un décalage constant et dérangeant entre ce qui était raconté et comment c'était raconté. Le style se veut un mélange d'humour, de cynisme et de fulgurances linguistiques, auquel je pense on adhère ou non (bon c'est non pour moi). J'ai trouvé le tout lourd et n'ai pas réussi à apprécier ma lecture.
Le titre et la 4e de couverture m'ont fait directement pensé à la chanson de Diam's "La Boulette" (Génération Nan Nan). Vu la date de naissance de l'autrice (1982) impossible de ne pas y voir un lien. J'ai donc commencé ce livre en pensant à une ado en difficulté physique mais rebelle dénommée seulement par "Boulette" dans le livre (l'identité uniquement par le défaut), qui ne veut pas être étouffée et qui a des choses à crier. Ce n'est pas tout à fait ça.
Le contexte familial est très bien décrit avec une forme de violence et de rejet, le tout mis à distance par une écriture entre oralité, néologisme - 'les cheveux décolorié'.... - et cynisme : mère schizophrène non stabilisée ; décisions de l'ASE qui s'imposent à "Boulette" ; la famille d'accueil ravagée de fonds sous un verni social dont violences physiques graves sur un enfant autiste mais probablement aussi sur Boulette - violences sexuelles je pense sur cette dernière aussi ; l'assistante sociale qui essaie d'être là mais qui est dépassée par le système qui impose le maintien du lien parent-enfant à une fréquence soutenue et qui ne fait pas sens ; la boulimie comme seul moyen de se remplir pour être apaisée ; l'isolement social et amical ; la pédocriminalité à tous les étages, etc.
Ce n'est pas larmoyant du tout, même si derrière ce cynisme on sent une immense tristesse. Il y une petite revanche dans les dernières pages mais qui n'efface pas ce passé incrusté. La où les mots n'ont fait que détruire, celui que Boulette sort vraiment pour la 1ère fois vers 13-14 ans (?) et qui est entendu est un "non". A partir de là, elle va choisir elle-même pour elle-même, en soutien par l'appartenance à un groupe (amical notamment) pour tenter d'acquérir une identité qui pourrait, si nous n'en avons pas été privée, nous sembler une évidence. Par ce livre, elle revient aux mots pour nous dire tout son silence chargé de ce lourd passé qui la remplit (à la place de la nourriture notamment).
Un premier roman qui parle de la difficulté à apprivoiser son corps et à se libérer de celui de la mère.
Un roman librement inspiré de la vie de l’autrice.
Un texte à la fois drôle et amer qui parle d’une certaine classe sociale, de l’acceptation du corps par une petite fille, et de la folie d’une mère qui conduira à laisser l’éducation de Boulette à une « grosse dame ».
Une écriture franche et brute qui fait de ce roman d’apprentissage un texte peu ordinaire.
Le lecteur suivra le chemin de cette fille élevée en famille d’accueil, qui parle d’elle avec une certaine auto-dérision pour dédramatiser les situations.
C’est un très court roman qui reflète une certaine littérature française, moderne émergente.
Un roman complétement inattendu qui va bien au-delà des problèmes de boulimie d’une jeune fille, qui cache 1000 trésors derrière ses pages et qui mérite une seconde lecture pour ne pas passer à côté de subtils détails.
Une mauvaise fée s’est penchée sur son berceau : Boulette cumule les fardeaux. Celui de son corps, amas de graisse qu’elle alimente à grand renfort de junk food. Celui d’une mère envahie par les démons de la folie. C’est donc chez la Grosse Dame à qui elle est confiée que boulette tente de saisir les subtilités de la vie.
Dans une langue fleurie et imagée, Joëlle Varenne nous offre un roman d’apprentissage plein de verve et de trouvailles, qui confère au glauque des allures d’humour. Qui font avaler la pilule, sans manquer d’en tirer des leçons de vie. Harcèlement, tyrannie des regards, coups de sort, la vie de Boulette pourrait être un enfer mais une intelligence des sentiments la guide au milieu de ce marasme social.
Une jolie découverte que ce premier roman, qui prend le parti des laissés pour compte.
144 pages Grasset 7 février 2024
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