"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La nature a toujours inspiré Jean-Pierre Boulic, - on peut dire que c’est sa seconde nature – et il n’est donc pas étonnant que bruyères et myosotis, pins et oyats, dunes et collines, merles et passereaux, emplissent sa dernière parution.
Entre ciel et mer, l’horizon est vaste et inspirant pour le poète de la pointe du Finistère. Y passent des merles, hirondelles, moineaux, mésanges et rouges-gorges, car les oiseaux habitent toujours ses poèmes, humbles messagers d’une dimension mystique qui, parfois, nous dépasse.
« Ils passent vol espérant
le sacre de la lumière. »
Cette nature contemplée fourmille de vie, on la voit changer sous nos yeux selon la lumière, et suivant les saisons. Mais, au-delà de cette contemplation qui nous ravit et nous apaise, s’élève la dimension spirituelle et le mystère de la création.
« Il y a là posé
au cœur de la lumière
le secret sans mesure
d’un au-delà vivant d’amour »
Car, oui, l’amour emplit les pages de ce recueil, se glisse même entre les lignes. Ainsi, « aller en genèse » n’est pas un vain mot mais résonne plutôt comme une invitation à voir le divin dans la contemplation de la nature, « ces merveilles et prodiges / de signes en abondance. »
Le poète est un contemplatif qui cueille la lumière dans la genèse du poème à venir, poème de l’éphémère et de l’émerveillement.
« L’instant que tu vis
Comme un ensoleillement
Des mots à venir. »
La lumière est omniprésente, on la retrouve dans les « lueurs du petit jour », dans les « gouttes de lumière qui perlent du ciel » dans « l’ensoleillement de vivre ». Cette lumière mouvante se niche aussi dans la lithographie de l’artiste Jean Bazaine qui clôt ce recueil sur des teintes de bleus, d’ocre, de jaune et de bruns mêlés.
Et tout à sa gratitude envers la vie et l’infini du renouveau, le poète, avec humilité, termine ainsi :
« …ce tout infini
Sans rien posséder
T’accomplit d’amour. »
J’ai aimé mettre mes pas dans les pas du poète, écouter ce « chant de gratitude » et suivre son invite en tournant « le regard vers le vrai / l’intense le vivant. » et j’ai aimé cette émotion née de la lecture.
Ce recueil de poésie en prose nous entraîne dans un voyage intérieur sur les rivages de son océan intime :
« C’est un lieu à l’écart que l’on porte en soi et qui, sans apparat, grandit lentement en nécessité. »
Bien sûr on retrouve les thèmes chers au poète breton, à savoir la nature, la foi et cet amour inébranlable à la vie. Parfois pointe la mélancolie avec « des liserons de souvenirs ». Et la mort, toujours là qui se glisse sur les pages du poète qui « écrit au sang noir sous la photographie des morts et ses versets ciselés recueillent ceux qu’il a aimé. »
Sa plume sait se faire acerbe pour dénoncer ces sans -gênes ivres de pouvoir : « qui aiment se laisser caresser à l’ombre des lampions d’un monde qui a laissé éclater ses liens. »
Elle devient tendre lorsqu’il s’agit d’évoquer ces gens de peu, cette femme qui « soignait toutes ses floraisons, avait une attention pour chaque ramille » ou encore cet homme, passeur de mot, « amoureux fou des livres et la vie qui n’est que gratitude ». Il évoque aussi les vieilles gens dans ces hospices où « l’ennui s’empile, en tunique décolorée tâchée d’ombres, tassé sur fauteuil roulant. » et son empathie nous touche.
Dans « images » le poète revisite son passé, il s’adresse à l’enfant qu’il a été : « la guerre t’a vu naître. » et à l’adulte plein d’espérance : « Tu rêvais d’édifier une cathédrale poétique. » et ces textes sont émouvants.
Dans « Souffle », il parle du temps qui s’écoule le long d’un humble chemin : « Connaître ces longues heures qui ne mènent à rien. La vérité se creuse en petite humilité. Vivre. »
Dans le monde poétique de Jean-Pierre Boulic, tout est enchantement et, dans le dernier texte, lors d’un concert, il nous invite « au silence de l’émerveillement. »
Ce recueil est tissé de textes sincères et sobres, emplis de mélancolie et de joie, qui m’ont profondément émue. Une belle offrande.
Un livre des éditions L’Atelier des Noyers est toujours un bel objet qui donne autant à lire qu’à regarder et Sentiers n’échappe pas à la règle.
Dans ce recueil, le poète breton Jean-Pierre Boulic nous prend par la main pour nous entraîner à travers landes, forêts, dunes et bords de mer de son Pays d’Iroise. On se retrouve ainsi plongé dans cette nature marquée par le sceau des saisons et le flux des marées, où le vivant reste fragile.
Un instant d’hiver
Ciel couvert lente la mer
L’estran a bougé.
L’homme fragile le cœur à vif est bien vivant dans cette nature que célèbre le poème qui ouvre à l’intelligence des temps.
Anne Le Maître, avec son goût des brumes et des landes a illustré ce recueil de ses aquarelles où la douceur ne cède rien à la précision. Un dialogue intime se noue entre le poète et l’aquarelliste, créant une résonance tout en nuance entre illustrations et poèmes.
Et, dans le sillage de Jean-Pierre Boulic, on ne peut que rendre grâce à la beauté de cette nature encore préservée.
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