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Jacques Ibanès, musicien, chanteur, poète, est aussi un voyageur de l’imaginaire. Après « Hokusai s’est remis à dessiner le Mont Fuji » le voilà parti pour un nouveau voyage dans le sillage d’Hiroshige.
Mais qui donc était Hiroshige ? Un dessinateur et peintre japonais qui, comme Hokusai avec qui on le compare souvent, a été l’un des grands peintres de l’estampe de paysage.
Jacques Ibanès s’est emparé avec bonheur de deux séries de ces estampes pour nous faire revivre le périple de ces voyageurs du passé et découvrir la beauté des paysages traversés. Nous parcourons le Tokaido, chemin de la mer, puis le Kisokaito qui traverse les montagnes à l’intérieur d’une île car mer et montagne sont indissociables des paysages japonais dont le Mont Fuji est le seigneur.
« Ici comme partout ailleurs
Le mont-cratère Fuji repose en gloire
Et chacun le salue
(ici comme partout ailleurs)
Avec respect. »
Jacques Ibanès dessine avec les mots du poète chacune des stations peintes par Hiroshige et c’est soudain un paysage qui vit sous nos yeux émerveillés
« Peu à peu dévalent
les collines
comme les vagues de la mer
avec l’écume des pins
et la houle des peupliers. »
Les tableaux s’animent, on croise foultitude de monde qui s’affaire et se presse.
Parfois le poème se fait bref, proche du haikus
« Dans le bruit
Passent
les puissants.
Dans le silence
Demeure
Le haikus. »
Chaque étape prend son temps, au pas lent des chevaux et, pour nous, au rythme des vers. Car voyager à cette époque était une véritable aventure qui prenait des jours et des jours. Mais le poète nous exhorte à « adopter le pas de montagne et grignoter la pente », toute la sagesse du marcheur, car, dit-il, « tu finiras par arriver ».
Jacques Ibanès se glisse avec aisance dans ces estampes d’un autre siècle et on a l’impression qu’il recompose le paysage à travers le regard d’Hiroshige.
On croise des routes et d’autres vies, chacun tendu vers son propre but, tout est en constant mouvement, c’est là l’essence même du voyage que nous transmet avec sa sensibilité et sa curiosité le poète
« Nos vies se sont croisées
puis chacun a poursuivi
sa propre trajectoire »
Et nous, lecteur, d’attendre avec patience le prochain périple au Japon où le poète voyageur nous entrainera sur les pas d’un fils d’empereur : le « dit du Genji »
Dans un voyage immobile, Jacques Ibanès nous convie à découvrir la genèse du mont Fuji par Hokusai ce « vieux fou de dessin ».
On connait Hokusai pour ses célèbres estampes, les trente-six vues du mont Fuji, montagne mythique, mais c’est à l’âge de 74 ans qu’il se remet à dessiner le célèbre volcan, créant « Les cent vues du Mont Fuji. »
La verve poétique de Jacques Ibanès s’empare de la naissance de cette œuvre colossale et maîtrisée pour en décrire chaque moment avec la même sobriété, la même méticulosité que le peintre d’estampe et ainsi « exprimer l’essence des choses ».
Le Mont Fuji, volcan actif et point culminant du Japon, mais aussi symbole religieux, est vénéré par chaque japonais qui, tel « l’innombrable cohorte des voyageurs de l’âme », se doit d’en faire l’ascension une fois dans sa vie.
Pour le vieux peintre, c’était la passion d’une vie
« Hokusai aimait tellement le mont Fuji
Qu’il ressentait dans les fibres profondes
De son être les déflagrations sismiques
Qui l’avaient affecté bien avant sa naissance
Et l’avaient rendu tel qu’il apparaissait
A ses yeux. »
La montagne voit défiler tout un cortège de moines, pèlerins, fonctionnaires, chasseurs et geishas que le poète anime pour nous dans une fresque déroulante et agitée.
Le Fuji, « empereur des cimes » possède aussi son grain de malice lorsqu’il disparait dans les brouillards ou bien s’entoure de brumes comme d’une ceinture.
Selon les saisons, Fuji, « cœur battant du monde » se fait sombre et violent mais il peut se montrer joyeux et « Hokusai danse avec lui »
Le vieux peintre « se font dans le paysage » pour mieux l’approcher, il finit par se confondre avec la montagne vieille, modèle et complice d’une vie entière.
« Il a posé sa pipe et
Avant de se remettre au travail
Il s’étire comme un chat devant la fenêtre
En une longue imploration :
Une oraison au mont Fuji
Qui lui rend son salut »
Dans une géométrie en noir et blanc, les dessins aquarellés d’Anne-Marie Jaumaud viennent souligner, comme un reflet dans le lac Yamanaka , les révélations du poète.
Entrez dans ces estampes grâce à la magie de Jacques Ibanès et découvrez cet univers singulier si éloigné de nos paysages, vous en ressortirez apaisés.
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