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Hannah Gadsby est née en 1978 dans une petite ville isolée de Tasmanie. Humoriste, sa notoriété a acquis une dimension internationale en 2018, lorsque Netflix a diffusé son spectacle « Nanette ».
Ce livre retrace en quelque sorte la genèse du spectacle, indissociable du parcours de vie de Hannah Gadsby.
Un parcours semé d’embûches, dans une Tasmanie ouvertement homophobe (l’homosexualité n’y deviendra légale qu’en 1997). Même si Hannah ne comprendra qu’à l’adolescence qu’elle est elle-même lesbienne, ce contexte d’intolérance crasse la marque dès l’enfance. Une enfance qu’elle a considéré comme ordinaire, mais qui pourtant, avec le recul et son regard d’adulte, lui apparaît désormais loin d’être douce et bienveillante.
Cadette de 5 enfants, Hannah n’a jamais vraiment trouvé sa place, elle n’avait pas d’amis, ni l’école ni le sport ne l’épanouissaient, elle était maladroite et en surpoids, ce qui a fait d’elle la cible des moqueries. Mais personne n’a trouvé ça fondamentalement anormal, pas même elle-même.
Avec l’adolescence et la prise de conscience de son homosexualité, les vrais problèmes ont commencé, avec leur cortège de violences. Plus tard, Hannah quittera la Tasmanie pour l’Australie continentale et des études d’histoire de l’art. Pendant plusieurs années, sa vie sera chaotique, au bord d’un abîme de souffrances physiques et mentales. Le diagnostic tardif d’un trouble du spectre autistique lui permet d’enfin mieux appréhender ce qu’elle vit et a vécu en lui donnant une nouvelle grille de lecture de son comportement, et un nouveau point de départ pour se reconstruire, sans pour autant résoudre toutes ses difficultés et encore moins guérir ses blessures.
En 2006, elle gagne un concours de stand-up, qui lance sa carrière d’humoriste. Pendant plusieurs années, elle connaît le succès avec ses spectacles bourrés d’autodérision, mais en 2015, le débat violent sur la légalisation du mariage homosexuel en Australie l’ébranle profondément, au point de remettre en question l’essence même de son travail. Une réflexion qui aboutit à « Nanette », spectacle dans lequel elle renonce à l’autodérision (mais pas à l’humour) au profit de l’authenticité et de son droit à être enfin elle-même, bien qu’elle ne soit pas encore certaine de savoir qui elle est exactement.
Je n’avais jamais entendu parler de Hannah Gadsby avant de lire ce livre. L’auteure se tire le portrait (ainsi que celui de son époque et de son pays) sans complaisance, utilisant l’arme fatale de l’humour pour encore aiguiser les angles. Avec un certain détachement qui rend le texte encore plus poignant, elle nous raconte son parcours de vie difficile, ses fragilités, ses traumatismes, ses combats, sa tendresse pour sa famille, sa relation épique avec sa mère. Un peu long et parfois embrouillé, mais attachant, « Nanette en dix étapes » fait autant sourire qu’il brise le cœur, et suscite une empathie énorme envers son auteure. Ce récit m’a aussi donné envie de visionner « Nanette », qui est à l’avenant du livre : profondément sincère et émouvant.
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