Une très belle histoire que celle de Romain, jeune sous-lieutenant de 22 ans envoyé à la guerre en Algérie en mai 1959 et blessé pour être rapatrié dans la foulée en France. Cette blessure sera aussi l'occasion d'une connexion avec un soldat ennemi.
Les descriptions de l'Algérie et notamment de Bou Saada et du désert sont très belles "... juste de quoi vous donner la maladie du désert, puis la passion du désert et pour finir l'obsession du désert".
Le retour à Paris, à la vie civile est une partie riche avec les déambulations de Romain dans la capitale à la recherche d'un sens et surtout de l'inspiration pour écrire. Les événements tournent autour de lui comme par exemple ceux de mai 1968. L'enfance n'est jamais très loin également : "Mais il est toujours là, l'enfant, assis au bord du trottoir à vous lancer des pierres et des jurons, et c'est vous !"
Cette quête de sens à sa vie rend le personnage très attachant et finalement très proche du lecteur. Cette recherche d'une étincelle, d'un Godot qui n'existe pas, fait parfois que notre existence ressemble à un film qui défile sans pouvoir faire "pause" ni changer son cours. Une phrase m'a particulièrement touché par son réalisme : " ... quand il marchait dans la rue au milieu de la foule indifférente, sans croiser aucun regard, aucun sourire, il sentait le vide de son inutilité, de son insignifiance s'ouvrir sous ses pas, comme s'il n'existait plus".
Les lecteurs apprécieront également les nombreuses références littéraires et cette superbe flânerie dans le Paris de la seconde moitié du XXème siècle.
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