"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors que sort, dans la collection poche Suites des éditions Métailié, le précédent roman d’Evelio Rosero, intitulé Les armées, paraît simultanément en grand format le dernier ouvrage de l’auteur, paru en langue originale en 2012. Le carnaval des innocents (La carroza de Bolívar), récompensé par le Prix national colombien du livre, est un roman ambitieux, jouant avec les genres, et se révèle être d’une incroyable maîtrise dont le but avoué de l’auteur n’est pas de démystifier une figure nationale colombienne, mais bien de dresser un portrait à la fois objectif et vrai de Simón Bolívar.
Fin décembre 1966, la petite ville de Pasto, située dans le sud de la Colombie, non loin de la frontière avec l’Équateur, est en effervescence : la population s’apprête à célébrer le Carnaval des Noirs et Blancs, l’un des plus importants carnavals du pays et qui a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2009 – rien que ça ! – et dont la dernière journée, nommée le Jour des Blancs, est marquée par des jets de talc ou de mousse à raser sur la foule, suivi par un défilé de chars et de figures en papiers mâchés. Le roman s’ouvre alors sur la journée du 28 décembre 1966, la journée des Saints-Innocents, où la tradition donne lieu à un arrosage collectif de la population, en signe de purification et qui marque le début des festivités.
Le docteur Justo Pastor Proceso López, gynécologue apprécié pour son doigté par la gente féminine et surnommé par sa femme adultère « le docteur Bourricot », s’apprête à prendre part aux festivités, laissant temporairement son hobby de côté, hobby qui consiste à enquêter et à écrire une immense biographie sur Simón Bolívar, le « Libertador », véritable mythe dans l’Amérique latine ainsi que dans le monde, dont le projet politique notable fut la création d’une Grande Colombie, réunissant alors quatre pays, à savoir le Panamá, la Colombie, l’Équateur et le Venezuela.
Tandis que Primavera Pinzón, sa femme, se consacre à son loisir préféré consistant à tromper son époux, et si possible avec des hommes de haut rang, comme le général Aipe, le docteur Proceso accompagne son voisin, Arcángel de los Ríos, qui répond au doux sobriquet – qui ne reflète qu’une infinie partie de son comportement – de Don Furibard du Klaxon, rendre une visite aux artisans qui mettent un point final aux chars qui circuleront pour le carnaval. C’est ainsi que le docteur réalisera la troublante ressemblance de son voisin avec le fameux « Libertador ». Il décide alors de consacrer les derniers jours de préparatifs à la création d’un char qui révèlera aux yeux de tous le véritable visage de Simón Bolívar.
Pur roman picaresque, la principale force du Carnaval des innocents réside dans sa galerie de personnages, tous plus loufoque les uns que les autres et qui apparaissent avec théâtralité pour déclamer leur texte avant de disparaître de la scène : Evelio Rosero devient un metteur en scène et exploite la folie qui émane de chacun d’eux tout en s’interrogeant sur la relation qu’entretient chaque individu avec la société, d’autant plus celle d’une petite ville.
Le docteur Proceso est sûrement le personnage qui se fait le plus piétiner, le plus malmener dans le roman, tant il est aveuglé par son obsession pour Simón Bolívar, au point de trouver du jour au lendemain une ressemblance avec son voisin. Trompé, méprisé par son entourage et notamment par ses filles, il est tourné en dérision par ses amis, notamment lors d’un formidable passage où ces derniers viennent pour le convaincre d’abandonner la fabrication de son char, pressés de quitter son domicile puis s’installant confortablement dans les fauteuils lorsque Primavera fait son entrée.
Plus qu’un simple divertissement pour le lecteur, on sent qu’Evelio Rosero s’amuse lui-même, en jonglant avec les genres littéraires, passant du vaudeville au roman picaresque, avec un détour par le document historique, pour se terminer, comme toute bonne comédie, par le tragique en présentant au final un homme abandonné de tous et qui déambule dans un carnaval qui prend des allures orgiaques. Avec ses phrases longues et son style léger, Le carnaval des innocents est un excellent roman qui amène le lecteur à réfléchir sur ses obsessions mais aussi sur la représentation des mythes qui nous entourent.
https://unepauselitteraire.com/2016/02/09/le-carnaval-des-innocents-develio-rosero/
Roman passionnant qui permet d'en savoir plus sur la période d'indépendance latino-américaine, j'ai aimé découvrir la Colombie à travers les pages de ce roman de qualité. Qu'est-ce qui fait que les nations et le peuple ont besoin de héros national ? C'est une question intéressante à se poser. Une véritable tragédie où se mêle la grande histoire et la petite histoire. Lors de ce carnaval très important où riches et pauvres se retrouvent sur un pied d'égalité tout le monde n'est pas innocent.
Ce livre parle des impostures, du mensonge et comment ont crée des héros, il parle aussi de la famille où là aussi il y a tant de mensonges, de postures, d'arrangements avec la vérité. L'auteur se sert de tout cela avec brio pour nous conter l'histoire de Justo Pastor Proseco, qui est mal dans sa vie personnelle qui est un fiasco sa famille se fiche de lui, son mariage est une mascarade tout ceci agrémenté d'une bonne dose de cynisme et d'humour très noir . Un pur bonheur, il y a beaucoup d'ironie mais beaucoup de tragédie aussi et ça marche bien pour happer le lecteur et le tenir en haleine.
En tout cas, je pense que ce type de roman ne laissera personne indifférent c'est soit on aime vraiment soit on passe tout à fait à coté.
VERDICT
Tout les fans d'Amérique du Sud devraient adorer et d'histoire dans l'Histoire.
https://revezlivres.wordpress.com/2016/04/21/le-carnaval-des-innocents-evelio-rosero/
Un auteur que je ne connaissais pas, je continue mes découvertes dans la littérature Hispanique et j'aime plutôt bien jusque là. C'est ici un roman court qui commence légèrement, tout est beau et tout à coup tout bascule dans la violence. Et là j'ai eu du mal à suivre, tant de factions différentes. On suit Ismael qui a 70 ans et qui est le narrateur de l'histoire, il revient dans son ancien village et ne reconnait plus rien.
Ce qui est terrifiant c'est de se dire que la population colombienne de nos jours vit encore dans ces conditions et subit la violence de la guerilla. Il y a malgré tout dans ce chaos de l'espoir et le narrateur ajoute une touche d'humour nécessaire tant le reste est désespérant.
Un livre suffoquant, dur et qui fait tristement écho aux événements actuels. J'ai bien aimé mais je ne pense pas que je le relirai.
VERDICT
Devrait plaire aux lecteurs de drame et de roman où la violence a une grande part.
https://revezlivres.wordpress.com/2016/01/10/les-armees-rosero-evelio/
San José, bourgade colombienne tranquille où les jours s'écoulent mollement. Ismaël, instituteur à la retraite, comble le vide du temps immobile grimpé sur une échelle à cueillir des oranges, ce qui lui permet, surtout, d'épier sa voluptueuse voisine qui offre sa nudité au soleil et à ses regards.
Ce calme est mis à mal et à sac par l'intrusion de bandes armées qui se succèdent sans même que l'on puisse les distinguer : paramilitaires, trafiquants, guérilleros. Des habitants sont assassinés, d'autres enlevés. La confusion est totale. Elle l'est aussi dans la tête d'Ismaël, le narrateur, qui perd la mémoire et ses repères mais décide de rester au milieu du village en ruine pour attendre le retour de sa femme qui a disparu.
Pathétique, balbutiant, claudiquant, délirant mais aussi révolté, Ismaël se traîne d'une ruine à l'autre dans son Eden devenu un enfer ravagé par la violence aveugle et la brutalité corruptrice.
Un roman qui a reçu le Prix Tusquets à Guadalajara en 2006. Le jury était présidé par Alberto Manguel !
Vous hésitez encore ?
N.B. Evelio Rosero est né à Bogota en 1958. Il a reçu le Prix national de littérature du ministère de la culture de Colombie en 2006. Il est traduit en France pour la première fois.
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