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À la fin de la première guerre mondiale, le très jeune Ernst est encore un cadet de l’armée. Il ne pourra donc pas s’illustrer dans les tranchées. L’Allemagne vaincue est en proie à des troubles importants. L’auteur assiste à des exactions de la part de groupes révolutionnaires bolcheviques qui veulent déclencher une véritable guerre civile. Très vite, il s’engage dans l’armée qui a bien du mal à rétablir l’ordre dans le pays. Il se retrouve d’abord à Berlin, puis à Weimar et enfin du côté de Riga avec les Baltes pour faire face aux Lettons communistes et autres spartakistes qu’il faut débusquer à la mitrailleuse. Mais quand le gouvernement ordonne le cessez le feu et le retrait des troupes, il fait partie d’un groupe de soldats qui entre en rébellion et finit par se retrouver sous le feu croisé de l’armée régulière et des Rouges. 9 dixièmes des insurgés périssent dans un baroud d’honneur désespéré. Salomon réussit à ne pas se faire assassiner en cachant sa qualité d’officier, puis à s’enfuir de son lieu de rétention en troquant ses vêtements. Mais la lutte pour l’Allemagne ne fait que commencer. Avec quelques compagnons, ils cachent des armes, s’organisent en groupes d’auto-défense et tentent même d’aller récupérer la Haute Silésie attribuée à la Pologne !
« Les réprouvés » est un témoignage de première main sur une période fort troublée de l’histoire allemande. La guerre est finie et pourtant c’est très loin d’être la paix en Allemagne. Le traité de Versailles est considéré comme cruel et injuste. Les Français sont vus comme des occupants sales et peu respectueux des populations. Le territoire est amputé à l’est. Salomon va de tribulations en tribulations. Cet apprenti conspirateur plutôt naïf finit par ramasser cinq années de prison pour complicité dans l'assassinat de Walther Rathenau. La description des souffrances endurées lors de ses années de détention est assez hallucinante. À sa sortie, le livre s’achève avec l’apparition d’un certain Adolf Hitler. Le lecteur comprend mieux comment un pays humilié, ravagé par une guerre civile larvée et ruiné par une inflation démentielle (on compte par millions et par milliards de marks) a pu produire un tel personnage et une telle doctrine. Au total, un livre plus intéressant du point de vue document historique que littérature à proprement parler. Le style de Salomon assez peu léger amène une lecture un tantinet laborieuse, mais le propos mérite l’effort vu que la période pré-nazie est assez méconnue de ce côté du Rhin.
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