"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comment classer Les Modifiés ? Est-ce un thriller futuriste ou un bon polar, un brin violent, qui a basculé du côté de la science-fiction, aux frontières de notre réalité ? En tout cas, c'est une très bonne découverte, et un moment tellement bon, qu'il donne envie de découvrir d'autres textes de Aurélie ou/et Emmanuel Genet.
La structure du roman et les rouages du monde et sa société suite à la découverte du Berkélium sont assez précisément décris pour rendre toute cette histoire crédible ; elle pourrait représenter notre futur. Classes sociales chamboulées et réorganisées, nouvelles villes, Etats redéfinis ... avec l'originalité de voir pour la première fois, ou presque, l'Europe en première puissance.
L'enquête policière cherchant à trouver l'origine du déferlement de violence, et les cas qui pourraient être touchés, sort enfin de l'ordinaire pour deux raisons particulières : des crimes violents mis en scène (on parle ici de cannibalisme), et les suspects qui sont tous des Modifiés.
Dans un quartier riche théâtre de l'action, où beaucoup de membres sont Modifiés, la terreur s'intensifie et entraine la psychose ténue (elle aurait pu être d'avantage exploitée, voire développée). Tous les Modifiés deviennent potentiellement un danger, et pour savoir qui possède un risque de devenir un meurtrier sanguinaire, il faut revenir aux origines de la Modification... dans une enquête des plus dangereuses et mystérieuses pour nos deux héros : Gabriel Leloup et Sophia Reynardt.
J'ai aimé l'inspecteur Leloup parce qu'il était unique : blasé par toutes les réformes qui ont radicalement changé son métier et ses tâches, il rêve d'un jour retrouver l'ambition et la fouge, autant que la foi en sa vocation. Un personnage entier, qui sait faire face à ses regrets et changer son attitude et le cours total de sa vie, finalement, lorsqu'ils sent que c'est nécessaire.
Sophia est aussi un personnage adorable car complexe à sa manière : on s'imagine qu'elle sera facile à cerner, mais on voit vite qu'elle n'est pas comme on le croit : pas aussi forte, et pas aussi manipulable à la fois. Elle veut suivre ses choix, allant contre les ambitions de ses parents pour elle, afin de devenir professeur des écoles, un métier qui lui a toujours fait envie, essentiellement pour aider les enfants à apprendre, et les voir s'émerveiller lorsque vient la compréhension dans leurs "petites têtes blondes". On découvre vite sa personnalité propre et surprenante alors qu'on voit qu'elle a du mal à aller contre la société qui l'a bien formatée, durant toute son enfance...
Bref, pour terminer, vous l'aurez compris, j'ai aimé l'originalité de l'histoire et de son intrigue, mais je ne peux terminer sans rappeler un élément essentiel : l'ambiance du récit : autre que futuriste et mystérieuse, j'ai étonnamment retrouvé une douce langueur, presque une latence enivrante, dans le rythme du roman. J'avais déjà repéré cette particularité avec Avant que tout ne recommence, de Michel Nittis... Comme un grappin séducteur qui nous entraîne au tréfonds du récit, lentement, mais surement, avec douceur et suspens maîtrisés. Une belle particularité pour un bon moment, que je recommande, et qui ne laisse pas, malgré son peu de pages, un sentiment d'inachevé, loin delà...
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