"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Eve, une petite fille esclave, est recueillie par un médecin. Elle devient alors à la fois bonne, et fille de compagnie d'Eléonor, la fille du médecin qui a le même âge. On suit ainsi la vie des deux petites filles dans cette famille bourgeoise, leur évolution et même leur début de vie d'adulte. L'auteur se permet parfois un égarement et on a des instants de vie de la mère d'Eve, restée esclave, d'un inconnu emprisonné parce qu'il est noir ou de femmes assemblant des morceaux de tissu pour en faire des courtepointes. Une manière de s'exprimer... Et tout cela sur fond de guerre de sécession qui oblige les femmes à attendre leurs maris ou leurs fils, qui quand ils reviennent, ne sont plus tout à fait les mêmes. le roman m'a paru assez original dans le sens où les personnages principaux vivent mais jamais l'auteur ne se permet de nous parler de leurs sentiments profonds, de ce qu'ils ressentent. C'est à nous lecteurs de deviner et de se faire sa propre opinion. Une belle écriture, de belles images mais un roman parfois déroutant. Merci à Babelio et aux éditions escales grâce à qui j'ai découvert l'auteur.
Emily Dickinson ombre blanche cloîtrée volontaire entre les quatre murs de sa chambre pendant de très longues années a écrit des centaines de lettres et autant sinon plus de poèmes posés en quelques mots, quelques lignes, sur une multitude de petits bouts de papier de toute sorte.
A son décès le 15 mai 1886, à Amherst, dans le Massachusetts, elle a demandé que toute sa correspondance soit brûlée, ainsi que tous ses papiers. C’est ce qu’a accepté de faire Lavinia, sa sœur, pour les lettres, nombreuses, les journaux intimes, mais le geste s’est fort heureusement arrêté là.
Pourquoi et par quel heureux hasard a-t-elle décidé de ne pas obéir à cette sœur singulière à qui elle n’avait jamais rien refusé ? Impossible de le savoir, mais pour notre plus grand bonheur elle a fini par réunir tous ces bouts de papier, chaque phrase, chaque mot, chaque respiration, chaque soupir d’Emily pour qu’ils soient retranscrits dans des livres.
C’est cette aventure incroyable que nous conte Dominique Fortier dans ce roman.
Pourquoi je l’ai aimé ? D’abord parce qu’il n’est ni une autofiction, ni une captation par un auteur de l’actualité, de l’air du temps, des catastrophes quotidiennes ou des malheurs du monde dont nous entendons parler déjà chaque jour aux informations.
J‘ai aimé cette singularité, cette originalité et surtout rencontrer Emily Dickinson, sa sœur, son frère, mais aussi Mabel, la maîtresse de celui-ci, sa nièce Millicent, les femmes de son entourage qui ont su comprendre l’importance de son œuvre et la faire parvenir jusqu’à nous. Si les premières retranscriptions ont été peu respectueuses des écrits d’Emily, modifiés, corrigés, en particulier pour les majuscules ou les tirets placés en apparence au hasard, la sténographie première de la poétesse lui a été restituée par la suite, offrant ainsi aux lecteurs une œuvre magistrale et unique.
Un roman qui sort du lot en cette rentrée littéraire, à la fois intimiste, poétique, délicat et intelligent.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2023/03/07/les-ombres-blanches-dominique-fortier/
Après Les villes de papier, dans lequel Dominique Fortier imaginait la vie d'Emily Dickinson, elle s'intéresse dans Les ombres blanches aux "fantômes" qui écrivent et peuplent les livres.
Sans sa sœur Lavinia, son amie Susan et même sans Mabel, la maîtresse de son frère, l'œuvre d'Emily Dickinson ne serait jamais parvenue jusqu'à nous.
C'est l'histoire de ces femmes et leur rapport à la poétesse qui est au cœur de ce roman.
Alors que Lavinia et Susan souhaitent prolonger la présence d'Emily au travers de ses écrits, Mabel a un rapport plus égocentrique à ce livre auquel donner vie. Enfin Millicent, la fille de Mabel, ne connaîtra "Mademoiselle Emily" que de façon posthume mais non moins intense.
Texte lumineux, vivant et poétique, Les ombres blanches traite du deuil et de l'absence et touche au cœur.
A sa mort en mai 1886, Emily Dickinson laisse derrière elle des monceaux de papier. Lettres, écrits divers et surtout poèmes. Des dizaines de morceaux de papiers accumulés au fil des ans que sa sœur, Lavinia, va découvrir dans la chambre d’Emily. Les dernières volontés de celle-ci sont claires : elle a demandé que tous ses papiers personnels soient détruits. Mais Lavinia ne peut se résoudre à jeter au feu les centaines de papiers, notes, emballages, enveloppes sur lesquels Emily a jeté ses mots, formant autant de poèmes. Elle va même prendre la décision de les conserver et de les faire éditer. Avec l’aide de sa belle-sœur, Susan et surtout de la maîtresse de son frère, Mabel, les écrits d’Emily vont être classés, corrigés, regroupés pour les faire sortir de l’ombre.
Dominique Fortier reprend l’histoire là où elle l’avait laissé avec Les Villes de papier. A croire qu’on ne se débarrasse pas si facilement de l’envoutante Emily Dickinson. Elle raconte ici l’après Emily et interroge sur la naissance d’une œuvre. Car si Lavinia avait écouté sa sœur et respecté son souhait, jamais les poèmes d’Emily ne seraient parvenus jusqu’à nous. Si ces trois femmes ne s’étaient pas mobilisées pour faire émerger la voix d’Emily de ces centaines de papiers nous ne connaitrions rien de l’œuvre de la recluse d’Amherst.
Dominique Fortier rend ici un bel hommage à Lavinia, travailleuse de l’ombre, consciente du talent de sa sœur et de la valeur inestimable des écrits qu’elle laisse derrière elle. Peut-on lui en vouloir de ne pas avoir respecté les volontés d'Emily ? Clairement non. Que seraient devenus ces poèmes si Lavinia était partie avant sa sœur ? Est-ce qu’Austin, leur frère, aurait eu cette sensibilité et cette prescience qu’il y avait ici une matière admirable, vivante, qui exprimait miraculeusement la personnalité d’Emily ?
En parallèle, Dominique Fortier s’attache à nous décrire ces trois femmes réunies autour d’une mission commune. Lavinia donc, en sœur dévouée. Susan, la femme d’Austin et amie d’Emily qui souffre de l’infidélité de son mari mais aussi du deuil d’un enfant. Et Mabel, maîtresse d’Austin, habitée par les écrits d’Emily et qui permettra à ses poèmes de prendre forme.
C’est un véritable plaisir de retrouver la plume de Dominique Fortier qui sait si bien parler d’Emily Dickinson mais aussi d’amour, de deuil, de passions, de littérature, de filiation à travers le portrait de ces trois femmes qui ont côtoyé Emily Dickinson et grâce auxquelles elle a aujourd’hui toute sa place dans l’univers littéraire.
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