"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Merveille ❤
Je n'oublierai jamais Rousse, je n'oublierai jamais l'écriture de Denis Infante.
L'odyssée de Rousse, intrépide renarde, est une fable inoubliable qui porte en elle les ingrédients d'un classique: intemporalité et universalité.
Sur une terre où les hommes ont disparu et où la sécheresse met en danger les animaux, Rousse décide un jour de quitter seule son territoire à la recherche d'eau claire et d'air frais. Hardie, vaillante, déterminée, la jeune renarde part découvrir le monde, ses paysages et les beaux habitants de la terre: Brune l'ourse, Noireciel, le vieux corbeau sage, Coeurfier le valeureux sanglier.
L'histoire que nous raconte Denis Infante ne serait rien sans la langue qu'il invente. Envolés les articles ! C'est un pur miracle (ou pour le moins une idée de génie). Une écriture sensitive, primitive, archaïque, poétique, organique. Cette singularité n'est pas une difficulté de lecture, c'est au contraire une façon de revenir à l'essentiel, à l'essence des choses, un moyen d'être au plus près de Rousse, de ressentir pleinement, de respirer à pleins poumons, d'être plus attentif aux odeurs, aux bruits.
Mais que c'est beau !
Denis Infante écrit avec une langue à hauteur d'animal, dépouillant le texte des articles définis. Il nous imprègne de cette langue nouvelle et nous emmène dans un récit qui emprunte au conte médiéval. Un roman que l'on a envie de lire à voix haute pour sa poésie et la beauté de son texte. Et il ne s'agit pas là d'anthropomorphisme : ce ne sont pas des caractéristiques d'humain qui sont données à Rousse, la renarde, mais c'est Rousse qui donne ses caractéristiques au texte.
Une histoire composée uniquement d’animaux, ce sont les seuls personnages, il n’y a plus d’humains. Ou sont-ils ? C’est la question que je me suis posée tout le long de ce court roman mais dense.
Malgré les qualités indéniables de l’auteur qui a réinventé une langue en supprimant tous les articles aux mots, en sublimant certains noms, créant un univers à part, fait d’imaginaire et de réalité animalière, j’ai moins aimé le côté linéaire de l’histoire.
Une renarde fuit sa terre aride, en manque d’eau, son bois de chet et ses habitudes. Elle chemine, elle rencontre des obstacles (un danger puis une amitié avec un autre animal) qui crée une rupture dans l’histoire puis, de nouveau, elle continue sa quête, etc.
C’est assez répétitif et je me suis vite lassée, sachant ou l’auteur voulait en venir et, même si Rousse a su me toucher par sa ténacité, sa fougue.
C’est un très beau conte écologique mais j’aurais aimé y voir franchement ce côté plus engagé. Et je préfère les romans plus réalistes.
Dans le bois de Chet, la vie est devenue difficile à cause de la sécheresse. Chacun essaie de survivre tant bien que mal et l’ordre du monde est chamboulé.
« Déjà il y avait eu des échauffourées autour des points d’eau et des morts. »
Rousse, une jeune renarde à l’esprit aventureux, décide de quitter sa forêt natale pour migrer vers des cieux plus cléments et explorer le monde.
Commence alors un voyage de tous les dangers. Ce qu’elle découvre est terrible, parfois apocalyptique. Elle doit traverser un bois aux arbres tordus, franchir des terres brûlées, longer un fleuve empoisonné. Et, au milieu de cette désolation guettent des prédateurs féroces aux noms étranges. Heureusement la jeune et courageuse renarde pourra compter sur l’amitié, le courage et la connaissance d’animaux de rencontre.
On devine plutôt qu’on n’apprend la disparition de l’homme qui, partout a laissé des traces. Rien n’est clairement nommé et reste comme « d’incompréhensibles étrangetés » pour la renarde.
« C’était long ruban terne, s’enfonçant jusqu’au lointain, échappant à vue perçante de renarde. C’était comme lit de rivière aux eaux grises. »
Dans cette dystopie proche de la nature, on découvre l’adaptation des animaux à un changement de climat parmi ces plaines, fleuves, marécages, savanes et collines d’où l’homme est absent. On assiste à la résilience d’une nature saccagée et cela fait froid dans le dos.
Le péril est grand mais l’amitié, la solidarité entre animaux permet la survie de Rousse. Sans cette aide, la jeune et audacieuse renarde n’aurait pu poursuivre son périple.
A travers les animaux, c’est une belle leçon de vie, un récit d’apprentissage qui voit la jeune renarde devenir peu à peu plus expérimentée et sage.
L’écriture, d’une grande poésie, a aboli tout article, formant comme une autre langue plus instinctive comme celle du monde animal. C’est, au premier abord, assez surprenant pour finir par donner un rythme au voyage de Rousse. Le lecteur est au plus près du ressenti de la renarde et cela donne une poésie sensuelle.
« Je regarde autour de moi, j’écoute. Peuple des arbres, grands arbres, puissantes créatures, hautes ramures, denses feuillages. Bruissement du vent comme invisible troupeau traversant forêt, voix d’oiseaux saluant nouveau jour. »
Un court roman à l’écriture évocatrice qui m’a enchantée.
Ce premier roman de Denis Infante est un conte poétique et initiatique, dont le protagoniste est une renarde, Rousse. Elle vit dans un monde où les hommes ne sont plus et où les animaux tentent de survivre à une sècheresse inexpliquée.
La jeune et vaillante Rousse cherche à comprendre l’origine de ce mal et quitte son bois de Chet pour découvrir le monde. Sur son chemin, elle découvre une terre desséchée, empoisonnée, mais aussi le grand fleuve source de vie qu’elle rêve de traverser. Tout au long de ce périple qui dure de nombreuses lunes, elle rencontre des animaux attachants, qui la feront grandir et devenir sage. La tentation sera grande de se fixer, au fil des amitiés, mais l’appel du voyage résonne trop fort en elle. L’essentiel n’est finalement pas la destination, mais le chemin parcouru.
Denis Infante a inventé pour ce conte un langage onirique, sans déterminant, épuré pour toucher à l’essentiel et être en totale connexion avec la nature.
« Rousse comprenait que ce n'était pas recherche de hautes et blanches cimes qu'elle avait entreprise, ni quête de douces et vertes contrées (…) Ce que Rousse avait entrepris, c'était exploration du monde. »
Les réflexions philosophiques, féministes et écologiques de cette fable sont profondes et toutes en émotions. Un grand coup de coeur pour ce livre très original.
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