"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout d'abord, j'ai adoré cette couverture, inspirée d'une toile de 1565, où on a remplacé la tête d'un homme par celle d'un chien, pour illustrer le roman. Il n'en fallait pas plus pour que je m'intéresse à ce livre.
Cette histoire commence d'une façon étonnante. Elle nous est racontée par un chien. Oui, le narrateur est un chien. Et j'avoue que je me suis laissé emporter par ses mots dans ce récit plein de mystère.
Il nous raconte sa vie de chien de cour, nous parle de son maître adoré, évoque son immortalité, ses rencontres avec des humains et d'autres chiens dont Sporco le chien abandonné, la quête de son maître disparu, puis tout doucement on va découvrir ce qui est arrivé ainsi que la raison de son immortalité.
Demain, est-ce le nom du chien comme écrit sur la couverture ? Ça n'est pour ainsi dire jamais mentionné au cours du roman. Donc, ce chien a toujours en tête Vilder, cet homme inquiétant qui avait rendu visite à son maître de nombreuses années plus tôt à Londres puis à Amsterdam, en qui il sentait une menace diffuse, un danger immense. Un homme malfaisant, redoutable et vénéneux à éviter, qui leur jure qu'il les retrouvera et qu'il jouera à Dieu avec eux.
C'est une belle histoire de fidélité, de servilité canine. le chien attend son maître durant cent vingt-sept années, là où celui-ci lui a dit de l'attendre, à Venise près d'une porte de la basilique Santa Maria, avec espoir et tristesse et surtout le refus de se laisser adopter totalement par quelqu'un d'autre. On prend terriblement conscience de la brièveté et presque l'absurdité de la vie à travers l'énumération des humains qui ont traversé l'existence de ce chien.
C'est aussi un périple à travers l'Europe du XVIIème au XIXème siècle, un voyage grandiose et instructif dans l'espace et le temps, car le chien qui en a assez d'attendre, part à la recherche de son maître à travers les contrées où il pense pouvoir le retrouver.
Pendant le premier quart du roman j'ai trouvé le temps long car il ne se passe pas grand-chose. Et puis passé ce premier quart, l'histoire devient vraiment captivante.
Le fait que l'histoire soit racontée par un chien donne une approche assez ironique de la vanité de l'être humain. Il se demande pourquoi on parade, on se pavane alors qu'un jour on finira dans une boîte enfouie sous la terre.
La guerre est omniprésente, partout en Europe. C'est effroyable de se rendre compte à quel point l'humain est belliqueux. Car il n'y a pas un siècle sans qu'il y ait des guerres ici ou là. Mais comme le maître du chien est médecin, chercheur, alchimiste et qu'il veut faire le bien de l'humanité, celui-ci le cherche essentiellement sur les champs de bataille où il espère le trouver en train de soigner des soldats. D'ailleurs les allers-retours permanents dans le temps au gré des chapitres accentuent cette impression de combats permanents.
Cette belle histoire est une ode à l'amour, à l'amitié, à la loyauté, à la fidélité. Et ce petit Sporco, chien des rues, dont le credo absolu est la meute, je l'ai trouvé particulièrement adorable.
Il était une fois Valentyne, un vieux savant alchimiste, médecin, astronome à ses heures, vivant en bord de mer, au Danemark. De nature solitaire, il n’a pour toute compagnie qu'un chien, un fidèle compagnon qui le suit partout, surnommé « mon champion ».
L'alchimiste, en grand humaniste, passionné des arts et des sciences, est un homme honnête et bienveillant. Et pourtant, cet homme bon et son compagnon à quatre pattes, cachent un lourd, très lourd secret.
Grand voyageur devant l’éternel, l'alchimiste et son chien traversent les années et les frontières, de cours d’Europe en champs de bataille, en pensant toujours à demain, sans oublier de regarder derrière eux, avec l’inquiétude, de se retrouver face à son ancien associé, Vilder, armé de mauvaises intentions, prêt à tout pour le retrouver, coûte que coûte.
Jusqu’à la basilique Santa Maria de Venise où… le champion perd son maître qui s’est volatilisé. Commence alors une longue, très longue attente de près de 130 ans, sur les marches de l’église où Valentyne lui avait donné rendez-vous s’ils se perdaient de vue.
Jusqu’à ce jour où sur l’escalier, un vieil homme se retourne…
Je n’ai pas apprécié « Demain », je l’ai adoré : un véritable coup de cœur pour cette œuvre qu’il est difficile de classer et de rendre justice en quelques mots : un peu fiction, un peu thriller, un peu psychologique, ce texte est tout simplement magnifique, captivant et addictif…je l’ai lu d’une traite.
C’est une intrigue originale, racontant un amour indéfectible entre un animal et son maître où l’on peut se demander qui est l’homme et qui est le chien…des personnages attachants, un style remarquable et un suspense prégnant qui ne vous lâche plus.
Damian Dibben met en scène trois protagonistes – un vieil homme « Valentyne », alchimiste, savant un peu fou et curieux de tout ; son chien « Demain », tient le titre du livre ! qui voit, parle et réfléchit en humain ; son « associé » Vilder, drogué, alcoolique – que l’on suit en alternance au fil des chapitres et des siècles. Car, enthousiasmé par l'avènement des sciences de son époque, Valentyne aurait-il trouvé le moyen d'assister aux grandes découvertes de son siècle et des suivants ?
Laissez-vous envoûter par ce livre magistral, original et addictif, porté par une écriture fluide, sensible, tout à la fois puissante et envoûtante. Des lignes portées par un amour exceptionnel.
« Demain » est un petit bijou. J'ai été complètement happée par l'univers de Damian Dibben. J'ai voyagé dans les époques, dans les plus grandes cours d’Europe, sur les champs des plus grandes batailles, j'ai été éblouie par les couleurs, par les odeurs… j’ai été chavirée d’émotions. C'est un roman dans lequel on plonge pour un voyage hors normes…
Si vous apprécié l’univers de Carlos Ruis Zafon et sa quadrilogie du « Cimetière des livres oubliés », alors vous savourerez « Demain » par la finesse de sa construction et la justesse de son ton.
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