"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nouvelle et très bonne enquête de Rocco Schiavone, je me régale de cet humour noir, de cette émotion particulière et de ce style de polar.
Ce vice préfet de police a vraiment une échelle personnelle des emmerdements bien spéciale ... par exemple au 6e niveau il y a les enfants qui crient au restaurant et au 10e niveau il y a un homicide à résoudre !
J'ai vraiment bien accrochée à cette première enquête menée tambour battant par ce sous-préfet Italien macho et brut de décoffrage.
Je ne connaissais pas cet auteur mais je me rattraperai en lisant les autres enquêtes avec grand plaisir !
Coup double.
Après un premier coup de cœur l'an passé avec Piste noire, Antonio Manzini récidive avec ce Froid comme la mort, deuxième enquête du commissaire, pardon : du sous-préfet Rocco Schiavone.
Et c'est avec graaaand plaisir que l'on retrouve cet italien bougon et sympa, toujours chaussé de ses Clarks trempées, aussi peu adaptées que lui (qui vient de Rome) au rude climat de la vallée d'Aoste.
Des chaussures qui seront bientôt aussi célèbres que la pipe de Maigret ou les moustaches d'Hercule Poirot.
[...] Vous devriez vous acheter une paire de bonnes chaussures, pour quand il neige. Rocco regarda la femme.
— Vous savez quoi ? Ce n’est pas la première fois qu’on me donne ce conseil.
Cette fois, on en apprendra un peu plus sur le passé de Rocco Schiavone et notamment sur la mystérieuse affaire romaine qui lui a valu de se retrouver exilé dans ces vallées de montagne qu'il exècre, comme une sorte de Hasbrouck italien.
Comme il se doit, l'affaire commence avec la découverte d'un cadavre, celui d'Ester, une femme pendue chez elle et que 'on' aurait peut-être bien aidée à se pendre.
[...] Il régnait l’odeur habituelle d’œuf pourri mélangé à du désinfectant et à de la vieille urine. Au loin un robinet gouttait, scandant le temps, unité de mesure qui ne concernait que Rocco, Italo et le docteur Fumagalli. Pour les autres, glissés dans des tiroirs de la morgue comme des vêtements hors saison, le temps n’avait plus aucun sens ni aucune valeur. Sur la table centrale, le corps d’Ester Baudo était couvert.
On ne vous en dit pas plus sur l'enquête : il faudra se montrer patient et obstiné, à l'image du sous-préfet Schiavone qui, une fois de plus, en dépit de ses supérieurs et de ses subordonnés, réussira à dénouer les fils de l'intrigue ... dans un cimetière en présence d'un curé (décidément ! rappelons que l'enquête précédente se terminait également avec un curé mais dans une église ! c'est l'Italie sans doute).
À moins qu'un retournement de dernière minute ne vienne encore tout chambouler ?
Disons juste qu'il sera question de violences faites aux femmes.
[...] Je n’accoucherai jamais. Parce que ce sera une fille. Et elle ne le mérite pas. Sa mère suffit.
[...] Il n’existe pas de crime parfait. Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils ont été commis. Ça suffit. Au mieux il existe des coupables très chanceux.
Comme dans tout bon polar, l'enquête policière n'est là que comme un référentiel de codes auxquels se conforment les personnages et le roman.
On n'est pas venus jusque dans la vallée d'Aoste pour trembler sous le couteau d'un serial-killer mais juste pour le plaisir de fréquenter cet infréquentable Rocco Schiavone, veuf toujours inconsolable.
Et pour apprécier la prose humaniste et l'humour finaud de Manzini qui nous donnera quelques très belles pages sur les femmes.
[...] On sait qu’il va arriver, et ces minutes d’attente sont les plus belles. On est couvert mais on sent dans ses os que tout va changer. Que le printemps arrive. Ensuite on se tourne et on s’aperçoit que les femmes l’ont déjà perçu. Le printemps. Elles le savent bien avant nous. Un beau jour on se réveille, on sort de chez soi et on les voit. Partout. On chope un torticolis, à force de les regarder. On ne comprend pas où elles étaient, avant. Elles sont comme les papillons. Elles sortent de leur léthargie et explosent d’un coup, à nous faire tourner la tête. Au printemps tous les schémas sautent. Il n’y a plus de maigres, de grosses, de sensuelles ni de belles. À Rome, au printemps, il faut juste observer le spectacle en silence. Profiter. On s’assoit sur un banc et on les regarde passer en remerciant Dieu de nous avoir faits hommes. Tu sais pourquoi ? Parce que, nous, on n’arrivera jamais à ce niveau de beauté, et en vieillissant on n’a plus rien à perdre. Mais elles si.
Si vous ne connaissez pas encore le sous-préfet Rocco Schiavone, précipitez-vous sur ces deux savoureux épisodes préparés par le dottore Antonio Manzini.
Pour celles et ceux qui aiment les femmes, italiennes ou pas, jeunes ou pas.
J’avais découvert Antonio Manzini avec sa série autour du sous-préfet Rocco Schiavone. Dans ces polars somme toute classiques, l’humour du héros servait de piment pour rehausser le plaisir de lecture. Dans ce nouveau roman, qui est en fait le premier écrit par l’auteur, il n’est pas question d’enquête policière à proprement dite. Cette fois-ci, on est plus dans une histoire de gangsters.
Dans ce type d’aventure, on peut dire que l’esprit malicieux de l’auteur fait merveille. Pour raconter les pérégrinations de ces protagonistes, son écriture et son second degré sont parfaitement adaptés. Les personnages sont un tel ramassis de bras cassés que l’auteur prend un véritable plaisir à les tourner en dérision. Et ça se ressent à la lecture !
Les péripéties se succèdent tambour battant. Les décisions toujours irréfléchies des acteurs les entraînent dans des situations de plus en plus complexes et rocambolesques. Ils semblent tous pris dans l’entonnoir duquel il ne peut sortir que des catastrophes. En tant qu’observateur, on se délecte de les voir foncer, avec conviction, droit dans le mur. On assiste à la mise en action des instincts les plus bas en compagnie de ces écervelés. En découlent des scènes aussi exubérantes que les personnages sont cintrés, c’est à la fois divertissant et particulièrement drôle.
Antonio Manzini réussit une aventure détonante. Sans prétentions et avec pour seul objectif de nous divertir, l’auteur nous dévoile une nouvelle facette de son écriture. Cela peut ouvrir d’autres perspectives pour ces futures productions. J’ai trouvé ce livre assez jouissif et j’ai l’impression qu’il s’est autant amusé à l’écrire que je me suis amusé à le lire. A la manière d’un Tarantino, il nous livre une histoire de bandit déjantée où tout est possible, surtout le pire. Je vous le conseille donc si vous voulez décompresser, sans prise de tête.
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