"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'étais très curieuse de découvrir ce texte, sur une reconversion surprenante.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé non plus.
Je n'ai pas été réellement embarquée. J'ai l'impression d'être restée à quai, ou en dehors du champ.
Cela dit, j'ai apprécié de découvrir des anecdotes de sa vie de navigateur, de connaître les causes de son choix de vie, et de lire sa nouvelle vie de producteur de fraises, avec ses joies et ses aléas.
Vous pouvez embarquer à bord du bateau fraise, mais ne vous attendez pas à vivre une aventure pleine de suspens et rebondissements, mais plutôt à lire des tranches de vie, comme si vous aviez rencontré Alain Labbé, et qu'il vous racontait son quotidien au café du coin.
Après avoir parcouru les océans pendant des années, Alain Labbé a jeté l’ancre. Son nouvel horizon est fait de bâches, de buttes de terre et du brouhaha des marchés. L’errance, il la réserve à sa vie de couple, aussi mouvante qu’en mer moutonneuse. Après une courte formation qui tourne autour la culture des artichauts ou des choux, c’est avec la fraise qu’il entamera sa carrière d’agriculteur. Sans aides financières : il est trop vieux !
Si le fruit rouge parfumé qui annonce les beaux jours arrive assez tard sur le marché pour y rester quelques semaines, il représente en coulisse une année complète de travail ingrat. A peine un court répit en décembre. Et tout au long de l’année, l’angoisse des intempéries, des aléas de la météo et de la pénurie de main d’oeuvre !
C’est tout cela que nous conte Alain Labbé, mêlant habilement le lexique de la voile au discours terrien. Loin d’être pleurnichard, le discours n’est cependant pas angélique. Mais tout passe quand l’humour donne le recul nécessaire pour ne pas sombrer.
On y retourne l’ambiance de la Bretagne terrienne, qui survit comme elle peut.
Le travail est ingrat, mais les rencontres peuvent aussi illuminer un quotidien rude.
Ce témoignage d’un parcours atypique (mais les parcours typiques ne sont ils pas en passe de devenir atypiques ?) est intéressant car bien écrit et instructif.
256 pages libretto 1er juin 2023
#Lebateaufraise #NetGalleyFrance
Comment passe t'on de skipper au tour du monde, à exploitant de fraises à Plougastel ?
Réponse dans ce roman, ou plus exactement dans ce récit, sur sa vie.
Alain Labbé, se débat avec ses récoltes, ses employés, les marchés, une mine d'anecdotes, vous ne verrez plus jamais une fraise de la même façon.
J'ai même l'impression, qu'il est plus périlleux de cultiver ces délicieux fruits, que d'essuyer les tempêtes du Cap Horn
A savourer !!
Quelle reconversion originale pour cet homme qui après avoir embarqué avec les plus grands comme Éric Tabarly ou Olivier de Kersauson décide après douze ans de navigation et deux tours du monde de se lancer dans la production de fraises, à Plougastel.
Incroyable, mais vrai !
"On cassait beaucoup, beaucoup trop... Et j'en ai eu ma claque de passer ma vie en chantiers interminables. Je débarquais donc du grand catamaran". Alain Labbé avait depuis longtemps déjà un projet d'écriture et décide donc de partir en Dordogne chez son ami Jean-Claude et c'est là-bas après quelques aventures singulières qu'il va faire connaissance avec Anne-Marie et l'épouser, elle restant en Dordogne avec son fils et lui trouvant du travail à Brest dans un chantier naval. Lorsqu'elle sera enceinte, la décision de vivre tous en Bretagne s'impose, mais voilà que le travail cesse et notre homme se retrouve au chômage. Et c'est là que sa décision de devenir producteur de fraises va prendre corps.
Si j'ai un peu peiné au départ à rentrer dans ce récit, cela n'a pas duré. En effet, difficile de résister à la gouaille d’Alain Labbé lorsqu'il nous conte son aventure, cette aventure terrestre qui n'a rien à envier à son aventure maritime. C'est d'abord l'histoire de la fraise que l'auteur partage avec son lecteur, puis comment il va, au début, pour diversifier, élever des poules en même temps qu'il produira des fraises et ainsi ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier... C'est avec plaisir que nous le suivrons sur les marchés et apprécierons ses bons ou mauvais mots aux clients selon leur attitude. Il nous fera découvrir également comment il procède pour choisir son personnel, que ce soit les cueilleurs ou les vendeuses. Tout cela dans un style très imagé. Mais, bien qu'il ait choisi de plein gré cette sorte de retour à la terre, ce fruit pour lequel la question : ça rougit ? est le départ de la saison, devient vite un peu tyrannique, d'autant que le côté financier se pose. La solitude et l'angoisse sont deux sentiments qui peuvent vite s'emparer du producteur qu'il est devenu.
Les rencontres avec Madame Cariou de la banque, puis, plus tard avec le psy sont particulièrement réalistes.
Le fait d'avoir choisi de narrer ce quotidien sur une année est à mon avis un bon choix car il permet au lecteur de bien comprendre le déroulement de la production et la vie inhérente à celle-ci.
Si Alain Labbé a délaissé la navigation pour les fraises, il n'a pas pour autant oublié celle-ci. Tout au long de l'ouvrage, allusions et comparaisons entre les deux activités, sont omniprésentes, apportent beaucoup de variété et de poésie à celui-ci et ne sont pas sans intérêt. Pour exemple, le rapprochement entre les longues cueillettes et la vie collective sur un bateau de course.
Le bateau fraise, à la fois témoignage de la vie d'André Labbé et documentaire sur les producteurs de fraises se lit comme un véritable roman, émaillé d'anecdotes savoureuses. Belle réussite pour un premier livre. À suivre...
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