"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Pourquoi je suis noir et toi blanche ? » Au fil de l'eau et au gré des souvenirs, un garçon et sa mère adoptive descendent le fleuve Atrato. L'enfant ne le sait pas encore, mais la pirogue doit les mener jusqu'à Bellavista, où habite sa mère biologique. La jungle colombienne est mystérieuse, âpre, parfois agressive, les conditions de la traversée ne sont pas idéales et l'embarcation doit s'arrêter pour que les voyageurs puissent passer la nuit sur la terre ferme. Le trajet durera quelques jours, l'occasion pour la mère adoptive de l'enfant de se confier à d'autres femmes et de replonger dans son passé afin de comprendre ce qui l'a amenée jusqu'ici.
Alors que la narratrice voudrait ne jamais arriver à destination, que l'expédition s'étire au fil des diverses étapes et des rencontres, une angoisse sourde s'installe. Au milieu de cette région bercée par la violence des luttes armées, les passagers croisent de plus en plus de personnes aux prises avec leur douloureux destin - un accouchement tragique, un incendie qui dévaste un village. Puis des coups de feu retentissent peu avant l'arrivée à Bellavista, où l'enfant retrouve finalement sa mère biologique qui l'avait abandonné à la naissance. Voudra-t-il rester avec elle ou bien faire le chemin inverse pour rester avec sa famille adoptive ? À moins que la décision finale ne revienne aux Forces armées révolutionnaires de Colombie, les FARC...
Considérée comme l'étoile montante des lettres sud-américaines, Lorena Salazar nous offre ici un voyage lyrique, à la fois sensuel, tendre et d'une grande cruauté. Avec ce premier roman qui interroge toutes les facettes de la maternité, la jeune écrivaine fait une entrée fracassante en littérature.
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon.
Un roman colombien, pour changer un peu, donc, vous l’aurez deviné : une découverte !
Une mère adoptive, blanche, descend en pirogue le fleuve Arrato, avec son fils noir de 3 ans pour rejoindre la mère biologique de l’enfant. Ce voyage est prétexte à des discussions entre les passagers du bateau, à des escales et des rencontres.
On sent que ce voyage s’étire pour repousser le moment fatidique de la rencontre de l’enfant avec sa mère biologique, on sent l’angoisse montante de la mère adoptive qui a peur de perdre son fils. On sent la tragédie poindre.
Ca aurait pu être un roman d’aventures, c’est un voyage sensuel et tendre, c’est un roman sur la maternité, sur les différentes définitions qu’on peut lui accorder, suivant les situations. C’est un immense hommage à toutes les mères, à leur dévotion.
Ce texte soulève mille questions sur les mères, sur leurs enfants, sur le choix qu’on peut laisser à un enfant confronté à sa mère biologique et à sa mère adoptive.
C’est un premier roman très réussi, poignant, plein de sensualité, mais aussi de violence, où le personnage principal est le petit garçon de 3 ans.
Dans une pirogue naviguant sur un fleuve de la jungle colombienne, se trouvent un enfant noir et une femme blanche. La femme conduit l’enfant vers sa mère biologique, qui le lui avait confié quelques jours après sa naissance parce qu’elle n’avait pas les moyens de s’en occuper. L’enfant (on ne connaîtra jamais son prénom) sait qu’il a deux mères, mais ignore encore le but du voyage. Sa mère noire a demandé à le rencontrer, et sa mère blanche craint qu’elle ne veuille le récupérer définitivement. Le voyage s’étire sur plusieurs jours, les conditions de navigation sont inconfortables et incertaines, il faut passer la nuit comme on peut dans les bourgades en bordure du fleuve.
Au fil des heures et des péripéties qui ponctuent le voyage, pendant que l’enfant dort ou s’occupe comme il peut et se comporte en enfant, c’est-à-dire innocemment, la femme se confie prudemment à d’autres femmes, sur le bateau ou dans les villages, replonge dans son passé pour se remémorer sa vie et cet épisode d’adoption en particulier. Elle donnerait beaucoup pour que la pirogue fasse demi-tour ou que le voyage s’éternise, pour ne jamais atteindre ce but qui pourrait lui arracher l’enfant. Mais inexorablement, ils descendent le fleuve, dans une ambiance poisseuse d’anxiété et d’humidité, entrecoupée de coups de feu de plus en plus rapprochés.
« Vers la mère » est un premier roman lent, oppressant, centré sur le thème de la maternité mais qui, l’air de rien, au fil du voyage et des rencontres, s’inscrit de plus en plus dans le contexte politico-économique récent de la Colombie : guérilla des FARC, misère, pénuries, violence, insécurité, déplacements de populations indigènes,…
L’écriture est simple, sèche, presque ingénue, très descriptive, mais paradoxalement il s’en dégage du lyrisme et de la poésie. Mais cela n’a pas suffi à susciter mon empathie à l’égard des personnages, dont je suis restée à distance, comme si j’étais dans la pirogue et eux sur la rive, ou le contraire.
Je ne suis pas très convaincue non plus par la scène finale, tragique et qui, bien qu’inspirée d’un fait réel, m’a semblé presque irréaliste dans sa description. Et de manière plus générale, je me demande s’il était nécessaire de mélanger le thème de la maternité, intime (et universel?) à celui du climat politique particulier de la Colombie. Certes, cela permet de donner une fin au roman. Mais justement, je reste sur ma faim, parce que j’aurais voulu savoir comment celui-ci se serait terminé si les FARC n’avaient pas été mêlées à l’histoire.
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
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