"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Maud a subi un viol, un soir, lorsqu'elle avait douze ans. Une agression rapide, unique, commise par un inconnu qu'elle n'a jamais revu. Un " simple " viol. Depuis, Maud s'est lentement fissurée, tout en cachant obstinément ses peurs sous une allure provocante.
Elle était une petite fille semblable aux autres. Elle n'est plus qu'un objet de crainte ou de désir, car ce qu'elle donne à voir d'elle-même, aujourd'hui, c'est un mélange de séduction perverse, de haine et de mépris. Elle est belle, elle a dix-sept ans, elle devrait vivre et être heureuse : elle se méprise. Ce corps, qu'elle juge dévalué, elle en a fait un piège à hommes. Elle les traque. Elle a la conviction qu'ils se resemblent tous. Elle vit dans l'idée névrotique de retrouver un jour celui qui l'a violée, au hasard des rencontres. Prisonnière de sa mémoire, elle s'échappe en buvant, en prenant des cachets.
La seule chose qui la rassure encore, c'est le cutter qu'elle garde en permanence dans sa poche. Sa vie est une chute interminable.
Il y a Denis, le serveur, qui ne la prend pas pour un objet sexuel, mais pour ce qu'elle est, tout simplement : une adolescente paumée, en train de se détruire. Il y a Madame Leblanc, la vieille voyante, un peu fracassée par la vie, qui sait reconnaître le chagrin là où il est.
Mais il y a également les autres, tous les autres, ses parents y compris. Ceux qui ne voient rien, ou qui pensent que Maud est dure, insensible, perturbée, difficile. " Un peu pute, un peu fière aussi ". Tous ceux qui, par ignorance, aveuglement, indifférence, font que l'angoisse de Maud s'amplifie, et que tout la mène au désastre.
Elle a du talent Marie-Sabine Roger pour faire de beaux portraits. Des portraits bien souvent de gens fragilisés.
Et c’est bien le cas de Maud, dix-sept ans.
Maud qui est pleine de colère, de violence et de désespoir.
Maud qui a été violée à douze ans et n’en a rien dit à personne, pas même à sa mère.
Maud que ce silence empoisonne, que ce viol a détruite
127 pages sans un mot de trop, sans une phrase inutile
127 pages fortes sur les ravages incompressibles provoqués par un viol, surtout si c’est sur une enfant.
Maud est détruite à jamais, n’a confiance en personne, ni en ses parents qui n’ont rien su voir, ni en sa camarade, ni même en son étrange voisine chez qui elle fait le ménage, ni même en Denis, le barman qui pourtant la respecte.
Toute sa douleur, toute sa souffrance, elle les a transformées en violence, sans appel, irrémédiablement.
Maud reste en moi, plusieurs jours après ma lecture.
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