Découvrez les romans en lice pour la 12e édition du Prix…
L'oeil chafouin, le poil hirsute, Paul Cézanne crapahute dans la garrigue, suant sous son melon, le chevalet harnaché sur le dos comme à un baudet. Apparaît la bottine d'une femme gisant sur un talus, et c'est le drame.
Trois jours dans la vie de Paul Cézanne suffisent à Mika Biermann pour faire sauter les écailles de peinture, gratter la trame, ajourer jusqu'à l'os le portraitiste de la Sainte- Victoire.
Il transforme un thriller sordide en une Odyssée sur une mer de peinture, dans des pinèdes et des sous bois aux nuances fauves, sur les traces du peintre bourru, vaniteux et obsédé par des chimères grotesques qui n'engendrent pas la mélancolie.
On en termine la lecture avec les doigts maculés de couleurs vives et l'oeil fringant.
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Un très court roman qui dépeint trois jours de la vie du peintre confronté à un drame.
Le caractère misanthrope, bourru de l'artiste et ses relations aux autres sont parfaitement dessinés.
La style poétique décrit la campagne, ses collines, ses pinèdes et ses broussailles.
On croise Paul son fils, le docteur Gachet, une maitresse, un gendarme et puis Renoir.
La pauvreté, la vie simple affleurent à chaque page.
Cela se lit facilement mais malgré une idée intéressante, j'ai finalement trouvé ce récit assez plat.
CHRONIQUE ISSUE DE : https://hanaebookreviews.wordpress.com/2020/09/14/trois-jours-dans-la-vie-de-paul-cezanne-mika-biermann/
Trois jours qui pour moi ont duré 3 heures. Le temps d’un aller-retour dans le métro, l’esprit plongé dans les collines d’Aix-en-Provence avec la montagne Sainte Victoire pour horizon.
Robespierre, Porte de Montreuil, Strasbourg-Saint Denis…Dix mètres sous terre, malgré la masse fourmillante des heures de pointe, j’allais l’esprit ensoleillé, vagabondant dans les carrières de Bibémus, cherchant l’ombre des pins verts. Puis, les yeux posés sur la toile en devenir, j’imaginais déjà les quatre-vingt déclinaisons de l’indolente Sainte Victoire.
Pour le peintre qui disait que « peindre d'après nature, ce n'est pas copier l'objectif, c'est réaliser ses sensations », le livre lui rend hommage. Pour l’écrivain qui souhaite immortaliser l’instant à travers l’écriture, ces trois jours sont un délice. Un glacis qui apporte intensité et profondeur au personnage précurseur du cubisme.
Mais contrairement au glacis huileux qui donne à la peinture douceur, onctuosité et absence de traces de pinceaux, le portrait brossé est brut de pomme (clin d’œil de passage à une des obsessions que Cézanne avait sur ce fruit – Nature morte à la Soupière, Compotier, Verre et Pommes).
Brossé en quelques pages (oserais-je dire quelques coups de crayons ?) l’adresse de l’écriture apporte du relief au portrait, comme le pinceau de l’épaisseur à la matière.
Nous sommes aux prémices de sa grande série Sainte Victoire, le peintre est brut comme sa toile est vierge.
Il se révèle ronchon, suant, mal aimable, d’une misanthropie totalement assumée : la garrigue dans ce qu’elle a de plus rustique, animal et sensible à la fois.
L’écriture de M. Biermann est éclatante, burlesque et rythmée. Pour exalter sa térébenthine dont seul lui a le secret je citerai donc ses mots : « la toile immaculée attend bêtement sur son chevalet, comme une vierge dans un lupanar » et nous partons en promenade avec le peintre à la recherche du motif.
La création est comme une lutte. Le peintre mange peu, son matériel pèse son poids, il a chaud et hallucine. On frise l’épopée mythologique lorsque surgissent la Sphinge ou le faune alcoolique
Ces passages surréalistes côtoient le réalisme de la pomme flétrie dans son atelier et l’équilibre est maîtrisé.
Est-ce parce qu’il voit la création comme une lutte que Cézanne est lui aussi grossier ? Pour peindre la nature, il doit pouvoir s’y confronter. La sauvagerie exsude à travers la garrigue, la toile ne peut contenir l’inspiration brutale qui contamine à la vie : Cézanne retrouve une voisine assassinée, le crâne fracassé par un prussien.
Renoir son ami, Rembrandt et autres monstres sacrés en prennent pour leur grade. Il est drôle d’entendre dans la bouche d’un grand maître les inepties quelques fois entendues au détour des couloirs d’Orsay ou du Louvre. La critique est malgré tout plus fine que certaines bêtises lorsque l'auteur lui fait dire de Renoir « ses yeux, deux billes noires, ne voient que le bien et le bon. C’est pourquoi sa peinture est mauvaise. »
Encore une fois, l’écriture d’apparence minimaliste est à lire, relire écouter et voir. Voir, car M. Biermann peint avec les mots. Les paysages éclatent de soleil dans les collines puis s’assombrir dans l’atelier du peintre. L’œil s’habitue à peine à la pénombre qu’il doit faire face à la giclée du grand jour. On ne perçoit plus que les contours, comme les toiles du peintre où le motif se devine. Ecouter car certaines formules sonnent comme une mélodie («des ouvriers posent des tuiles à sécher sur des racks fait de branches de noisetiers ; un contremaître assis sur un tonneau qui chique et crache dans les coquelicots »), d’autres donnent vie à certains mots (« Une chouette hôle: sous de lointains toits un écrivain invente une histoire rien que pour utiliser ce verbe une fois dans sa courte vie »), d’autres encore font sonner les astres (Le gong du Soleil, le bruissement des étoiles…)
Un récit condensé dans une garrigue foisonnante. Une expérience de lecture qui m’a enivrée si les pages distillaient l’essence de térébenthine. Une chose est sûre peu importe la désinvolture ou la misanthropie du maître, son passage éclair aux côtés de l’immuable Sainte Victoire lui a suffi à marquer l’Histoire de la Peinture.
Aaaaahhhh le sud de la France.... Sa lumière, ses odeurs de pins, ses couleurs chatoyantes, sans oublier...ses peintres ! Et oui parce qu'aujourd'hui, au-delà d'une histoire, laissez-vous porter par la douce et parfois rugueuse contemplation d'une nature vivante et humaine. Et c'est à travers ce prisme que Mika Biermann vous propose Trois jours dans la vie de Paul Cézanne, un très court roman de 92 pages édité chez Anacharsis. Si je m'attendais à un livre contemplatif, je ne m'attendais certainement pas à une description aussi nuancée et poétique. Parfois à la contrée de l’irréel, évadez-vous vers le beau, le sauvage, où l'odeur des pommes se mêle à celui de la térébenthine.
Un grand merci à Lecteurs.com pour cette très belle découverte !
Un podcast à écouter sur la page Babelio de l'auteur et sur le blog book'n'cook.
Un être bourru à l’allure de clochard traîne chevalet, mallette de couleurs et pinceaux: Peintre Paul et son chien sonde dans la nature escarpée les reliefs et les ombres qu’il fixera sur la toile. Créature féminine au milieu de la garrigue, la Rotonde, sphinge énigmatique, blessée, « remue dans la poussière ». Homme de secours et femme trébuchante parviennent au Bois du Pissou où elle habite, accueillis par un géant mythique type Starkadr.
Le portrait de Paul Cézanne brossé par Mika Biermann montre un vieil homme solitaire, revêche, qui n’apprécie guère que son œuvre, rejetant son fils comme ses amis, entièrement centré sur la peinture, « maître de son dessin ».
La prouesse de l’écrivain ne réside pas tant dans l’art de présenter la personnalité singulière de l’artiste, pas plus que faire rêver le lecteur devant le spectre de la Saint-Victoire et autres paysages aux nuances ambrées, mais d’écrire un court opus déjanté, riche de connexions à diverses époques convoquant des personnages de l’Antiquité au 19ème siècle, pour offrir au final un véritable tableau de littérature impressionniste agrémenté d’une touche de fantastique.
Mika Biermann utilise beaucoup les figures de style telles comparaisons et métaphores qui donnent un air échevelé à certaines descriptions. « Les pinceaux attendent, voix de leur maître, dans leurs pots. Le chevalet a des airs de femme nue penchée par la fenêtre pour discuter avec le valet. La boîte de peinture, sangles pendantes, roupille ».
Il convoque d’autres artistes ou proches, le docteur Gachet, Van Gogh, Rembrandt « le couillon pleurnichard » à l’accent comparable à « un champ de fleurs labouré par un sanglier », Renoir…
Amis (es) lecteurs (trices), vous l’aurez compris, ce livre, outre l’intérêt de m’avoir fait découvrir un écrivain, m’a permis de m’évader au-delà de la littérature consensuelle et conformisme que je recherche trop souvent, dans une histoire dramatico-ubuesque.
Cézanne, cet être sensible et ronchon
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Paul Cézanne est un peintre dont j'avais une vague idée. Impressionniste natif du sud de la France, fin du 19e siècle. Voilà, c'est à peu près tout ce que je savais de lui.
Alors voilà un petit livre de 94 pages (à mi-chemin entre la nouvelle et le roman) qui s'essaie à raconter le quotidien de quelques jours d'un artiste-peintre vieillissant.
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Se lit vite mais laisse une impression assez forte. On est happé par ce bonhomme pas franchement sympathique, qui nous emmène dans les champs de lavande, dans les collines sèches et brûlées par ce soleil piquant. La Provence dans toute sa splendeur sauvage.
C'est Paul qui se raconte. En fait, il déambule, armé de son chevalet, de son matériel de peinture et d'un chien, s'octroie des pauses, rencontre des êtres étranges venus tout droits de la mythologie (faune et sphinge). Puis rentre dans son mas, se fait un café et mange son ragout...tout seul.
Paul reçoit la visite de son fils, du médecin, d'Auguste Renoir et d'un Prussien bien étrange. Il furète aussi du côté obscur des collines.
Cette lecture a été assez troublante. Parfois très réaliste (comme un tableau de nature morte), on y sentirait presque la pomme flétrie en voie de décomposition. Et aussi onirique avec ses rêves éveillés de bestiaire causant au bord du chemin.
Le texte est tantôt cru et brut puis parfois doucereux et poétique. Avec des phrases sèches qui laissent une empreinte indélébile, je n'oublierais pas de sitôt cette parenthèse surannée et artistique.
Chapeau bas à cet auteur allemand qui a écrit dans la langue de Molière avec une parfaite maîtrise du vocabulaire des sens.
Un livre bref, à l'écriture très étonnante que je qualifierais d'organique. On sent les odeurs (souvent nauséabondes), les textures, on entend le moindre bruissement dans les feuilles.
L'histoire en elle-même ne nous apporte pas grand chose si ce n'est un portrait taciturne du peintre et de son paysage natal. Il y a tout de même quelques rebondissements dans ce roman pas si contemplatif (un meurtre, une rencontre avec Renoir), assez hybride.
Je ne suis pas sûre de m'en souvenir toute ma vie car l'ensemble ne m'a pas bouleversée mais je reconnais une écriture très singulière, une vraie voix, ce que je trouve parfois trop rare en littérature donc j'ai hâte de découvrir les prochaines oeuvres de cet auteur qui a de toute évidence un très grand talent.
Un livre surprenant avec pour protagoniste principal Paul Cézanne que l'auteur nomme "Peintre Paul". On y découvre le portrait d'un homme vieillissant, bougon, asocial dont la peinture d'un paysage occupe exclusivement ses pensées. Entre des rencontres réelles et d'autres plus surprenantes avec des figures de la mythologie (la Sphinge, un faune, Pégase et le Minotaure), le récit oscille entre réel et irréel.
Le récit fait aussi la part belle aux descriptions, chères à l'oeil d'un peintre pour capter tous les détails et toutes les nuances de couleur dans un tableau. C’est un point fort du livre.
A titre personnel, j'ai eu un peu de mal à voir où l'auteur voulait en venir même si ce court roman se lit facilement. Le récit est assez décousu avec l'apparition des figures mythologiques. Les dialogues sont enlevés et directs avec un Paul Cézanne qui affiche sans nuance son agacement et sa misanthropie. On y découvre aussi quelques allusions au modernisme avec l'apparition des premières voitures à moteur ou la pose de macadam sur les routes.
Un livre qui plaira sans doute à certains lecteurs mais de mon côté cela restera comme un petit ovni littéraire dont je n'ai pas réussi à complètement m'exalter.
Ce court roman nous permet de suivre, pendant trois jours, un Cézanne vieillissant, misanthrope, asocial, essayant de peindre un paysage du sud de la France où il vit.
L'auteur ne lui fait pas de cadeau en le dépeignant comme un personnage antipathique et peu à son avantage ( moustache épaissie par la morve, dents gâtées, yeux chassieux...); il rejette ses semblables que ce soit son fils, son médecin et même son ami Auguste Renoir; il n'a pas de mots assez durs pour Van Gogh dans lequel il voit un concurrent sans talent.
Mais derrière cet aspect peu engageant de la personnalité de Cézanne, on trouve le peintre dont le seul objectif et l'unique plaisir consistent à manier les couleurs, à peindre seul, immergé dans la nature.
Le style de l'auteur nous rend palpables les couleurs de la nature, voire les odeurs; le style est enlevé et fantasque mais ces qualités n'ont pas suffi à me faire apprécier ce roman; l'apparition des figures mythologiques de la Sphinge qui pose à Cézanne/Oedipe une énigme ridicule, un faune dans un état de déliquescence absolue, le cheval ailé accompagné du Minotaure dont Cézanne se demande s'il ne forme pas un couple contre nature et la Muse chassée par le peintre m'ont désarçonnée car je n'ai pas compris le pourquoi de leur présence.
Un opus agréable à lire et assez court pour ne pas se lasser.
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