"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A 27 ans, entre août 1879 et juin 1880, Vincent Van Gogh disparaît littéralement. Il parcourt la campagne flamande, inondée de soleil. Il n'écrit pas à son frère et pourtant, pendant ces sept mois, il s'est passé quelque chose : il devient peintre, sans maître, à l'insu de tous. Pourquoi ne se serait-il pas arrêté à Geel ?
Ce petit bourg belge est surnommé le « village des fous », car depuis le Moyen Age, ceux-ci vivent parmi la population en toute liberté. Les habitants en profitent pour arrondir leurs finances, car le gouvernement envoie chaque mois une allocation aux familles d'accueil.
Orpheline de naissance, Thérèse est placée chez les Vanheim et déclarée folle auprès de l'administration. Considérée comme telle, elle mène sa vie jusqu'à l'arrivée inopinée d'un vagabond à la tignasse rousse, au regard fiévreux qui, épuisé, demande l'hospitalité. Thérèse est subjuguée par cet homme, elle le suit dans ses promenades, emprunte de l'argent pour acheter les toiles et les couleurs qu'il réclame. Elle ne tarde pas à tomber amoureuse de lui, mais lui, emmuré dans sa solitude, ne voit en elle que Thérèse Sansonge, une jeune et gentille orpheline.
Thérèse est convaincue que le talent de Van Gogh sera un jour reconnu, et quand il fuit les médecins de Geel pour se rendre dans le Sud de la France, elle sombre dans le désespoir. Elle ignore encore qu'elle s'apprête à vivre son même calvaire, fait d'internements et soins médicaux. Ce roman est sa lettre d'amour au peintre.
Il semble bien que l'Italie n'ait pas fini de nous surprendre au travers de ses auteurs de courts récits. Après Erri Deluca et Milena Agus spécialistes du genre , Giovanni Montanaro nous offre une pépite littéraire avec cette lettre fleuve écrite par une jeune fille à son contemporain Vincent Van Gogh. Le récit d'une beauté, d'une poésie et d'une fluidité rares ne nous laisse aucune occasion de poser le livre pour le reprendre un peu plus tard. C'est un petit moment de grâce, dont rien ne doit être dévoilé sous peine de trahir l'auteur. Disons simplement qu'il est beaucoup question de folie, de fous et de couleurs dans cet univers qui échappe quelque peu à toute logique mais pas au tragique destin de ses protagonistes.
Enormément de talent et de sensibilité chez Giovanni Montanaro dont on peu attendre beaucoup dans un avenir très proche.
Pardonnez-moi l’expression mais « Putain de bordel de merde ! ». Je suis rarement vulgaire comme ça avec les livres, mais là je ne peux pas faire autrement. C’est quoi ce livre ? Ces pages de fou ? Et là niveau folie on est servi ! L’histoire, le village (que j’ai découvert grâce à ce livre), les personnages, tout est barge ! Et franchement ça va être super difficile pour moi de vous parler de ce livre, parce que je veux éviter de vous spolier pour que vous le lisez. Parce que oui il faut le lire, si vous ne l’avez pas deviné.
Pour commencer, et même si au résumé on s’attend à un truc pas très jojo et pas très original, sachez que c’est très trompeur, car c’est un livre comme on n’en a jamais vu, ou très peu. Alors bien sûr niveau scénario et comme l’indique le résumé ce n’est pas la joie, ça ne commence en effet pas spécialement bien et ça se finit un peu pareil, rien de nouveau me direz-vous. Mais pourtant quelle surprise ! Mon dieu quelle surprise. Ces pages c’est l’éclat des couleurs et des personnalités.
Tout d’abord des couleurs, car Van Gogh est bien sûr dedans. Mais aussi parce que l’auteur peint très subtilement son histoire, il va mettre un peu partout quelques touches de couleur très douce pour faire ressortir dans le livre les sentiments et l’ambiance d’un tableau de Van Gogh un soir en Belgique.
Et après en ce qui concerne les personnalités, là aussi c’est très « Van Goghnnien » au final. Surtout sur les personnages principaux. Personnellement j’ai souvent trouvé que les tableaux de Van Gogh étaient un peu (beaucoup) torturés, et ben là au niveau de l’histoire, des lieux et surtout des personnages, cette ambiance ressort instantanément. Alors bien sûr le village de Geel est une aubaine pour ce genre d’atmosphère, mais quand même l’auteur est arrivé à faire ressortir cette ambiance avant tout par ces pauvres personnages vraiment pas gâté par la vie, et qui sont marqués par le destin dès leur naissance, voire même avant. Ils n’y échapperont pas quoi qu’ils fassent, on le sait.
En plus, et ça c’est super, le fondateur de cette histoire a vraiment su travailler les personnages, sans en faire une tonne. Ce n’est pas un gros bloc de description assommant, c’est très fluide et fondu dans le décor, et ça c’est que du bonheur, parce que décrire la folie sans tomber dans le lourd pas beaucoup le font. C’est souvent chiant d’ailleurs.
Enfin bref, quand on lit ce livre on peut vraiment croire que l’auteur a décidé de reproduire à l’écrit un tableau de Van Gogh. Et faut dire que c’est réussi. C’est pesant et léger à la fois. C’est coloré et sombre. C’est l’impuissance face à l’envie. C’est… à lire.
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