"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Je connais peu d'images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d'un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n'est jamais celle qu'on a entrevue, en esprit, au moment de s'en aller.» François Sureau n'a jamais cessé de rechercher la compagnie bienfaisante de ceux qui, comme lui, ont été habités par le désir de s'en aller ; de Victor Hugo, fuyant la politique à Guernesey, à Philby père et fils fuyant la loyauté nationale, en passant par Patrick Leigh Fermor et sa soif d'éprouver la mystérieuse unité du monde. À travers leurs voyages, l'auteur revoit certains moments de sa vie : la Hongrie au moment de la chute du Mur, l'Inde et l'Himalaya, la guerre en Yougoslavie. Dans ce récit, l'écrivain poursuit avec éclat sa méditation sur la beauté de l'aventure.
Lente méditation sur les départs vécus par des écrivains et des poètes qui ont la faveur de l’auteur.
J’ai tardé à faire un retour sur cette lecture car j’ai parfois été entre admiration et ennui, entre le sublime et le poids des longueurs. Certains jours j’étais en phase avec ce très grand auteur à mes yeux, d’autres fois je recherchais davantage de lumière. Certainement que mon état d’esprit l’était aussi et en rajoutait à cette perception. A moins que la notion de départ me soit trop pénible dans sa globalité.
Pour en revenir au thème de fond disséqué par l’auteur, à savoir « le départ » dans pleine situations rencontrées par écrivains et poètes, François Sureau a mis en forme un certain nombre d’entre eux. Du plus commun comme le départ d’un train exposé par Nabokov ou la chute du mûr de Berlin vue par la Hongrie., ou encore Victor Hugo fuyant Guernesey. On côtoie bien d’autres grands hommes comme Kessel, Buffon, Lord Walter Rothschild, Paul Nizan, Graham Green, Alfred Dreyfus, et j’en passe. Mais on voyage surtout énormément à travers des contrées lointaines qui m’ont certainement le plus attirées dans cet ouvrage.
L’écriture de l’académicien est fluide, abordable par tout un chacun et ceci même si l’on a pas une culture générale parfaite puisqu’il restitue les faits dans leur contexte historique. Mais je m’en suis tout de même voulu, assez régulièrement au cours de cette lecture, d’avoir autant de lacunes historiques ou culturelles. Enfin passons, et revenons plutôt au fait que ce livre n’a rien de larmoyant, rien de dépressif : il est construit sur des anecdotes et situations de départ qui ont attirées l’auteur. Cet homme a une connaissance des écrits comme de l’histoire qui est particulièrement chatouillante grrrrr :-)
Les citations parlent mieux du livre que je ne saurais d’ailleurs le faire :
« Dis-moi ce que tu quittes, je te dirai qui tu es ; mais cette promesse ne sera pas tenue, parce qu’il n’y a personne pour la tenir. Y aurait-il quelqu’un ? ce que je crois, le peu que je sache de Lui m’interdit d’imaginer qu’il pourrait s’exprimer de cette manière. Puis c’est l’arrachement qui compte, et sitôt qu’il a eu lieu ce qu’on a quitté paraît retourner au néant. Je connais peu d’images aussi frappantes que celle par laquelle Nabokov décrit le départ d’un train : ce sont les wagons qui reculent le long du quai. Quant à la destination, elle n’est jamais celle qu’on a entrevue, en esprit, au moment de s’en aller. Par bien des côtés, le voyage ressemble à la guerre, qui lorsqu’elle est finie laisse les combattants en proie à des questions entièrement différentes de celles qui les avaient conduits à l’affrontement. »
« Le roman suppose une familiarité compréhensive avec le mal, et c'est pourquoi Mauriac doutait parfois qu'on pût être romancier et catholique. Nul roman n'est réussi si même les plus vils des personnages ne sont pas caressés, de temps à autre, par la plume bienveillante de l’auteur. »
« Je restai longtemps au soleil. Quelques abeilles passaient sur des fleurs redevenues sauvages. J’attendis en vain l’un de ces papillons que j’aime, un flambé ou un machaon, puis je partis heureux d’avoir attendu. Puissé-je éprouver ce même sentiment dans mes dernières heures. »
« De ce récit je suis souvent impatient. J'ai projeté sur le mur des voyages des images idéales, pures de l'accusation comme de la nostalgie, convaincu qu'elles reflétaient ce monde plus réel que le vrai et que les apparences, aimées précisément pour leur valeur d'apparences, me faisaient entrevoir. »
Ce sont des voyages multiples et très différents auxquels nous convie François Sureau, des voyages dans ses souvenirs et d’autres pour partager sa passion de la lecture. Sans bouger de notre fauteuil, il nous fait partager les voyages d’hommes illustres ou bien tombés dans l’oubli.
François Sureau est un grand lecteur. Admirateur de Victor Hugo, il nous entraîne sur les pas du grand écrivain pendant son exil à Guernesey et à Jersey.
L’auteur raconte avoir longtemps vécu dans la familiarité d’écrivains voyageurs comme Conrad ou Kessel. C’est par le biais de ce dernier qu’il rencontrera Saint-John Philby qui est à la fois espion britannique, écrivain et explorateur, un homme qui a de quoi nous fasciner. Également ornithologue, l’auteur nous enseigne que : « Une perdrix endémique du sud-ouest de l’Arabie, Alectoris philbyi, fait seule vivre son nom là où il a vécu et où l’oubli a recouvert ses traces. »
Il nous fait rencontrer aussi des voyageurs atypiques comme ce Henry J.- M. Levet, qui, à défaut de voyager autour du monde, se contenta de sa chambre.
Parmi ses souvenirs d’enfance, François Sureau évoque Jules Verne ou Stevenson avec « L’île au trésor » qui l’a tant marqué. On croise aussi Tintin, pourquoi pas !
« Qui n’a pas lu « l’île au trésor » dans un placard, aux environs de treize ans, n’a pas connu le bonheur de vivre. »
Et, pour se remettre de tous ces départs, un p’tit tour dans un monastère pour un épisode de vie monacale. Nous voilà à la grande Chartreuse ou bien chez les chartreux à Saint-Wandrille
En compagnie de Leigh Fermor dit Paddy.
Oui, ce pourrait être un beau, un grand voyage en compagnie de François Sureau, mais gâché par un verbiage et une érudition trop appuyée qui nous mènent sur des chemins de traverse qu’on n’avait pas forcément envie d’emprunter.
Cette culture immense qui envahit trop le récit oublie trop souvent le lecteur qui peine à suive avec son bagage modeste. Je suis souvent restée au bord du chemin, lassée par cette avalanche de connaissance et agacée lorsque l’auteur ne se donne pas la peine de nous donner la traduction de la devise des chartreux en latin : « Stat crux dum volvitur orbis » que l’on retrouve sur les bouteilles de chartreuse. N’étant familière ni des chartreux ni de leur liqueur, j’ai donc cherché la traduction que voici :
« La croix demeure dressée tandis que le monde va sa course »
Ce récit exige une lecture attentive, je ne m’y suis pas attardé et l’ai trouvé parfois très ennuyeux. Sans doute n’ai-je pas pris suffisamment de temps pour découvrir ce texte qui méritait d’être lu sans précipitation, en l’alternant avec d’autres lectures.
En tout cas, une découverte mais également une déception pour moi.
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