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Sarah, Susanne et l'écrivain

Couverture du livre « Sarah, Susanne et l'écrivain » de Eric Reinhardt aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782072945892
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Sarah a confié l'histoire de sa vie à un écrivain qu'elle admire, afin qu'il en fasse un roman. Dans ce roman, Sarah s'appelle Susanne. Au départ de ce récit, Susanne ne se sent plus aimée comme autrefois. Chaque soir, son mari se retire dans son bureau, la laissant seule avec leurs enfants.... Voir plus

Sarah a confié l'histoire de sa vie à un écrivain qu'elle admire, afin qu'il en fasse un roman. Dans ce roman, Sarah s'appelle Susanne. Au départ de ce récit, Susanne ne se sent plus aimée comme autrefois. Chaque soir, son mari se retire dans son bureau, la laissant seule avec leurs enfants. Dans le même temps, elle s'aperçoit qu'il possède soixante-quinze pour cent de leur domicile conjugal. Troublée, elle demande à son époux de rééquilibrer la répartition et de se montrer plus présent, en vain. Pour l'obliger à réagir, Susanne lui annonce qu'elle va vivre ailleurs quelque temps. Cette décision provoquera un enchaînement d'événements aussi bouleversants qu'imprévisibles... Réflexion sur le lien troublant et mystérieux qui peut apparaître entre lecteurs et écrivains, ce roman puissant, porté par la beauté de son écriture, fait le portrait d'une femme qui cherche à être à sa juste place, quelque périlleux que puisse être le chemin qui y mène.

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Avis (18)

  • Une idée originale pour ce roman magnifiquement écrit. Je l'avais acheté sachant que Suzanne habite Dijon, ville chère à mon coeur...
    Toutefois, il ne faut pas commencer à s'assoupir dans son lit en le lisant sous peine de perdre le fil des histoires des deux principaux personnages !

    Une idée originale pour ce roman magnifiquement écrit. Je l'avais acheté sachant que Suzanne habite Dijon, ville chère à mon coeur...
    Toutefois, il ne faut pas commencer à s'assoupir dans son lit en le lisant sous peine de perdre le fil des histoires des deux principaux personnages !

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  • Avec Sarah, Susanne et l’écrivain, Éric Reinhardt dont j’avais lu Comédies françaises, s’est lancé dans un exercice littéraire qui lui permet de se régaler mais qui m’a souvent désorienté. Ce mélange de réalité et de fiction, avec ces deux femmes semblables et différentes auquel s’ajoute...
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    Avec Sarah, Susanne et l’écrivain, Éric Reinhardt dont j’avais lu Comédies françaises, s’est lancé dans un exercice littéraire qui lui permet de se régaler mais qui m’a souvent désorienté. Ce mélange de réalité et de fiction, avec ces deux femmes semblables et différentes auquel s’ajoute l’écrivain, n’est pas facile à suivre. Souvent, je me suis posé la question : qui parle ou de qui parle-t-il ?
    Pourtant, lorsque j’ai écouté Éric Reinhardt parler de son livre aux dernières Correspondances de Manosque, j’ai eu très envie de le lire car ce procédé littéraire singulier m’intriguait beaucoup.
    Voilà donc Sarah qui confie son histoire à l’écrivain après avoir lutté contre un cancer du sein. Cet écrivain décide, en plein accord avec elle, de lui trouver un avatar qu’il nomme Susanne. Elles ont toutes les deux 44 ans et leurs enfants portent les mêmes prénoms : Paloma et Luigi. L’une est architecte, l’autre généalogiste.
    Si Sarah habite au bord de l’océan, ils décident de faire vivre Susanne à Dijon. Si leur vie de couple paraît idyllique, des failles surgissent bientôt et cela devient vite choquant lorsque j’apprends que le mari possède 75 % de leurs biens et l’épouse seulement 25 %. Lorsque, logiquement, celle-ci demande un rééquilibrage, elle se heurte à un refus obstiné.
    Pour faire vivre son personnage de fiction, l’auteur emprunte à la vie de Sarah mais peut s’en écarter à tout moment pour conduire ce que l’on peut comparer à une descente aux enfers. L’écriture d’Éric Reinhardt est soignée, délicieuse souvent et je reconnais que ce livre avait toutes les qualités littéraires pour décrocher le Goncourt, mais…
    Débarque alors l’affaire du tableau remarqué par Susanne chez un antiquaire. Cela déclenche toute une histoire que j’ai trouvée pénible même si je comprends que l’auteur s’appuie dessus pour accompagner la dégradation psychologique de son héroïne.
    Si Sarah a quitté le domicile conjugal pour faire une pause, Susanne en a fait autant et cela contribue grandement à accentuer une déchéance de plus en plus inéluctable qui me semble incompréhensible avec un séjour à l’Hôpital psychiatrique La Chartreuse, à Dijon. Au passage, l’écrivain fait part de ses réflexions, fait une entorse à la dramaturgie et à la vraisemblance. Il analyse pourtant bien la psychologie des enfants et c’est intéressant.
    Bien sûr, arrive Venise, site idéal pour faire rêver le lecteur car il s’y passe toujours des histoires d’amour réelles ou fantasmées. Lorsque Momo se présente dans la lente remontée de Susanne vers la lumière, surtout lors de la rencontre avec son mari, voilà enfin du palpitant et des dialogues percutants, enfin, pas seulement les dialogues… Il en est de même lorsque Susanne se retrouve chez ses parents en Alsace. La discussion est animée et pleine d’humour.
    Un épilogue, sous la forme d’une longue lettre signée Sarah, permet de faire le point et d’apporter de bonnes nouvelles, confirmant aussi toute la gratitude de cette femme pour l’écrivain. Cela est amplement mérité mais je redis toute la difficulté éprouvée au cours d’une lecture parfois lassante.
    Si Sarah, Susanne et l’écrivain, roman d’excellente facture, ne m’a pas convaincu, je salue tout de même le talent d’Éric Reinhardt qui n’hésite pas, en cours d’écriture, à faire partager ses problèmes d’auteur. Sarah et Susanne, Susanne ou Sarah, ces deux femmes qui n’en font qu’une, ou pas, m’ont souvent fait souffrir avant de sortir par le haut de situations bien compliquées causées par leur mal-être et un mari exécrable.

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/02/eric-reinhardt-sarah-susanne-et-l-ecrivain.html

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  • C'est un beau livre à deux voix d'abord :
    - celle de Sarah, femme de 45 ans, deux enfants, un mari, 3 sculptures dans le jardin, ancienne architecte devenue sans activité professionnelle ;
    - et celle de Susanne, son double fictif inventée à partir de son histoire par un écrivain.
    Puis, le...
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    C'est un beau livre à deux voix d'abord :
    - celle de Sarah, femme de 45 ans, deux enfants, un mari, 3 sculptures dans le jardin, ancienne architecte devenue sans activité professionnelle ;
    - et celle de Susanne, son double fictif inventée à partir de son histoire par un écrivain.
    Puis, le livre va continuer à 3 voix avec l'écrivain qui se dévoile vers la fin à travers Susanne qui recoupe leur deux vécus.

    L'histoire est sombre, terrible, de cette violence silencieuse ordinaire mais sans mièvrerie, sans guimauve, sans glauque, sans aucun déjà vu qui pourrait se résumer par les mots de Susanne : "Mon devoir est terminée, les enfants sont élevés avec brio alors dehors maman, dehors l'épouse, pas un merci. Limogée sans le moindre égard" (p. 380).

    L'écriture est belle, relancée par l'écrivain parfois pour des précisions. Le début peut être difficile car on mélange Sarah et Suzanne à la lecture. Puis on cherche les différences, on traque même les divergences les plus infimes (Sarah habite en RDC alors que Susanne habite au 1er étage), on regarde comment les deux avancent.

    Il y a une réflexion sur la littérature, sur l'art, sur la lumière, sur ce qu'est être une femme de quarante ans dans un couple où le mari est gentil parce que tout lui est bénéfique (il investit pendant que sa femme passe son argent dans un quotidien volatile, il construit sa carrière, il fait sa vie...). Cela est aussi la vraie vie.
    J'ai pensé à Laure, la protagoniste de "Feu" de Maria POURCHET, où tout s'écroule en silence mais uniquement pour la femme, pas l'homme.

    "Sara, Susanne et l'écrivain" est un très beau roman, avec un style fin et fluide.
    Mais il ne faut pas lire l'épilogue : cela gâche tout, semble surfait et ajouter à la va-vite.

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  • A 45 ans, Sarah décide de quitter momentanément le domicile conjugal pour créer un électrochoc chez son mari qu'elle aime mais qui la délaisse un peu et ne tient pas ses engagements.
    Mais le résultat de ce départ ne va pas du tout engendrer ce qu'elle espérait.
    Elle contacte alors un écrivain...
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    A 45 ans, Sarah décide de quitter momentanément le domicile conjugal pour créer un électrochoc chez son mari qu'elle aime mais qui la délaisse un peu et ne tient pas ses engagements.
    Mais le résultat de ce départ ne va pas du tout engendrer ce qu'elle espérait.
    Elle contacte alors un écrivain pour qu'il raconte son histoire, mais sous un autre nom qui sera Suzanne.
    J'ai un avis très partagé sur ce livre.
    Le sujet, qui m'avait semblé saugrenu au départ, se révèle finalement intéressant.
    Sarah, Suzanne, on ne sait d'ailleurs parfois pas de qui il s'agit, elles s'entremêlent dans des lieux et des contextes différents.
    Ce qui m'a finalement dérangé, c'est quand l'auteur écrit avec emphase, une écriture que je trouve prétentieuse.
    Et pourtant, c'est bien écrit, on ne peut pas dire.
    Globalement, c'est donc une lecture plutôt positive, bien qu'un peu longue (j'ai failli plusieurs fois abandonner), qui tourne en rond, et qui m'a finalement plus agacée que séduite.

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  • Le prétexte d’une rémission de cancer du sein est-il une raison suffisante pour entrainer autant de péripéties dans une vie de femme ?

    Je répondrai à cette question en fin de billet. Commençons par l’histoire et l’écriture.

    Le décor du livre est une méli-mélo qui permet à l’écrivain...
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    Le prétexte d’une rémission de cancer du sein est-il une raison suffisante pour entrainer autant de péripéties dans une vie de femme ?

    Je répondrai à cette question en fin de billet. Commençons par l’histoire et l’écriture.

    Le décor du livre est une méli-mélo qui permet à l’écrivain d’appuyer ses dires entre les faits et les sentiments traversés tantôt par l’héroïne du roman, tantôt par ceux de la femme qui est à l’origine du roman. On flotte ainsi, et assez judicieusement pour brouiller régulièrement les pistes au lecteur, entre Sarah (disons l’authentique) et Susanne sa jumelle (disons, l’héroïne de roman).
    Elles ont 44 ans toutes les deux, sont françaises mais pas localisées dans la même région, sont mariées et ont deux enfants. L’une est architecte, l’autre généalogiste, le mari est quant à lui avocat fiscaliste. La dernière donnée est d’autant plus intéressante qu’on verra que la découverte que l’héroïne va faire, est à l’origine de la décision qui va entrainer une multitudes de bouleversements et découvertes.
    Quelques temps après la sortie du traitement de son cancer, Sarah/Susanne découvre effectivement que son mari détient, en gros et pour faire simple, 75% des capitaux acquis durant leur mariage. Elle n’a que peu de choix et décide d’agir ; elle choisit l’éloignement dans une maison un peu singulière.
    Et c’est partie pour Reinhardt, il peut laisser voguer le roman. Il s'amuse à prendre des décisions à la place de ses héroïnes ; sont-elles crédibles ? Chaque lecteur jugera.
    La fin mérite tout de même qu’on s’y cramponne. La preuve, je l’ai avalé en moins de deux jours.

    L’écriture de Reinhardt est bien au rendez-vous, rien à en dire de neuf par rapport à ses précédents romans. Les thèmes sont très actuels et dans l’esprit du temps comme toujours chez Reinhardt. Le style en est un, c’est le sien. La langue est parfois un peu difficile mais accessible à tout un chacun.

    J’en arrive à la réponse à ma question posée en début de billet. Elle est franche et directe : je ne le pense pas.
    Qu’Eric Reinhardt ait croisé une femme ayant vécu un gros chamboulement à la sortie du tunnel qu’est le traitement d’un cancer, ça je le conçois. Qu’il aime à nous montrer qu’il apprécie la gente féminine, ça aussi je l’entends. Mais qu’il y mette autant d’artifices pour le mettre sous l’objet d’une rémission de cancer dans un roman, je ne suis pas certaine que beaucoup de femmes ayant traversé une telle épreuve adhèrent à ce livre. C’est un thème très bouleversant.
    Pourquoi autant de doutes de ma part ? Peut-être simplement parce que j’ai fréquenté, pendant de très nombreuses années, des services dans lesquels on soignait ces femmes. Peut-être parce que j’ai été tellement touchée par leurs émotions, que je n’en suis pas encore assez remise. Et peut-être que, de fait, je ne suis pas la plus à même à garder assez de recul pour une appréciation sereine.

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  • Non, non et non !

    Un écrivain (sous lequel on imagine Reinhardt himself) écrit à sa demande un roman sur la vie de Sarah qu'il nommera Suzanne (elle-même écrivain) dans la fiction.
    Sarah est une quarantenaire délaissée par un mari qui semble vivre dans son bureau et qui possède 75% de leur...
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    Non, non et non !

    Un écrivain (sous lequel on imagine Reinhardt himself) écrit à sa demande un roman sur la vie de Sarah qu'il nommera Suzanne (elle-même écrivain) dans la fiction.
    Sarah est une quarantenaire délaissée par un mari qui semble vivre dans son bureau et qui possède 75% de leur bien immobilier. Suzanne confie à son mari qu'elle souhaite une juste répartition des avoirs et qu'il soit plus présent dans sa vie. Elle décide de partir.

    Que c'est long ! Si l'idée de la mise en abyme Sarah/Suznne est intéressante et habilement menée, l'histoire tourne en rond. L'ennui guette et le dialogue entre l'écrivain et Sarah n'a pas suffi à me tenir en haleine.

    Le texte semble être un making-of ou la conversation pré-prod d'un projet dans lequel Sarah est spectatrice de sa propre vie (au lieu de la vivre) et l'écrivain spectateur de son travail (pour mieux en retirer la qualité). Résultat ; ce n'est ni une autofiction, ni un essai sur l'écriture, ni le récit de la vie de Sarah.
    P90 : « Ne serait-on pas à deux doigts de engourdissement métaphysique ? »
    Je ne me serais pas mieux posé la question, il faut accorder cela à l'écrivain.

    Parlons de l'héroïne. Sarah/Suzanne. Architecte, donc intelligente. Enfin, on s'y attend. Mais non. Elle ne s'est pas rendue compte des 75% en signant les papiers. Elle craque pour un tableau qu'elle n'achète pas, pour ensuite l'acheter quand sa cote est montée à 10 000. Etc, etc, jusqu'à la folie. Chaque décision parait moins crédible que la précédente, voire misogyne de la part de l'auteur.

    L'épilogue est à l'avenant du texte, pompeux. Sarah envoie une missive à l'écrivain pour le remercier du livre et lui souhaiter le meilleur pour la saison des prix littéraires :
    « Je crois les doigts pour les prix littéraires, j'ai vu que vous étiez en lice pour quelques-uns. »
    On n'est jamais si bien servi que par soi-même.

    Bilan :
    Pourvu que le jury Goncourt résiste à la pression Gallimard.

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  • Le roman est construit sur la dualité entre deux personnages, Susanne et Sarah, avec une mise en abyme assez époustouflante.
    Sarah raconte à l’écrivain sa propre histoire afin qu’il la retranscrive de façon fictive (elle ne veut pas être reconnue) Il invente Susanne, qui va vivre sa propre vie...
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    Le roman est construit sur la dualité entre deux personnages, Susanne et Sarah, avec une mise en abyme assez époustouflante.
    Sarah raconte à l’écrivain sa propre histoire afin qu’il la retranscrive de façon fictive (elle ne veut pas être reconnue) Il invente Susanne, qui va vivre sa propre vie tout en traversant les mêmes drames que Sarah.
    Toutes deux, mariées et mères de deux enfants, se sentent délaissées par leur mari. Elles vont décider de s’éloigner du domicile conjugal pour réfléchir et se reconstruire, espérant que cette rupture provisoire provoquera un choc positif chez le mari.
    Sarah, qui se remet d’un cancer, a besoin de stabilité affective. Elle va pourtant assister à sa disparition dans la vie de son mari et de ses enfants, qui semblent très bien vivre sans elle. Choc aussi d’une vie précaire puisqu’elle a arrêté de travailler et que c’est le mari qui possède la majorité du patrimoine.
    De son récit, l’écrivain tisse des similitudes avec son héroïne Susanne qui vit les mêmes affres dus à l’indifférence de son mari, mais il va le raconter différemment, allant même jusqu’à chercher une ville de province où situer son action, et ce sera Dijon dont il explique le choix à Sarah
    « Il lui répondit qu’initialement, il avait voulu situer cette histoire dans le ventre du territoire français (si on peut dire), pour activer une sorte de métonymie. ».

    Peu à peu, l’histoire se renverse, à la grande surprise du lecteur. On croyait avoir affaire à Sarah racontant son histoire, mais c’est en réalité l’écrivain qui parle de Susanne, à elle comme à nous, lecteurs, et qui mêle habilement les vies des deux femmes au point de nous perdre. Qui est qui, finalement ? Toutes deux frôlent la folie, leur détresse est la même, leur chute aussi, mais la progression qui les mène à ce même point ultime emprunte des chemins différents.
    Si le rapport des deux mères avec leur fille Paloma est conflictuel, celui avec Luigi le fils adolescent est plus complexe et j’ai aimé cette connivence entre mère et fils et cette tendresse qui résiste aux assauts du père.
    Si j’ai goûté à la forme de ce roman original qui mystifie son lecteur en l’entrainant dans deux histoires qui n’en font plus qu’une, j’ai été beaucoup moins conquise par le fond. Chez Susanne et Sarah, je n’ai pas apprécié leur posture de bourgeoises aisées aux métiers libéraux, et cette façon de se saborder toutes seules d’une vie dont le seul drame est ce mari égocentrique et distant qui deviendra vite toxique.

    Ce procédé mettant en scène un écrivain s’appropriant l’histoire d’une femme qui se confie à lui, l’auteur l’avait déjà utilisé dans « L’amour et les forêts ». Mais je le trouve plus abouté, plus subtil aussi, dans « Sarah, Susanne et l’écrivain ».
    Je sors tout de même avec une impression mitigée de ce roman qui présente des longueurs et des passages assez décousus. Dans l’ensemble, la lecture n’est pas facile et il faut accepter de se laisser mystifier par le mélange de deux personnages. Parfois, on suit le récit de Sarah pour passer, sans transition, à celui de Susanne et c’est déroutant. L’emprise du mari, la toxicité dans le couple auraient pu être davantage creusés, alors que l’auteur s’attarde beaucoup sur la crise de folie de son personnage et j’ai eu l’impression que l’écrivain cherchait davantage le spectaculaire que l’empathie avec son héroïne.
    Pour le lecteur qui apprécie cette dualité entre réel et imaginaire, c’est le roman idéal ; Par contre, on peut être vite agacé par l’abus du procédé.
    Un roman intrigant, sans aucun doute.

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  • Éric Reinhardt est un usurpateur de talent. Son nouveau roman s’ouvre sur un dialogue entre un écrivain et son sujet d’inspiration, Sarah, la quarantaine bien tassée. Cette dernière lui a confié son histoire. Un cancer du sein en rémission la pousse à s’interroger sur sa vie et à demander à son...
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    Éric Reinhardt est un usurpateur de talent. Son nouveau roman s’ouvre sur un dialogue entre un écrivain et son sujet d’inspiration, Sarah, la quarantaine bien tassée. Cette dernière lui a confié son histoire. Un cancer du sein en rémission la pousse à s’interroger sur sa vie et à demander à son conjoint de faire un breack dans leur vie commune. Mais, c’est l’image racontée de Sarah assise sur un banc pour regarder les fenêtres de son ancien appartement et regarder son univers, où elle est dorénavant absente, passé devant elle qui inspire Eric Reinhardt à écrire Sarah, Suzanne et l’écrivain.

    Alors, l’écrivain invente un double de papier, Suzanne, proche de l’histoire de Sarah complété, au fil des pages, de ses propres projections jusqu’à influencer l’évolution de Sarah, mère de deux enfants proches de devenir adultes.
    Roman du double


    Écrivain des images porteuses d’émotions, Éric Reinhardt créé un triumvirat entre une femme et son double de fiction où l’écrivain joue un rôle d’arbitre entre réel, imagination et symbolique. Des longs dialogues entre Sarah et l’écrivain, il s’ensuit un roman qui se construit petit à petit entre double et identification, déjà évoqué dans L’amour et les forêts (Prix Renaudot des lycéens en 2014).

    En reprenant le même thème, Eric Reinhardt apporte une réponse étayée à l’accusation dont il a été victime à la sortie de son roman. En effet, une mise en demeure déposée auprès de Gallimard pour atteinte à la vie privée et contrefaçon était menacée d’être déposée par l’avocate de la protagoniste lors de la sortie de L’amour et les forêts. Dans cette affaire, l’inspiration semblait s’éteindre par la production de certaines parties d’un texte, de moins de cinquante pages, adressées par la plaignante à l’écrivain, avant sa parution.

    Néanmoins, le roman, Sarah, Suzanne et l’écrivain, semble de plus en plus étrange. Au départ, l’attirance pour un tableau fait perdre la mesure à Suzanne, premier événement d’une longue série qui devrait permettre à Sarah d’ouvrir les yeux sur son vécu.

    Comme dans un tableau de Hopper, Eric Reinhardt nous rend témoin de l’immense solitude de Sarah. Ayant voulu exprimer son désir, suite à sa rémission, elle se trouve exclue de sa propre vie. Cette violence silencieuse que Sarah subit, sans jamais accabler son mari, ne prend toute son intensité dramatique que par le récit qu’en fait l’écrivain par le vécu de Suzanne qu’il lui propose. Sarah précise et questionne en donnant son avis sur le déroulé du roman. Suzanne se construit au fil de leurs échanges. Sarah et Suzanne, les prénoms s’emmêlent, se confondent obligeant le lecteur à s’attacher aux signes plutôt qu’au sens.

    Roman féminin
    C’est au cœur d’une machination diabolique que nous convie Eric Reinhardt ! Et, il faudra attendre la scène avec Momo (presque à la fin) pour que le fou rire de Suzanne réveille la torpeur dépressive de Sarah, la même que celle où l’écrivain a plongé son lecteur !

    Car, ici, le couple est synonyme de domination. Celle d’un homme, ayant perdu l’objet de son amour, qui n’a de cesse que de la “tuer” symboliquement. C’est une violence insidieuse décrite par le menu jusqu’à la folie pour l’une et l’accident pour l’autre.

    Eric Reinhardt confirme son désir de créer des personnages féminins, qualifiées de naïves par d’autres, mais qu’il décrit comme dénuée de duplicité, éprise de liberté et d’absolu, et surtout, d’une confiance à toute épreuve en ceux qu’elles aiment. Le personnage de Sarah en est encore une incarnation.

    Roman spécial prix littéraire
    Eric Reinhardt détaille la position de l’écrivain et la relation tenue avec son sujet. En revenant sur un sujet déjà entrevu, il complète sa réflexion autant avec le milieu littéraire, qu’avec les critiques et même les distinctions. Franchement, le roman, Sarah, Suzanne et l’écrivain, répond parfaitement aux attentes d’un Goncourt : une œuvre littéraire parfaitement ancrée dans une actualité reconnue (la place des femmes) jouant sur un procédé littéraire (le double) et détaillant la position de l’écrivain ! Alors ! Réponse le 7 novembre 2023…

    Chronique ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2023/10/31/eric-reinhardt-sarah/

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