Vous cherchez des idées de lecture ? Vous êtes au bon endroit !
Un western chorizo en Andalousie !
Les vacances rocambolesques d'une vieille dame délurée embarquée dans une vendetta farfelue, entre mémoire traumatique et reconquête joyeuse d'elle-même.
« Aujourd'hui du haut de mes mille années, il m'apparaît qu'à bien des âges de ma vie, j'ai eu «peur pour mon corps». De cette bonne vieille trouille qui vous agrippe les tripes et vous pique et vous nique. J'ai eu peur dans toutes mes cours de récré, pour mes seins naissants, pour mes fesses, mes culottes, mon sexe, peur des moqueries, des attouchements, de la violence. Et peur en famille aussi. »
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Il y a des unions évidentes. Isabelle Wéry publiée Au Diable Vauvert, c'est une évidence. Son univers est taillé sur mesure pour se fondre dans la ligne éditoriale de la maison.
Mademoiselle Vanina a 1000 ans. Elle en a vécu des choses ! Une longue vie dissolue durant laquelle elle a trainé ses guêtres dans toute l'Europe et jusqu'en Chine. Pourtant l'Andalousie lui est encore Terra Incognita. Ses vacances espagnoles (offertes par les petits-neveux qui reluquent son héritage) vont lui faire découvrir tout un monde baroque et lui permettre de se redécouvrir elle-même.
Entre les orangers et la Sierra Alhamilla, Vanina rencontre le Chat, la Femme Girafe, le Chien et même le fantôme du Marin Mort. L'Ancienne, aussi extravagante que les autochtones, se mêle dans cette étrange fourmilière et se livre sur son passé. L'occasion pour elle de regarder dans le rétroviseur avec un regard neuf et de remettre en cause ce qu'un certain Sergio lui a fait vivre quand elle était jeune.
Rouge western est une fantaisie joviale, une folie douce qui renferme en son coeur quelques sujets lourds comme si Isabelle Wéry avait enrobé la laideur d'un papier cadeau flamboyant, comme si elle nous rappelait qu'il faut vivre plus fort malgré tout.
A l'image de Sweetie Horn, personnage principal du roman précédent de l'autrice, Vanina est une héroïne ébouriffante. Ses aventures ibériques pourront dérouter les plus cartésiens d'entre vous mais quel régal. C'est enlevé, drôle, décomplexé. Je n'en attendais pas moins de l'autrice.
En route pour le soleil de l'Andalousie. Mademoiselle Vania fête ses 1000 ans, un millénaire ce n'est pas rien, elle en a vu et vécu des choses, elle a roulé sa bosse un peu partout dans le monde et en Europe mais la Sierra Alhanilla, elle ne connaît pas. En route pour cette terre inconnue, cadeau d'anniversaire de ses neveux. C'est le chat qui vient la chercher à l'aéroport et la conduit au "Cortijo del pescado", où elle rencontrera le chien, un joueur invétéré et la girafe, une jeune fille qui a tout plaqué pour vivre en harmonie avec la nature loin de notre société de consommation.
Vous vous doutez bien qu'il va arriver des tas de choses à notre vieille dame, toujours alerte, un genre de "mémé Cornemuse" (personnage truculent de Nadine Monfils), elle n'a peur de rien, ni de la chaleur, de ce désert qui a pourtant failli lui faire passer l'arme à gauche. Elle se souvient de sa jeunesse, de ses peurs, des violences sexuelles subies, de ce patriarcat dominant toujours sur la condition des femmes.
Elle se souvient, écoute ses nouveaux amis qui se confient et complotent pour tuer ce patriarcat. C'est un peu loufoque, on rit, c'est vraiment drôle et décomplexé et pourtant ce sont des sujets graves qui sont abordés.
On est dans le désert qui a souvent servi de décor au cinéma, aux westerns de Sergio Leone, aux films d'Almodovar et autres. On parle du réchauffement climatique aussi mais avec beaucoup de bonne humeur.
Bravo à Isabelle Wéry d'aborder de cette manière des sujets importants, de nous pousser à la réflexion avec autant de bonne humeur. Merci pour le gros fou rire aussi apporté en cours de lecture, ça fait un bien fou.
Ma note : coup de coeur ♥♥♥♥♥
Sélection finaliste Prix Rossel 2023
Les jolies phrases
C'est qu'elle va nous en refiler plein la gueule, la nature, elle va se rebeller comme une vraie résistante. Et va nous étouffer, toutes et tous autant que nous sommes, milliard de créatures vivantes.
Combien de fois n'ai-je pas eu la sensation, après la lecture d'un roman, que les images décrites par l'autrice ou l'auteur s'ancraient dans ma mémoire, que ces images s'y installaient comme si elles faisaient partie des souvenirs de ma vie réelle. Des images créées par des mots et qui ont la même force que les souvenirs.
Pourquoi les mères et les pères n'apprennent pas systématiquement à leurs filles et fils à oser dire "non"? Non, je ne veux pas faire l'amour avec toi ... Non, je ne veux pas de rapport anal avec toi... Non, je mets une capote. Et surtout, pourquoi les mères et les pères n'apprennent pas à leurs filles à respecter ce "non"?
Pourtant, aujourd’hui du haut de mes mille années, il m’apparaît qu’à bien des âges de ma vie, j’ai eu “peur pour mon corps”. De cette bonne vieille trouille qui vous agrippe les tripes et vous pique et vous nique. J’ai eu peur dans toutes mes cours de récré, pour mes seins naissants, pour mes fesses, mes culottes, mon sexe, peur des moqueries, des attouchements, de la violence. Et peur en famille aussi.
J'ai hésité une seconde à ouvrir mon portable mais me suis rabattue sur l'idée de lire un livre. Et un vrai livre de papier, que je préfère souvent aux livres numériques. J'aime bien "le temps du papier". Je traîne devant des écrans et le papier me procure une sensation d'un autre espace.
https://nathavh49.blogspot.com/2023/11/rouge-western-isabelle-wery.html
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