Des conseils de lecture enthousiasmants et étonnants !
Annabella Morelli, vingt-trois ans, habite dans le Vieux Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante, amou reuse et se rêve poétesse. Ses parents : un ouvrier franco-italien exilé en Afrique ; une villageoise congolaise, devenue mère trop jeune. De son enfance, Annabella se rappelle l'odeur du karité, les danses endiablées et les éclats de rire. Jusqu'au Noël de ses sept ans où la colère de son père explose et sa mère quitte le domicile familial : Annabella grandit vite, dans l'ombre de son père et de ses excès. Lorsqu'elle apprend la mort de ce dernier, resté en Afrique, son monde s'effondre pour la deuxième fois. Confrontée à la question du rapatriement du corps en France, Annabella enquête, se perd, fouille et démêle bien plus que ce qu'elle cherchait. Secrets de famille, mensonges, corruption. Jusqu'à la dernière page, nul ne sera épargné, pas même elle. Un premier roman haletant qui signe la naissance d'une écrivaine.
Des conseils de lecture enthousiasmants et étonnants !
Il est toujours trop tôt quand on perd un proche. On n'est jamais prêt. Comment gérer les conflits avec ses parents ? Comment gérer sa vie quand on n'a pas appris les bases, les valeurs, aux cotés de sa mère et de son père ? Annabella, jeune va apprendre, car des gens, des proches vont lui tendre la main. Annabella va trouver l'énergie pour son combat. Heureusement, seul l'amour règne.
L’héroïne, Annabella Morelli, étudiante à Lyon, apprend la mort de son père dans un accident sur un chantier au Cameroun. Les conditions de sa mort ne sont pas très claires, et la société qui l’employait ne veut pas payer pour le rapatriement du corps en Charente-Maritime d’où la famille est originaire.
Dès les premières pages, on découvre une jeune fille déboussolée, qui ne sait comment récupérer le corps de son père, ce père avec lequel elle avait coupé les ponts, fuyant ses mensonges, sa folie alcoolique et sa jalousie.
« et l’herbe a déchiré l’asphalte
Rendant mon père fou d’alcool, de solitude
Ou bien c’était que le vin de palme
Plus fort lorsqu’il est laissé au soleil
Attaquait ses nerfs
Mon père les yeux rouges maintenant. »
Annabella se débat, elle est assaillie par ses souvenirs d’enfance au Congo-Brazzaville puis au Gabon lorsque la guerre civile a éclaté en 1998. Elle se souvient de cette vie libre et insouciante, de l’amour de son père et de ses excès, ses colères qui ont poussé sa jeune épouse africaine à le quitter. Annabella a perdu cette mère congolaise, une mère enfant et elle a choisi l’amour exclusif du père
« - Annabella ma fille, tu dois comprendre, dès aujourd’hui, que personne ne t’aimera jamais comme moi je t’aime. »
La dépression a suivi le départ de la mère. Beaucoup plus tard, elle finit par s’éloigner de ce père exclusif. Que reste-t-il de tout cela ? Et que représente cette famille de France, la tante et l’oncle Morelli, qui n’ont pas l’argent pour faire rapatrier le corps. Ils sont confrontés aux complexités juridiques et à la corruption qui règne en Afrique. L’histoire de la mort accidentelle varie et la dernière compagne du père a disparu dans la nature. A qui peuvent-ils faire confiance pour connaitre la vérité ?
Le texte est très morcelé, tout comme l’est Annabella, tiraillée entre ses souvenirs d’Afrique, sa vie étudiante sans le sou et son avenir d’enseignante. Tout comme son père, elle s’arrange avec la vérité, fuit les responsabilités.
L’histoire est celle d’un drame, celui d’un deuil, celui d’une liberté et de l’innocence perdues. Cette quête va forcer Annabella à regarder la vérité en face et se décider enfin à vivre sa propre vie.
Dans ce premier roman aux accents autobiographiques, l’auteure a su raconter avec une plume sensible et rude cette dualité entre deux cultures, entre le père et la mère, entre une vie libre et bohème et l’avenir professionnel. On suit les renoncements et les révoltes d’Annabella et on ressent de l’empathie pour cette jeune femme disloquée.
« Rapatriement » et un roman d’apprentissage émouvant.
Alors qu’elle apprend le décès de son père, Annabella se voit dans l’obligation de faire un arrêt sur image de son parcours. Étudiante un peu pommée, accumulant les dettes depuis que les mandats paternels n’arrivent plus, la relation qu’elle vit avec Gabriel se dégrade : rien ne va plus et la disparition soudaine du père ne fait qu’ajouter une pierre de plus à cet édifice bancal.
Les souvenirs reviennent, et avec eux l’évocation de l’enfance en Afrique, du départ de sa mère et de la relation de son père avec une compagne plus jeune. L’histoire se double d’un mystère : les conditions de la mort du père ne sont pas claires, et sa vie semblait évoluer en eaux troubles.
Les révélations soudaines mettent en lumière une autre image du père, suscitant des sentiments contradictoires, entre colère et nostalgie. Ce qui ne la tue pas la rendra t-elle plus forte ?
L’écriture reflète l’état d’esprit et le chaos qui règne dans l’esprit de la jeune femme. Invoquant la poésie et la littérature comme remède au désarroi intérieur, le récit peut apparaitre confus, mais la cohérence est là, en résonance avec le tourment ressenti.
Premier roman en partie autobiographique, avec un vrai travail sur la langue.
216 pages Grasset 31 janvier 2024
"On n'oublie jamais la voix du père : c'est un bruit perpétuellement cousu au cœur. J'ai posé mes joues sur le sol pour refroidir ma tête gonflée de bruits, et il m'a semblé que tout mon corps se déchirait dans ma poitrine."
La lumière du jardin, les livres jetés sur la table, l'arrondi d'un crayon, de toute urgence, le pont émeraude, être absente du monde, un immeuble orange, une arrogance certaine, des murs gris décrépis, la saison sèche, les pièces de monnaie économisées, des serpents de terre, brasser du vent, un verre d'eau et du silence, un sac de nœuds, un départ discret le soir, rouge de boue, l'exploitation du manganèse, un toast au saumon, la folie qui éclate, une allée de gravier, la fascination pour une vie étrange, l'odeur du pain et du karité, une colère d'ivrogne, les cadeaux de Noël, des éclats de rires, un regard bleu vert, un petit carnet, une voix d'orage, le fauteuil de mamie, la main dans la poussière, une procédure nécessaire, un chemin d'ombres...
Un très grand merci à Lecteurs.com, et aux Éditions Grasset (avec des collections pleines de richesses littéraires) pour ce premier roman primé, prenant, secret, vulnérable de Ève Guerra sur cette mort symbolique et réelle et sur ces conséquences.
Être écrivain.
Être libre.
Ne rien devoir à personne.
Préférer la fiction à la vie elle-même.
Être parfois abandonnée par les mots.
Être incapable de dire la vérité.
Se sentir inconsolable pour toujours.
Face à la mort d'un proche, chacun réagit de manière différente. Pour Annabella Morelli, apprendre le décès de son père qu'elle considérait déjà comme mort va être un véritable bouleversement et une remise en question pour cette jeune étudiante lyonnaise.
Premier roman inspiré de sa propre vie, Eve Guerra nous offre un texte fort où la question du rapatriement de son père va réveiller en elle de nombreux souvenirs pour cette jeune fille née Congo Brazzaville.
Concernant le style, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman où les idées s'entremêlent (littéralement parlant) ce qui m'a demandé une forte concentration. Pourtant, ce tourbillon d'idées donne au récit un caractère différent de ce qu'on a l'habitude de lire et m'a rappelé le côté fugace des idées que l'on peut avoir.
Une fois habituée, j'ai trouvé que la plume de l'auteur était plaisante à lire et que celle-ci arrivait à bien nous faire ressentir les sentiments de son personnage principal qui doit faire face à la mort d'un père qu'elle n'avait pas vu depuis 2 ans.
Je tiens à remercier Version Femina pour la découverte de ce premier roman qui a su se démarquer par son style et par sa forme de ce qu'on a l'habitude de lire...
Une triste histoire de famille ,mais très prenant ,elle decouvre une autre facette de sa famille ,percutant, ses drames familiaux, immense ,je trouve pour un premier roman il est très attachant et
, une bonne lecture à découvrir avec plaisir
Un premier roman d’une femme de lettres.
Annabella est étudiante à Lyon. Elle apprend la mort de son père, là-bas, en Afrique. Sa vie va s’en trouver bouleversée. Elle avait tué l’idée de son père, il y a deux ans. Elle va vivre un deuxième deuil pour ce père dont elle était si proche, enfant.
Elle va devoir rapatrier le corps de son père en France et va se heurter à des problèmes financiers, à des découvertes sur les circonstances troubles du décès de son père et va se confronter aux souvenirs douloureux de son enfance.
C’est un roman très intime, où l’auteure livre avec une grande pudeur les rapports de son personnage avec ses parents, avec sa famille.
Un texte qui sent très fort l’autobiographie et qui s’ancre dans la vie pour raconter notre société, le quotidien et les difficultés des étudiants éloignés de leurs proches.
Entre l’Afrique, Lyon et la côte atlantique, j’ai parcouru avec Annabella des kilomètres en me disant que notre seule patrie c’est ceux qu’on aime.
Vivre sa jeunesse en Afrique, bringuebalée d’un pays à l‘autre en fonction des coups d’états et des faillites d’entreprises et n’avoir pour seul repère que son père, excessif, alcoolique mais aimant, ce n’est pas l’idéal pour construire une personnalité équilibrée.
Du Congo, au Gabon puis au Cameroun, Anna a connu les riches heures des expatriés dans les pays africains où la main d’œuvre spécialisée s’arrachait à prix d’or.
De la vie privilégiée des colons à la vie d’aventurier des techniciens itinérants, où il s’agissait parfois de fuir de nuit pour échapper à une guerre civile ou de quitter d’urgence un pays après la faillite d’une entreprise, elle n’a eu d’yeux que pour ce père qui l’a aimé passionnément et l’a laissée s’épanouir à sa guise.
Un amour fusionnel qui s’est concentré après le départ de sa mère africaine et a fait d’elle une jeune fille aux rapports difficiles avec les autres. Une fois installée en France pour ses études de littérature, alors qu’elle pense s’être libérée de cette relation exclusive, Anna voit resurgir violemment ce passé avec la mort accidentelle de son père sur un chantier de Douala. Totalement effondrée, elle rejoint sa famille paternelle à Saint-Palais et, plongée dans ses souvenirs de vacances, elle tente de faire rapatrier le corps depuis le Sénégal.
Eve Guerra porte un regard poétique et sensible sur cette vie de brousse où a évolué, en toute liberté, « la fille du Blanc » qui se sentait « Africain dans l’âme ». Avec cette histoire émouvante d’une jeune femme déchirée par un passé bohème et déstructuré, l’autrice nous plonge dans un vécu d’insouciance et d’excès, vibrant des voix omniprésentes des êtres aimés.
Un premier roman écrit dans un style assez particulier, fait d’abord de sensations mais qui s’étoffe au fil de l’histoire, comme un reflet de la lente construction d’une maturité, perturbée par une jeunesse marginale.
Je suis un peu restée sur ma faim de ne pas avoir partagé plus longtemps la vie africaine d’Anna, ses souvenirs en France et ses liens familiaux m’ayant peu captivée. Mais j’ai trouvé passionnant le décalage entre les différentes vies de ces expatriés et c’est ce qui me restera de cette lecture révélatrice.
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