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C'est sous le crayon de Sylvain Dorange que Jacques Mathis conte sa propre histoire, celle d'un homme mégalomane coincé dans un corps étriqué en comparaison de ses idées. Son enfance, passée dans une petite bourgade lugubre de Lorraine, s'est arrêté à 14 ans, l'année où il fait sa première vraie crise. Et puis les femmes, l'adolescence, le théâtre, la littérature ont eu raison de ses doutes. Jacques Mathis nous livre avec Psychotique un témoignage touchant et sincère de son quotidien, depuis la découverte de sa pathologie en passant par ses multiples passages en hôpitaux psychiatriques, ses séances chez la psy, ses hauts et ses bas.
Cela pourrait raconter un rêve parce que les dessins sont d'une extraordinaire poésie. Entre science fiction et fiction avec des formes et personnages qui se développent et se superposent avec la "réalité". La "réalité" de Jacques est différente des "gens normaux". En fait, ces dessins décrivent la maladie mentale de Jacques Mathis, mise en dessin par Sylvain Dorange. Cette maladie, nous la vivons de l'intérieur de la tête de Jacques , nous n'en connaissons pas son "nom médical". Dans un premier temps, on ressent peu de crainte, frayeur ou phobie, puis les ombres grandissent, deviennent anxiogènes, glissent sur Jacques et l'enveloppent comme si quelque chose de surnaturel qui l'habite.
Connaissant la bipolarité dans mon entourage, les dessins m'ont plutôt fait penser à un autre handicap, l'autisme avec ce monde parallèle. Jacques est "étrange" , il fait des choses "étranges" . Les premières pages, alors qu'il est en maison de repos pendant plusieurs mois, ingurgitant des médocs , jouant au scrabble, et suivant gentiment le troupeau, révèlent à demi mots, que le mal est profond et certainement suicidaire, cependant dans la tête de Jacques tout va bien ou à peu près.... docile, inoffensif. Camisole chimique qui fait taire la folie délirante.
L'enfance et l'adolescence ont été une période cruciale : la scène de l'exorcisme est particulièrement traumatisante, comment ne pas être marqué , mais quels événements ont pu amener le père de Jacques à consulter ce prêtre moyenâgeux ?
Jacques est un marginal mais a des amis, aime des femmes ou des hommes, ne juge pas la folie des autres, l'observe, l'apprivoise. Et on suit sa vie et ses crises mégalomanes façon montagnes russes.
Un récit hors norme et des superbes dessins qui nous plongent dans l'univers de la maladie psychiatrique, le tout formant un roman graphique très touchant, très "ovni" comme le thème
"Pour certaines personnes, il y a ceux qui sont acteurs de leur vie, et il y a ceux qui la subissent.
Même parmi mes amis, j'entends parfois ce genre de raisonnement simpliste, que si vous subissez votre vie, c'est que vous êtes un faible, que vous manquez d'esprit d'initiative...
Pour ma part, je n'ai rien choisi. Les éléments les plus importants de ma vie sont les résultats de non-choix."
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