"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le chemin parcouru nous ramène souvent à l'enfance, nous suivons une voie qui nous conduit vers ce que nous ignorions de nous-mêmes. Hélène Veyssier raconte avec beaucoup de délicatesse le parcours d'Agnès et son histoire avec Antoine.
Agnès et Antoine sont des amis d'enfance, vingt ans plus tard ils se retrouvent par hasard enseignants dans la même université, s'ensuit une amitié joyeuse. Pourtant, laisser-aller d'un soir de fête, un drame va advenir, et pour Agnès les regrets et les doutes. Serait-elle responsable ? Effroi, souffrance, et surtout implacable sentiment de culpabilité, les souvenirs affluent : son amitié avec Antoine, mais aussi le départ de son père lorsqu'elle était enfant. Tout se mêle, tout fait écho.
J'ai découvert cette auteure avec son premier roman "Jardin d'été" qui m'avait profondément touchée et lui suis fidèle depuis. "Pleine lumière" est son 3ème roman. Si le 2ème, "Comme une ombre portée" était proche du premier par les thèmes et l'atmosphère, celui-ci nous offre un autre univers où l'émotion est là à chaque détour de phrases.
Paris, juin 1994, Agnès, 27 ans, enseignante à la faculté de Jussieu, où elle a retrouvé un ami d'enfance, lui aussi enseignant, Antoine, participe à une fête avec tous ses collègues. Elle a un eu trop bu et passe la nuit avec Antoine; le lendemain matin, elle regrette car elle ne ressent ni amour, ni désir pour lui, uniquement une profonde amitié. N'arrivant pas à lui parler, elle lui laisse une lettre dans sa boîte aux lettres le soir même. Et c'est le drame.
Agnès est effondrée et est surtout étreinte, écrasée par un terrible sentiment de culpabilité qui fait écho à celui qu'elle a ressenti lorsque, à 8 ans, elle a craché à la figure de son père qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle ne voulait plus le voir; deux jours après, il les quittait, elle et sa mère. Deux hommes qu'elle aimait, qu'elle a rejetés, ont disparu de sa vie.
Les souvenirs affluent qui donnent lieu à des pages d'une tendre nostalgie mais aussi d'un manque déchirant du père jamais revu, d'une amitié précieuse à jamais disparue. Ce sont ces souvenirs, le temps, la découverte des raisons qui ont conduit à la perte de son père et d'Antoine, auxquelles elle est étrangère, qui la conduiront à la "pleine lumière" et à l'apaisement.
La couverture, qui s'inspire du tableau intitulé "Morning Sun" (1952) de Edward Hopper, un de mes peintres préférés, est une magnifique métaphore du long et douloureux chemin que parcourt Agnès vers la lumière. La femme du tableau, c'est Agnès, à la fois dans la solitude de la culpabilité et devant un vide vertigineux mais aussi, enfin, dans la sérénité, baignée par une douce lumière.
J'ai retrouvé, avec un immense bonheur, le style épuré de l'auteure, comme un souffle qu'on n'arrive pas à reprendre, qui vous saisit d'émotion, vous serre le cœur. L'écriture est délicate, pleine de douce empathie pour celle qui souffre, qui pourrait être nous.
Un magnifique roman.
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