Chronique des Explorateurs de la rentrée littéraire sur "Où bat le cœur du monde" de Philippe Hayat
"Sa musique décrivait un coin du ciel, une façade éclaboussée de lumière, invisibles sans jazz. Il jouait et la joie se réveillait d'un rien et de partout.".
À Tunis dans les années trente, Darius Zaken est frappé de mutisme après la disparition brutale de son père. Élevé par sa mère Stella qui le destine aux plus hautes études et sacrifie tout à cette ambition, il lutte pour se montrer à la hauteur. Mais le swing d'une clarinette vient contredire la volonté maternelle. Darius se découvre un don irrésistible pour cet instrument qui lui redonne voix. Une autre vie s'offre à lui, plus vive et plus intense.
De la Tunisie française aux plus grandes scènes du monde, en passant par l'Europe de la Libération et l'Amérique ségrégationniste, cette fresque est un magnifique roman d'initiation et d'émancipation, mené au rythme étourdissant du jazz.
Chronique des Explorateurs de la rentrée littéraire sur "Où bat le cœur du monde" de Philippe Hayat
Le personnage de Darius traverse des moments clés de l'Histoire - l'occupation française en Tunisie, l'antisémitisme montant, la 2nd guerre mondiale, le racisme violent dans les états sud américains - et malheureusement ces moments sont à peine survolés ou suggérés. L'auteur ne tombe clairement pas dans le pathos au point qu'au final, les personnages manquent un peu de saveur et ne transpirent presque aucune émotion. Tout ne tourne qu'autour d'une chose essentielle pour le personnage principal : le jazz..
Néanmoins, ce livre m'aura permis de prendre conscience à quel point le jazz fut un véritable exutoire pour toute une population et pour d'autres, un rêve, une carrière sur les sommets, une autre vie pour échapper à la misère du monde. L'hymne des Alliés comme dit le livre, un véritable mouvement qui ralliait et défiait toutes les races et religions.
Années 30, Tunis. le jeune Darius Zaken grandit heureux entre son père libraire et sa mère Stella. Bien que vivant dans le quartier juif, le père, fin lettré, envisage de transférer sa librairie dans le quartier français pour son rayonnement culturel.
Or un matin, des émeutes éclatent, la communauté musulmane estimant que la communauté juive est favorisée par l'administration coloniale. Darius et son père qui revenaient de la synagogue vont se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
La librairie sera saccagée, le père de Darius tué sous les yeux du jeune garçon qui sera lui-même gravement blessé à une jambe. Mais le traumatisme psychologique sera tel que ce dernier va en perdre définitivement l'usage de la parole.
Sa mère fera d'énormes sacrifices pour qu'il puisse suivre une scolarité dans de bons établissements. Darius se bat de toutes ses forces, essaie d'étudier mais l'état de survie psychologique dans lequel il se trouve empêche toute réussite.
Sa rencontre avec une vieille clarinette va lui redonner goût à la vie et la musique qu'il joue avec beaucoup de talent va remplacer sa voix.
Quand l'armée américaine débarque à Tunis en 1943, Darius est âgé de 17 ans. Il fréquente des soldats noirs, musiciens de jazz, et joue avec eux dans des cafés.
Sa vie en sera chamboulée : il va s'engager afin de suivre ces soldats et partir aux Etats Unis pour jouer ce jazz qu'il aime tant.
De galères en tournées dangereuses dans une Amérique ségrégationniste, Darius persiste même s'il connaît le froid et la faim jusqu'à ce qu'une carrière triomphale s'offre à lui.
Au rythme des morceaux de jazz évoqués dans ce formidable roman, on suit avec une grande empathie le parcours de Darius.
Et pour vous mettre dans l'ambiance, écoutez Duke Ellington :
https://youtu.be/q¤££¤9De Darius14¤££¤
Une fresque aussi riche qu'émouvante qui plonge le lecteur en plein cœur de Tunis passant par l'Europe et l'Amérique. On suit un personnage attachant et sympathique, Darius, qui devient muet et qui va persévérer dans la musique pour trouver sa place dans le monde ! Émouvant, riche et poétique ! Un livre qui fait du bien !
Si j'ai lu Où bat le cœur du monde de Philippe Hayat, c'est avant tout parce qu'il fait partie d'une sélection de six livres à lire et à élire pour le Prix des lecteurs des 2 rives organisé par ma médiathèque.
Je dois dire que j'ai été bluffée de bout en bout par la maîtrise avec laquelle l'auteur fait vivre ce personnage fictif Darius Zaken, qui deviendra le grand jazzman Darry Kid Zak. Il lui fait croiser tout un tas de personnages bien réels, et pas des moindres, comme Miles Davis, Chet Baker, Billie Hollyday ou Charlie Parker dit Bird.
Même si le roman débute à Paris en 2015 par le concert d'adieu que donne le grand jazzman Darry Kid Zak, la suite nous contera la vie de Darius à partir de 1935, depuis la Tunisie française en passant par l'Italie où nous assisterons au débarquement des Alliés jusqu'à cette Amérique ségrégationniste. Ces considérations historiques sont passionnantes et très instructives. J'ai d'ailleurs beaucoup appris sur l'histoire des juifs en Tunisie.
Le jeune Darius devient muet et gardera une boiterie toute sa vie à la mort de son père lynché sous ses yeux, victime d'une émeute visant la communauté juive dont il fait partie. Sa mère Stella se sacrifiera pour lui, essayant de l'empêcher de jouer de la clarinette pour qu'il se concentre entièrement à ses études. Darius a un don irrésistible pour cet instrument qui lui redonne voix et il lui faudra beaucoup de courage pour fuir l'amour dévorant de sa mère et satisfaire ses rêves : "Parfois, pour exister, il faut accepter de faire souffrir ceux qu'on aime."
Mais, paradoxalement, c'est la force extraordinaire de l'amour de cette mère dont il va devoir se séparer qui va lui permettre de devenir ce qu'il est devenu " … à cause d’elle il avait failli ne pas être, et, sans elle jamais il n’aurait été ".
C'est à la fois un roman d'initiation, d'émancipation et un roman musical où le jazz est un personnage à part entière et peut-être le plus important. Tout au long du roman on est emporté et bercé par le rythme du jazz et du swing.
Il n'est pas nécessaire d'être un mélomane averti pour apprécier ce roman, mais si on ne l'est pas, tel est mon cas, on peut alors y trouver quelques longueurs.
Ce que Philippe Hayat développe très bien, c'est la force que peut provoquer une passion. À l'exemple de Darius, si on a le courage d'aller jusqu'au bout, elle peut permettre de dépasser tout déterminisme social, culturel et religieux, de surmonter les épreuves et les obstacles et de choisir ainsi le cours de sa vie.
Coup de chapeau à l'auteur qui connaît superbement l'histoire du jazz et de cette musique afro américaine. Au travers de ce roman, il nous la fait partager de façon magnifique !
L'histoire débute en 1935 à Tunis. La Tunisie appartient à la France et il y a une certaine tension entre les communautés juives et arabes. L'envie d'indépendance commence à monter.
Dans une bagarre avec des Arabes, où son père est tué, Darius un jeune juif est gravement blessé. Il est maintenant muet et boite sévèrement d'un côté. Il vivote avec sa mère qui fait des ménages pour survivre. Darius souffre de sa différence et des moqueries des autres.
Un soir dans un théâtre, il entend une clarinette et ces quelques notes vont allumer en lui un véritable incendie. Désormais il n'aura qu'un seul but apprendre à jouer de cet instrument qui sait tirer de la joie et des larmes. Une musique mélancolique et gaie à la fois.
« En quelques accords, sa musique disait la joie comme le chagrin »
Un roman où les mots se transforment en musique, une histoire d'amour, celui d'une mère pour un fils, celui d'un fils pour sa mère, celui d'une noire pour un blanc, celui d'un restaurateur pour sa voisine.
« Cet homme devenait son ange gardien, tendre et mesuré, prêt à la servir sans retour, attendant son heure ou n'attendant rien, ne vivant que pour ce moment où ils marchaient ensemble vers la Résidence, la suivant comme une ombre et mettant son coeur dans ses pas, un coeur gros de cet amour, un coeur retenu, un coeur à le rendre beau. »
De la Médina de Tunis aux clubs de jazz de New York, nous suivons la destinée incroyable de ce jeune musicien prodige, clarinettiste virtuose, boiteux, blanc et muet et qui grâce à la musique fait battre le coeur de monde, et va réussir à rendre la vie plus belle.
Philippe Hayat nous embarque dans une grande fresque flamboyante, On y traverse l'Histoire, la ségrégation raciale, le débarquement des forces alliées en Sicile, l'indépendance de la Tunisie.
Une immersion dans le monde d'une Jazz, un roman d'initiation avec de beaux personnages, une histoire pleine de tendresse portée par une belle écriture.
Ouf!dès l'incipit,Paris 2015,le lecteur sait que Darius a traversé ses épreuves mais que,célèbre,il fait corps avec sa musique,il se retire après avoir parcouru une route éprouvante!Ce livre nous conduit à Tunis où Darius va affronter la perte de son père libraire,sauvagement assassiné dans une émeute,et être confronté aux problèmes religieux.Surprotégé par sa mère,Stella,avec laquelle il vit une relation fusionnelle,ce petit blanc,juif,boiteux et muet va rencontrer la musique,le jazz!Il partira avec Patton , ses guys musiciens combattre en Sicile:dure loi de la guerre! Puis,New-York,dans les années 50,où Dinah le sauvera d'autres démons...Le lecteur ne pourra que s'émouvoir devant le racisme primaire,la dure loi du quotidien.
Heureusement,la musique,omniprésente,donne au lecteur envie de brancher un appareil et d'écouter(découvrir pour ma part) les grands noms,morceaux ,si pointilleusement évoqués.L'auteur nous fait vibrer comme Darius avec son saxo, avec talent.C'est le deuxième roman de cet auteur dont je découvre la plume exigeante:un grand roman d'aventures,une pointe d'histoire mais surtout une bouleversante ode au jazz!!!!
Étonné, surpris, enchanté par cette découverte, Où bat le cœur du monde, second roman de Philippe Hayat, roman sélectionné par ma médiathèque pour le Prix des lecteurs des 2 Rives, je termine à l’instant sa lecture et j’aurais voulu poursuivre l’histoire, remonter jusqu’à Paris, en 2015, où Darry Kid Zak donne son dernier concert…
Dinah, femme infatigable et admirable, est aux côtés de ce génial musicien de jazz, de cool-jazz plus exactement. Cet artiste imaginé par l’auteur est muet. Il enchante le public depuis des années avec sa clarinette et son saxophone soprano.
D’ailleurs, la partie suivante me ramène à New York, en 1946, et décrit la rencontre entre Dinah et Darry qui végète. Il faut patienter un peu avant de remonter encore le temps pour se retrouver à Tunis, en 1935.
Darius a dix ans, vit au cœur du vieux quartier juif. Son père, Sauveur, est libraire et tente de lui inculquer les principes religieux alors que Stella, sa mère, d’origine italienne est moins dévote.
Le texte fourmille de détails, de remarques savoureuses mais la tension entre la jeunesse arabe et les Juifs est plus que palpable. Certains extrémistes alimentent la haine et tout dégénère après une tempête de sable. Sauveur est pris à partie, battu, sa librairie brûlée. Son fils, parti chercher du secours, a toutes les peines du monde à faire bouger les Français qui laissent faire. L’enfant, molesté à son tour, veut sauver son père. Il est grièvement blessé, profondément choqué. Il ne parlera plus.
Veuve, Stella veut que son fils réussisse. Elle apprend le langage des signes mais Darius découvre la musique, apprend la clarinette, se gorge de jazz grâce à Lou, une jeune fille qui l’a pris en affection. Son histoire est vraiment lancée.
Je devais donner le point de départ de ce roman extraordinaire racontant l’histoire d’un jazzman blanc qui réussit à faire sa place parmi les géants de la musique. Imaginaire, certes, mais j’aurais tellement aimé qu’elle soit vraie tant elle déborde de sincérité et de réalisme.
Rien n’est facile pour Darius qui fait tout pour jouer sa musique, exprimer son âme tout en travaillant technique et mélodies. J’ai suivi son périple dans l’armée US qui débarque en Sicile car il a été adopté par quelques musiciens noirs au grand cœur et c’est pour cela qu’il se retrouve à New York.
La partie américaine est dure, réaliste, pleine de rebondissements, d’aléas, démontrant toute la difficulté pour un musicien, quel que soit son talent, pour s’imposer ou simplement trouver du travail.
J’ai frémi d’horreur devant le racisme profondément ancré dans le sud des USA. Philippe Hayat démontre là aussi sa connaissance précise du pays. Il n’est jamais ennuyeux. Même si je ne connais pas les nombreux titres cités – malgré pas mal de concerts à Jazz à Vienne – l’auteur fait tellement vibrer mots et phrases que mon enchantement est complet !
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J'ai passé un très joli moment de Tunis à New York en compagnie de Darius Zaken, un personnage de fiction qui nous entraîne dans l'univers magique et sombre des premiers musiciens noirs de jazz. Ce récit initiatique traverse les époques et les continents. Les personnages sont flamboyants. Je me suis attachée à ce petit garçon tunisien, juif, boiteux et muet. J'ai assisté impuissante au lynchage de son père par une foule antisémite, admiré le courage et la détermination de sa mère qui - contre vent et marée- l'arme d'une éducation solide pour un destin incroyable. J'ai dansé avec Lou, son amie française dans sa luxueuse villa et chanté les poings serrés sous les coups des policiers blancs ségrégationnistes avec Billie Holiday au son de la trompette de Miles Davis. Quand je tourne la dernière page d'une mélodieuse histoire et que je me rend compte qu'elle montre la vie plus belle, je partage
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !