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J'ai dix ans. C'est un dimanche, tôt le matin, l'été, et il fait beau. Des éclats de voix. Un meuble qu'on jette au sol et le mur qui vibre sous ma main. Quelque chose de grave se trame : dans ma tête d'enfant, je le sais depuis toujours. Terrifié mais désobéissant, j'ose sortir de ma chambre où on m'a confiné. La porte d'entrée est fracassée. Des uniformes, figés, des visages tendus, des yeux noirs.
Une femme s'exclame : "Merde, il y a un gamin ! " Orphelin, Thomas grandit entre un internat à la discipline étouffante et l'appartement d'une tante mutique. Une fois adulte, croyant tourner le dos à son milieu d'origine et à la vie qui lui était destinée et après quelques errances, il se voit embauché par une entreprise dénommée France réelle. En plus de sa proximité avec l'extrême droite française, celle-ci s'avère bien plus liée que prévu à ce milieu dont il croyait se détourner et à ses propres parents.
Né en 1964, Thierry Brun a été steward aux Wagons-lits, vendeur de tissus au marché Saint-Pierre et négociateur boursier. Il a notamment publié Surhumain (Plon, 2010), La ligne de tir (Le Passage, 2012) et Ce qui reste de Candeur (Jigal, 2020).
Ce roman en plus de nous plonger dans les arcanes des partis politiques et particulièrement de l'extrême droite qui cherche à se financer au mépris des lois en trouvant toutes les combines pour trouver de l'argent, décrit un jeune homme perdu qui ne sait pas d'où il vient et a besoin de le savoir pour avancer. C'est bien fait pour les deux points sus-cités. Le financement occulte par l'intermédiaire des micro-partis est bien expliqué sans être plombant, Thierry Brun ne s'attarde pas sur les théories extrémistes, mais bien sur les pratiques pour se rendre fréquentable -la fameuse dédiabolisation- et pour recruter des gros bras et des politiciens prêts à tout pour être élus.
Thomas, lui vit dans ce monde sans vraiment adhérer aux thèses, il sait que Saint-Clair est lié à ses parents et veut savoir comment et pourquoi iceux sont morts. C'est le portrait d'un jeune homme qui se cherche, un peu violent, un peu alcoolique, néanmoins pas prêt à toutes les compromissions pour parvenir à ses fins. Il lui faudra juste trouver les bonnes personnes pour le guider. Un texte à la fois classique, très dialogué, des personnages et des situations ou événements forts et atypiques font que ce roman se suit avec un grand intérêt, je dirais même avec un intérêt grandissant au fur et à mesure qu'on tourne les pages.
Thierry Brun qui a écrit des polars sait comment bâtir un roman et tenir son lecteur sans en faire des tonnes. Pas d'artifices, ses personnages sont crédibles, réalistes, ce sont eux qui font qu'on a envie d'aller au bout. J'avais déjà aimé l'un de ses précédents livres, Ce qui reste de candeur, très différent.
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