"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Petite Boîte d'Os » est la fille du pasteur d'une communauté vivant sur les bords d'un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d'algues et d'herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l'amour avec le vieux Joseph, revenu au pays après le « Déluge », enveloppé d'une légende troublante qui le fait passer pour cannibale.
Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d'un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd'hui disparue. Le lac, d'apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fl uorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village.
Une histoire d'amour fou aussi poignante qu'envoûtante, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui voit la fi n d'un monde, puisque l'eau monte inexorablement et que la mort rôde autour du lac...
Dans le monde où vit "petite boite d'os" les oiseaux ont disparu, les cochons nagent et sont fluorescents, le niveau des eaux a monté et on fait glisser les morts dans le lac.
C'est un monde quasi fantastique dans lequel vit notre héroïne, qui nous raconte son histoire depuis sa naissance entre ses parents et son frère. Ses amitiés, son mariage, sa vie de famille, les deuils, les difficultés de la vie sont raconté de manière assez neutre dans un langage poétique. Un roman court, prenant, à la fois doux et percutant, qui raisonne étrangement avec l'actualité tout en étant dans un aute lieu et une autre temps non connu.
Toute une ambiance à déguster.
Ce récit, très troublant, est véritablement inclassable. Il s'agit d'un conte onirique, mêlant analyse sociale d'un monde en voie de disparition à des détails totalement surréalistes, tels ces cochons amphibie rose fluorescents, cette lune et ces lapins verts.
Ce récit, c'est une histoire d'amours : entre des parents et leurs enfants, entre des hommes et des femmes, entre des maris et leurs femmes. C'est un récit fantastique. C'est une histoire de fin du monde, où le petit village disparaît progressivement face à l'inexorable montée des eaux. C'est la fin d'un monde également, celui des solidarités villageoises face à l'anonymat des grandes villes, celui des vies simples et modestes face à un monde de consommation grandissante. Avec ce monde qui disparaît, ce sont également des hommes et des femmes qui meurent, les uns après les autres. Les plus jeunes le quittent aussi, par bateau, pour rejoindre la grande ville et ses buildings. Ces ruptures et ces disparitions sont décrites avec beaucoup de douceur et d'intensité à la fois.
Tout au long de ce court roman nous suivons la vie de « Petite Boîte d’Os », de sa naissance à la veille de sa mort. Une vie somme toute assez classique, avec mari et enfant, dans un petit village isolé au bord d'un lac immense qui attire à l'occasion les touristes de la grande ville. Seul le cadre est inhabituel : un monde sans oiseaux, des cochons fluorescents et amphibies qui se régénèrent, un lac plein de cercueils dont le niveau monte sans cesse... Dommage que cet aspect soit si peu exploité ; l'histoire pourrait en effet se passer dans n'importe quel petit village qui périclite....
Pour vous faire une idée du style de l'auteur, plutôt agréable à lire, voici un petit extrait du roman :
Énervée par la lenteur de nos gestes, par cette étrange forêt de cercueils qui dansent à quelques dizaines de mètres de la surface et par le silence assourdissant qui me bat les tempes, je donne un coup de palme dans la vase qui tourbillonne et je descends vers l’ombre des profondeurs.
Passe le halo rose d’un banc de cochons immergés, pédalant mollement, comme une grappe de lampions. Ils ont une extraordinaire capacité pulmonaire sous-marine, maintenant. Leur lumière s’éloigne au milieu des particules en suspension puis s’éteint, et nous reprenons notre descente silencieuse.
Si le style est agréable, l'histoire ne m'a pas émue pour autant ; on est bien loin de l' « histoire d'amour fou aussi poignante qu'envoûtante » promise par l'éditeur : je n'ai pas versé une larme alors que je suis très bon public !! Pour tout dire, le seul moment où j'ai ressenti un petit peu de tristesse a été lors de la mort du cochon domestique... Peut-être suis-je passée à coté de l'histoire d'amour ?
http://andree-la-papivore.blogspot.fr/2013/09/monde-sans-oiseaux-de-karin-serres.html
Monde sans oiseaux raconte la vie d’un village de paysans qui, après le Déluge, s’est retrouvé isolé par un lac. Les habitants, qui ne le traversent jamais, vivent de la pêche et de l’élevage, avec peu de moyens, si bien qu’ils ne connaissent pas le monde et ont perdu la science. Les oiseaux ne viennent plus par ici, autour de ce lac entouré de montagnes et de forêts. Dans ce lac éclairé par une lune verte, les cochons transgéniques nagent parce qu’ils sont devenus amphibiens, fluorescents et autorégénérants grâce aux expérimentations des éleveurs. Ils représentent la seule viande qu’ils mangent.
Toute leur vie se concentre autour des forêts et de ce lac qui leur donnent du bois, des poissons, des cochons et des algues, les algues qu’ils fument et qui les habillent. Comme les poissons se font de plus en plus rares dans ce lac étrange, les conditions de vie sont de plus en plus difficiles.
[...]
Monde sans oiseaux est un texte étrange, cyclique, fantastique, à la fois dystopique, parce qu’il traite d’une époque où l’homme a brisé l’équilibre entre ce que nous offre la nature et ce que nous en faisons, et ancien, parce que nous serons toujours confrontés aux éléments. La nature y est en effet très présente, elle fait partie intégrante de la vie des habitants. Ils vivent au rythme des saisons. Les femmes enfantent, les hommes travaillent, pêchent et cultivent, dans la plus pure tradition. La vie est rude, tout comme les rapports entre les gens. Le langage est rude, mais le texte est poétique. Monde sans oiseaux est un monde fascinant, violent, surprenant.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/monde-sans-oiseaux-karin-serres-a102295551
Karin Serres est auteure de théâtre, notamment pour la jeunesse, décoratrice et metteuse en scène. Ses pièces sont jouées dans le monde entier. Elle a également publié des livres pour enfants et adolescents.
Ce premier roman de Karin Serres (auteure de théâtre) qui paraît dans la collection "la forêt" animée par l’écrivaine Brigitte Giraud chez Stock est une réussite.
J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Il faut dire que l’histoire tient à la fois du Moyen-âge, de la science-fiction et du conte. Cela peut paraître déroutant au départ mais très vite on est pris dans cette histoire à la fois drôle, émouvante et triste composée de personnages attachants.
Au final, "Monde sans oiseaux" est une agréable découverte que je vous recommande fortement. Bonne lecture !
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