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Pendant vingt-cinq jours, dans la pluie, le vent et le froid, en l'absence de tout sentier, François Garde et ses compagnons ont réalisé la traversée intégrale de Kerguelen à pied en autonomie totale. Une aventure unique, tant sont rares les expéditions menées sur cette île déserte du sud de l'océan Indien aux confins des Quarantièmes rugissants, une des plus inaccessibles du globe.Cette marche au milieu de paysages sublimes et inviolés, à laquelle l'auteur avait longtemps rêvé, l'a confronté quotidiennement à ses propres limites. Mais le poids du sac, les difficultés du terrain et du climat, les contraintes de l'itinérance, l'impossibilité de faire demi-tour, n'empêchent pas l'esprit de vagabonder. Au fil des étapes, dans les traversées de rivière, au long des plages de sable noir, lors des bivouacs ou au passage des cols, le pas du marcheur entre en résonnance avec le silence et le mystère de cette île et interroge le sens même de cette aventure.
Alors qu’il est administrateur supérieur des terres australes et antarctiques françaises, François Garde, en profite pour découvrir Kerguelen, bien loin de la Bretagne, qui doit son nom à son découvreur, le navigateur breton Yves Joseph de Kerguelen en 1772.
Cette île est surnommée « île de la désolation » en raison de sa nature hostile avec des vents violents, des températures glaciales dont la moyenne annuelle ne dépasse pas les -5°C et avec une quasi absence de végétation. Personne n’y vit à l’exception des membres d’expéditions scientifiques basés à Port-aux-Français.
C’est lors d’un trek au Groëland, que l’un des coéquipiers, Mika, qui connaît Kerguelen pour y avoir séjourné durant un an, lui propose de s’y rendre pour une randonnée de plusieurs jours. C’est ainsi que ce projet d’expédition va voir le jour et au duo, viendront s’ajouter Bertrand, un ancien officier de marine qui connaît bien le climat et le terrain de Kerguelen, et Fred, médecin en haut montagne à Chamonix qui connaît lui aussi Kerguélen.
Cette expédition qui aura lieu en 2015 leur fera couvrir la traversée intégrale de Kerguelen à pied en autonomie totale. Comme sur cette ile sans aucune trace de civilisation, il est indispensable de partir avec tout le nécessaire (tente, nourriture, moyens de communication) et dont la charge sera répartie sur l’ensemble des équipiers avec un sac à dos de 25 kg, sac qui ne s’allègera pas puisqu’afin de préserver ce territoire vierge, il faut transporter ses déchets.
Elle durera 25 jours ni plus ni moins pour correspondre à l’une des rotations du Marion Dufresne, un navire qui effectue 4 rotations australes par année depuis la Réunion. Mais c’est sans compter sur la difficulté du terrain où il n’y a ni sentiers, ni de balisage et où les obstacles sont pléthore (chutes de pierre, traversées de rivières, tempêtes, bourrasques, passages de cols).
Des points de ravitaillement sont prévus afin de ne pas avoir à porter 3 semaine de nourriture. Ils se feront par hélicoptère au niveau de la cabane de Val Travers et de Mortadelle, et seront ainsi source de réconfort où les coéquipiers pourront « festoyer » de repas en conserve et de récupérer pour la bonne poursuite de cette expédition (blessure ancienne de Fred qui s’est réveillée et qu’une pause aura permis de soulager).
Cette longue et difficile marche de 4 coéquipiers qui se fait dans un espace complètement préservé, où il n’y a aucune trace de l’homme dans un environnement immense et inhospitalier, démontre la capacité de l’homme à s’adapter et à se dépasser. Si la plupart des récits de marche montre que le voyage en solitaire est un voyage physique et initiatique ; ici il en est tout autre et la démarche est bien différente car c’est grâce au groupe et aux compétences de chacun qu’elle a pu aboutir. Et on constate même une grande intelligence chez ces membres quo ont été en capacité de redoubler de politesse et d’instaurer des conversations plutôt bienveillantes et polies sous la tente car toutes altercations et disputes auraient menacer la réussite de l’expédition.
Avec la description des paysages, de ses ressentis, de ses états d’âme, François Garde m’a emmenée avec lui dans cette expédition et je me suis vue, en tant que férue de randonnée, arpenter cette île et affronter les obstacles (le vent, le froid, la pluie, la douleur). Il m’a aussi transporté par son écriture au vocabulaire riche et juste. Et j’ai refermé ce livre avec tristesse car j’aurai aimé poursuivre l’aventure mais aussi avec joie de constater que si l’on se donne les moyens et que l’on se prépare correctement il est possible d’aller au bout de ses rêves. C’est une très belle histoire humble et riche à la fois.
Et c’est un très gros coup de coeur.
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