"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Mon père ne parlait jamais de son boulot. Il disait la centrale, comme s'il n'y en avait qu'une seule au monde, comme si c'était le nombril du monde. Et de fait c'était le nombril de notre monde. »
En 2036, dans une France gouvernée par l'extrême droite, Samuel Vidouble est confiné dans sa cave à la suite d'un accident nucléaire sur le site de la centrale de Malville à l'ombre de laquelle il vivait enfant. Fascinante et monstrueuse, la centrale cristallise les disputes familiales et les luttes politiques des années 80. Sur les bords du Rhône, le jeune Samuel grandit dans l'aura de Thomas, le garçon sauvage, et d'Astrid, une adolescente révoltée, tandis que plane la double menace du Front national et du feu nucléaire. Alternant roman d'apprentissage et d'anticipation, Malville explore cette France périurbaine, ainsi que les conséquences sanitaires et environnementales de nos « choix » énergétiques qui bouleversent irrémédiablement notre rapport au monde, à la terre et au vivant.
Avec ce livre inspiré des lieux de sa jeunesse et tissé de réminiscences littéraires - de Tom Sawyer à Rimbaud -, Emmanuel Ruben affirme sa passion pour la géographie. Une ode vibrante au fleuve et à l'enfance.
Si nous sommes en 2036, ce n’est pas l’avenir que nous fera envisager le narrateur, mais plutôt un retour sur l’enchainement qui a abouti à la situation désastreuse qu’il évoque : une vie terrée, un confinement quasi-permanent , les rares sorties nécessitant un harnachement lourd. Le virus qui circule est doublement pathogène, car il est devenu radio actif !
Tout était en place pour une telle issue : dans son enfance le narrateur vivait dans une cité dont la plupart des résidents étaient employés à la centrale proche. Malgré les protestations des opposants au nucléaire,, malgré les incidents répétés, malgré la leçon de Tchernobyl, la politique de l’état s’est acharnée à développer le parc des centrales nucléaires, se rassurant à coup d’arguments de progrès technologiques et détournant le regard des énormes quantités de déchets qui s’accumulaient.
Cette période est celle d’une prise de conscience, pour le narrateur. Avec en corollaire un conflit interne, l’ado écartelé entre l’allégeance à sa famille, et les doutes sur le discours rassurant du père, sans compter la fascination qu’exerce sur lui ce monstre qui à la fois le menace et le nourrit. Il finit par choisir son camp, sur des arguments qui n’ont peut-être finalement rien à voir avec la raison.
La dystopie inversée existe t-elle ? Je la verrais comme un retour sur l’histoire pour comprendre la situation. C’est exactement le propos de ce roman qui se lit avec angoisse, puisqu’il nous place, nous lecteurs, dans une situation analogue à ce qui a produit la catastrophe. Avec, on le sent bien, peu de marge d’action pour inverser le processus qui a été installé il y a longtemps.
Une lecture très interessante, d’autant que la plume acerbe sert parfaitement le propos.
272 Stock 21 août 2024
#Malville #NetGalleyFrance
Récit d'anticipation dystopique, une oeuvre d'apprentissage très engagé, une exploration de la Valée du Rhône dans une France Périurbaine. Des personnages attachants et sensibles. On passe par beaucoup d'émotions. Une oeuvre aussi personnelle où l'auteur évoque ses craintes. Futur, Environnement, Extrême droite, Adolescences.
"L’ère atomique a débuté en 1945 à Hiroshima et survivra au genre humain puisqu’elle durera des millions d’années. Le virus nucléaire n’a pas seulement saccagé nos paysages, envahi nos esprits, irradié nos mers, nos rivières et nos campagnes. Il ne s’est pas contenté de polluer nos nappes phréatiques et de s’enfoncer à plus de cinq cents mètres de profondeur dans les argiles jurassiques de Bure, notre gigantesque poubelle atomique."
Tout à la fois anticipation, biographie et réquisitoire contre le nucléaire et la politique, ce roman avait tout pour me plaire et il a plutôt bien réussi !
Le titre et une centrale nucléaire sur la couverture, même si ce n’est pas celle de Creys-Malville ont eu tôt fait de me ramener pas mal d’années en arrière, quand on croyait encore pouvoir empêcher le démarrage du Superphénix, après le décès de Vital Michalon, dans des confrontations moins violentes mais tout aussi inutiles ! Mais il fallait le faire, comme ailleurs et ce n’est pas l’auteur qui me contredira !
Le roman débute en 2036 après l’explosion d’ASTRID, réacteur à neutron rapide construit près de Malville, qui a répandu le virus radioactif, obligeant les habitants à vivre confinés, sans beaucoup plus de libertés, même si sortir les exposerait à la mort ! Le narrateur est confiné sur les bords de la Loire et va raconter son enfance, le Rhône et la Centrale.
Un récit fascinant dans lequel l’auteur m’a totalement immergée dans l’enfance de Sam, de ses relations avec ses parents, ses ressentis face à la Centrale ! Son amour de la nature nous emmène sur des chemins semés de poésie, sur le fleuve impétueux, mais toujours sous l’emprise menaçante de la centrale, grande pourvoyeuse d’emplois !
Il m’est toujours difficile de chroniquer une lecture que j’ai appréciée et qui m’a touchée, qui plus est sur un combat d’actualité car le nucléaire est le pire destructeur et pollueur de tous les temps, pour des milliers d’années mais soyons assurés qu’un accident viendra rapidement mettre fin à notre lente agonie !
#Malville #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2024
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