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Novembre 1935. Pessoa vit ses derniers jours. Simão Cerdeira, jeune pigiste au Diario de Lisboa, est chargé de rédiger la nécrologie de cet écrivain dont il ignore tout. L'apprenti journaliste va méticuleusement remonter la piste, interrogeant les principaux témoins de l'existence de ce personnage énigmatique. En parallèle, Pessoa prépare sa sortie. Aura-t-il le temps d'achever ce « Livre de l'inquiétude », basé sur les confidences de son ami Bernardo Soares et qui lui tient tant à coeur ?
Je l’avoue tout de suite, je n’ai jamais rien lu de Fernando Pessoa. Mais j’avais envie d’en savoir un peu plus sur sa vie, son oeuvre. C’est chose faite avec ce très beau roman graphique sorti chez Dargaud en septembre 2024.
Lisbonne, Novembre 1935. La rumeur court que le célèbre poète est mourant. Le rédacteur en chef du journal Diario de Lisboa charge un jeune pigiste, Simào, de rédiger sa nécrologie. Le jeune homme, à peine âgé de 22 ans, ne connaît rien de lui et décide de rencontrer ceux qui l’ont côtoyé.
Le jeune journaliste va découvrir un homme à la personnalité complexe qui a souvent publié des manuscrits sous une autre identité que la sienne. Fernando Pessoa disait qu’il s’agissait d’écrivains qui lui avaient confié ces manuscrits, qu’il y avait dans son appartement une malle remplie desdits manuscrits.
Or, il s’avère que derrière ces identités ( Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Bernardo Soares) se cache bien Fernando Pessoa. » J’ai tout un monde d’amis au fond de moi, dotés d’existences bien réelles. Et quand je me vois les retrouver, que j’arpente ma chambre de long en large, même s’il s’agit d’un rêve, j’éprouve une joie intérieure. «
Le jour de sa mort, le 29 Novembre 1935, à 47 ans, Fernando Pessoa tenait dans sa main un mot manuscrit : « I Know not what tomorrow will bring » que l’on peut traduire par » J’ignore de quoi demain sera fait. «
Ce roman graphique m’a permis de découvrir cet écrivain et donné envie de le lire. J’ai aimé les dessins (je trouve que Simào ressemble à l’acteur Adrian Brody ). Le fait que le fond des vignettes soit de couleur différente selon les moments de la vie de Pessoa et la vie du journaliste permet une compréhension rapide. J’ai apprécié les représentations de la ville de Lisbonne et des endroits fréquentés par l’écrivain, on s’y croirait.
Avec cette biographie graphique partielle de Fernando Pessoa, Nicolas Barral brosse un portrait touchant et érudit de l’auteur de « Le livre de l’intranquillité » (ou « Journal de l’intranquillité ») alors qu’il est condamné par la maladie.
Sous forme d’enquête journalistique pour la rédaction d’une nécrologie, Barral nous plonge dans le mécanisme psychologique qui a conduit Pessoa à créer une œuvre littéraire qualifiée de chef d’œuvre avec plusieurs flash-back sur sa vie.
La dernière page de l’album est une photo de la malle emplie des écrits de l’écrivain portugais posée au sol devant sa bibliothèque.
Ces écrits ont été publiés sous différents noms, ainsi Pessoa créa des écrivains – ses hétéronymes – à qui il a insufflé vie.
« Chaque émotion est comme une allumette grattée sur le tissu sensible de mon cœur. » F. Pessoa.
J’avais beaucoup aimé « Sur un air de Fado » et cet intranquille Monsieur Pessoa est une réussite qui m’a fait découvrir un peu plus Pessoa et sa créativité.
Des couleurs chaudes sépia pour une BD formidablement bien dessinée et expressive dans un Lisbonne des années 1935 très cinématographique.
Un très bon moment de lecture.
Tout y est dans cette bande dessinée aux illustrations très mesurées pour expliquer qui était le fameux poète portugais, Fernando Pessoa (1888-1935) : sa malle avec ses 30 000 œuvres inédites, ses hétéronymes (à peu près une centaine), ses excès et sa création gigantesque.
L’intrigue de départ est simple. Une nécrologie à écrire sur le monument poétique du Portugal doit se préparer car son état de santé est de plus en plus alarmant. Un jeune journaliste, Simão Cerdeira, prend sa mission au sérieux et rencontre un certain nombre de protagonistes qui, tour à tour, vont lui parler de la personnalité très particulière de Fernando Pessoa, « un dandy burlesque droit sorti d’un film muet… » Il l’observe aussi de loin en loin.
Nicolas Barral raconte la biographie de ce poète, philosophe, critique et bien plus encore, à travers des voyages dans le temps. Il permet, à ses autres lui-même, de leur donner un visage lorsqu’ils réclament au poète les certitudes de pouvoir exister après sa mort. Fernando Pessoa, celui que l’on découvre, est tour à tour solitaire, animé par son flux créatif, mais surtout, incroyablement attachant.
De larges pages sont muettes pour découvrir le Lisbonne de Fernando Pessao vu par l’auteur Nicolas Barral qui a publié Sur un air de fado en 2021, son premier album solo. Le passé prend des couleurs sépia. Le dessin est très précis et réaliste permettant une immersion appréciée. La personnalité de Pessoa émerge toute en sensibilité et solitude créatrice.
Son travail littéraire, multiple et varié, a permis une reconnaissance européenne de la littérature portugaise. Cette bande dessinée, très réussie, permet une approche du talent et de la personnalité de Fernando Pessoa. Passionnant !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/11/15/lintranquille-monsieur-pessoa-une-bande-dessinee-de-nicolas-barral/
Quand la mort est proche Pessoa plaisante (cf.p 50 où, à la demande d’autographe d’un garçon de café sur une photographie où on voit Pessoa en train de boire un verre … l’écrivain écrit : Flagrant délitre ») et un jeune écrivain journaliste s’engage dans la rédaction d’une nécrologie par anticipation … tout en cherchant à capter encore des lieux et instants de vie de Pessoa.
Un Pessoa qui a passé sa vie à écrire mais avec de multiples pseudonymes. Il a multiplié ses hétéronymes :
La minute Wiki pédia :
« En littérature, un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour incarner un auteur fictif, possédant une vie propre imaginaire et un style
Pour Fernando Pessoa, ce concept correspond à une personnalité différente de celle de l'écrivain orthonyme (c'est-à-dire Pessoa lui-même) pour laquelle il crée une vie en soi en plus d'une œuvre. On recense plus de 70 hétéronymes possibles (recensés par Teresa Rita Lopes) dans l'œuvre de Pessoa, même si les trois principaux sont Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Álvaro de Campos ainsi qu'un « semi-hétéronyme », Bernardo Soares, l'auteur du Livre de l'intranquillité.
Pessoa précise à propos des métamorphoses hétéronymiques : « Je ne change pas, je voyage » (seconde lettre à Casais Monteiro). »
Ces choix littéraires illustrent l’intranquillité de Pessoa avec ses difficultés dans les relations sociales (affectives, amoureuses, …) et un renfermement dans ses « voyages » littéraires et ses démultiplications, accompagnés par la « divine bouteille »,
Le travail de Barral est (encore une fois) d’une très grande qualité. Son ouvrage est d’une grande finesse, mariant poésie et réalisme donnant à mieux approcher la complexité et la sensibilité de Pessoa (et de sa production littéraire protéiforme) et ne peut se résumer au qualificatif de (très) « bonne biographie ». C’est plus que cela : une superbe BD qui rend hommage à un grand écrivain.
On ne peut résister à citer ce que dit Pesoa à sa sœur venue le voir alors qu’il va mourir :
« Je suis soulagé Queta. J’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose de défectueux en moi …
Je suis né sans carapace
Chaque émotion est comme une allumette grattée sur le tissu sensible de mon cœur.
Une aubaine pour le poète auquel cette infirmité confère le don de voir par-delà les choses.
Une plaie pour l'homme dont le moindre mouvement relève dès lors de l'acte d'héroïsme.
M’étant vu saboté toute amitié prometteuse, tout amour naissant je me suis mis en retrait du monde.
Dans cet exil volontaire l'alcool aura été ma consolation et ma perte.
Je laisse des milliers de textes et pars avec le sentiment d'avoir été l'interprète d'une bonne part de notre siècle je n'en tire aucune gloire.
Car mieux valait pour moi écrire que risquer de vivre » pp 114-115
Ces phrases sont développées avec des portraits de Pessoa à différents moments de sa vie.
Lisbonne, 1935
"Ne tardez pas si vous avez des dispositions à prendre". C'est avec ces mots en tête que Fernando Pessoa quitte le cabinet de son médecin. Il est condamné et ça ne tarde pas à se savoir. A la rédaction du Diario de Lisboa, on confie au jeune pigiste et écrivain en herbe Simao Cerdeira le soin de préparer à l'avance une nécrologie d'un poète dont il ne sait presque rien.
Après "Sur un air de fado", Nicolas Barral nous garde au Portugal pour raconter les derniers jours de l'écrivain portuguais Fernando Pessoa. Par le biais de l'enquête d'un jeune journaliste, il retrace quelques épisodes de sa vie et met à jour un homme torturé, peu sociable, loupant ses amitiés et ses amours, ayant vécu en retrait du monde et n'ayant qu'une seule consolation: écrire. Et l'alcool, qui finira par le tuer.
Pauvre, ignoré, il ne fût reconnu post-mortem que grâce aux milliers de manuscrits, écrits par ses nombreux alias comme autant de compagnons de vie, découverts dans une malle. Cette solitude est bien exprimée par le dessin doux de Nicolas Barral. Il cherche à mettre en scène la poésie, les émotions, la vie intérieure de Pessoa et y parvient avec une certaine tendresse. Il donne également vie au Lisbonne de l'entre deux guerres et c'est magnifique !
C'est un beau voyage que permet Nicolas Barral avec ce très bel album: un voyage poétique dans l'univers de Fernando Pessoa que j'avoue, je méconnaissais totalement. Un joli coup de cœur !
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