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Nicolas Barral

Nicolas Barral
Nicolas Barral est auteur de bandes dessinées. Il reprend en alternance la série Nestor Burma. Son dernier album paru en 2021, Sur un air de Fado conte l'histoire d'un héros ordinaire sous la dictature de Salazar en 1968.

Avis sur cet auteur (16)

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    Couverture du livre « L'intranquille Monsieur Pessoa » de Nicolas Barral aux éditions Dargaud

    Pascal TOURRES sur L'intranquille Monsieur Pessoa de Nicolas Barral

    Quand la mort est proche Pessoa plaisante (cf.p 50 où, à la demande d’autographe d’un garçon de café sur une photographie où on voit Pessoa en train de boire un verre … l’écrivain écrit : Flagrant délitre ») et un jeune écrivain journaliste s’engage dans la rédaction d’une nécrologie par...
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    Quand la mort est proche Pessoa plaisante (cf.p 50 où, à la demande d’autographe d’un garçon de café sur une photographie où on voit Pessoa en train de boire un verre … l’écrivain écrit : Flagrant délitre ») et un jeune écrivain journaliste s’engage dans la rédaction d’une nécrologie par anticipation … tout en cherchant à capter encore des lieux et instants de vie de Pessoa.

    Un Pessoa qui a passé sa vie à écrire mais avec de multiples pseudonymes. Il a multiplié ses hétéronymes :


    La minute Wiki pédia :
    « En littérature, un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour incarner un auteur fictif, possédant une vie propre imaginaire et un style
    Pour Fernando Pessoa, ce concept correspond à une personnalité différente de celle de l'écrivain orthonyme (c'est-à-dire Pessoa lui-même) pour laquelle il crée une vie en soi en plus d'une œuvre. On recense plus de 70 hétéronymes possibles (recensés par Teresa Rita Lopes) dans l'œuvre de Pessoa, même si les trois principaux sont Alberto Caeiro, Ricardo Reis, Álvaro de Campos ainsi qu'un « semi-hétéronyme », Bernardo Soares, l'auteur du Livre de l'intranquillité.
    Pessoa précise à propos des métamorphoses hétéronymiques : « Je ne change pas, je voyage » (seconde lettre à Casais Monteiro). »


    Ces choix littéraires illustrent l’intranquillité de Pessoa avec ses difficultés dans les relations sociales (affectives, amoureuses, …) et un renfermement dans ses « voyages » littéraires et ses démultiplications, accompagnés par la « divine bouteille »,

    Le travail de Barral est (encore une fois) d’une très grande qualité. Son ouvrage est d’une grande finesse, mariant poésie et réalisme donnant à mieux approcher la complexité et la sensibilité de Pessoa (et de sa production littéraire protéiforme) et ne peut se résumer au qualificatif de (très) « bonne biographie ». C’est plus que cela : une superbe BD qui rend hommage à un grand écrivain.

    On ne peut résister à citer ce que dit Pesoa à sa sœur venue le voir alors qu’il va mourir :
    « Je suis soulagé Queta. J’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose de défectueux en moi …
    Je suis né sans carapace
    Chaque émotion est comme une allumette grattée sur le tissu sensible de mon cœur.
    Une aubaine pour le poète auquel cette infirmité confère le don de voir par-delà les choses.
    Une plaie pour l'homme dont le moindre mouvement relève dès lors de l'acte d'héroïsme.
    M’étant vu saboté toute amitié prometteuse, tout amour naissant je me suis mis en retrait du monde.
    Dans cet exil volontaire l'alcool aura été ma consolation et ma perte.
    Je laisse des milliers de textes et pars avec le sentiment d'avoir été l'interprète d'une bonne part de notre siècle je n'en tire aucune gloire.
    Car mieux valait pour moi écrire que risquer de vivre » pp 114-115

    Ces phrases sont développées avec des portraits de Pessoa à différents moments de sa vie.

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    Couverture du livre « L'intranquille Monsieur Pessoa » de Nicolas Barral aux éditions Dargaud

    bulle.noire sur L'intranquille Monsieur Pessoa de Nicolas Barral

    Lisbonne, 1935
    "Ne tardez pas si vous avez des dispositions à prendre". C'est avec ces mots en tête que Fernando Pessoa quitte le cabinet de son médecin. Il est condamné et ça ne tarde pas à se savoir. A la rédaction du Diario de Lisboa, on confie au jeune pigiste et écrivain en herbe Simao...
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    Lisbonne, 1935
    "Ne tardez pas si vous avez des dispositions à prendre". C'est avec ces mots en tête que Fernando Pessoa quitte le cabinet de son médecin. Il est condamné et ça ne tarde pas à se savoir. A la rédaction du Diario de Lisboa, on confie au jeune pigiste et écrivain en herbe Simao Cerdeira le soin de préparer à l'avance une nécrologie d'un poète dont il ne sait presque rien.

    Après "Sur un air de fado", Nicolas Barral nous garde au Portugal pour raconter les derniers jours de l'écrivain portuguais Fernando Pessoa. Par le biais de l'enquête d'un jeune journaliste, il retrace quelques épisodes de sa vie et met à jour un homme torturé, peu sociable, loupant ses amitiés et ses amours, ayant vécu en retrait du monde et n'ayant qu'une seule consolation: écrire. Et l'alcool, qui finira par le tuer.

    Pauvre, ignoré, il ne fût reconnu post-mortem que grâce aux milliers de manuscrits, écrits par ses nombreux alias comme autant de compagnons de vie, découverts dans une malle. Cette solitude est bien exprimée par le dessin doux de Nicolas Barral. Il cherche à mettre en scène la poésie, les émotions, la vie intérieure de Pessoa et y parvient avec une certaine tendresse. Il donne également vie au Lisbonne de l'entre deux guerres et c'est magnifique !

    C'est un beau voyage que permet Nicolas Barral avec ce très bel album: un voyage poétique dans l'univers de Fernando Pessoa que j'avoue, je méconnaissais totalement. Un joli coup de cœur !

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    Couverture du livre « Sur un air de fado » de Nicolas Barral aux éditions Dargaud

    mccb78 sur Sur un air de fado de Nicolas Barral

    Quand j’ai commencé à lire Sur un air de Fado , ce roman graphique m’a tout de suite fait penser à Pereira prétend , roman d’ Antonio Tabucchi et adapté en bande dessinée par Pierre Henry Gomont. Et je n’avais pas tort car l’auteur lui-même, Nicolas Barral, dit s’être inspiré de ce...
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    Quand j’ai commencé à lire Sur un air de Fado , ce roman graphique m’a tout de suite fait penser à Pereira prétend , roman d’ Antonio Tabucchi et adapté en bande dessinée par Pierre Henry Gomont. Et je n’avais pas tort car l’auteur lui-même, Nicolas Barral, dit s’être inspiré de ce livre.

    Dans Sur un air de Fado, nous suivons Fernando , un médecin de Lisbonne en 1968. À cette époque, le Portugal est dirigé par Salazar qui a mis en place l’estado novo, un régime autoritaire. Fernando, par ses fréquentations, doit s’adapter entre ses propres pensées et celle qu’il doit avoir pour être un bon Portugais.

    L’histoire de ce roman graphique est très sympathique même si j’ai trouvé l’ambiance un peu frileuse. La dictature est bien présente mais pas oppressante. La fin est un peu trop facile.
    Malgré tout, Fernando est un personnage très agréable, que j’ai aimé suivre dans ses pérégrinations à travers Lisbonne

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    Couverture du livre « Sur un air de fado » de Nicolas Barral aux éditions Dargaud

    Francinemv sur Sur un air de fado de Nicolas Barral

    L’Amérique a le blues, l’Espagne le flamenco et le Portugal le fado, ce chant traditionnel qui sait si bien exprimer la saudade de l’âme portugaise. Aussi, ne rendons pas à Salazar, le dictateur fondateur de l’Estado Novo ce qui appartient au peuple portugais. Sur un air de fado, superbe album...
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    L’Amérique a le blues, l’Espagne le flamenco et le Portugal le fado, ce chant traditionnel qui sait si bien exprimer la saudade de l’âme portugaise. Aussi, ne rendons pas à Salazar, le dictateur fondateur de l’Estado Novo ce qui appartient au peuple portugais. Sur un air de fado, superbe album qui vient de paraître aux Editions Dargaud, nous dresse un tableau sans jugement mais plein de justesse de cette période sombre de l’histoire portugaise à travers le destin d’un homme, un médecin, « o doutor » Fernando Pais sous la plume scénaristique et graphique de Nicolas Barral.

    3 août 1968, Fort d’Estoril, Le Brégançon portugais
    Celui qui depuis 36 ans est à la tête du Portugal, António de Oliveira Salazar, victime d’un AVC, vient de faire une chute dont il gardera des séquelles qui l’éloigneront du pouvoir pour les six ans qu’il reste à vivre à ce régime. Cela ne semble pas affecter outre mesure Fernando Pais, médecin lisboète d’une quarantaine d’années qui vaque à ses occupations ordinaires. Il commence comme à l’accoutumée ses consultations à domicile par une visite au siège de la police politique, la PIDE (Police Internationale et de Défense de l’État). En arrivant devant le bâtiment, il est témoin d’une scène qui va l’interpeller : deux sbires de ladite police maltraitent un gamin qui vient de les narguer. Alors lui, qui profondément marqué par un drame vieux de dix ans avait tout verrouillé, son cœur comme sa conscience politique et avait fait le choix de ne plus s’engager et tenter malgré tout de vivre des jours paisibles en fermant les yeux sur ce qui l’entourait, va prendre la défense du gamin et s’interposer. « A bas Salazar ! Viva a Liberdade ! » s’écrie le jeune révolté, poing levé en s’enfuyant. Cela aurait pu en rester là. Oui mais voilà, João, ce révolutionnaire en culotte courte, Fernando le recroisera. Alors, ça en sera terminé de l’apparente tranquillité et du détachement du médecin ...

    A l’origine de cet album, plusieurs facteurs : l’épouse d’origine portugaise du bédéiste qui lui a fait découvrir et aimer la richesse de sa culture et son histoire, la lecture marquante d’un livre de l’auteur italien lusophone Antonio Tabucchi « Pereira prétend » dans lequel le personnage principal n’est pas médecin mais journaliste mais dont l’intrique qui se déroule 30 ans plus tôt déploie la même thématique de ne pas vouloir prendre parti sous la dictature salazariste jusqu’à ce qu’une rencontre vienne tout bouleverser.
    Sur un air de fado nous parle d’engagement ou non-engagement politique, de renoncement, d’amour naissant ou passé contrarié, du poids de la famille, de la relation complexe entre deux frères qu’apparemment tout oppose,… Sans jugement aucun, ayant à cœur de traiter ce qu’il nomme les « zones de gris  qui par leurs nuances font les portraits les plus justes », Nicolas Barral va faire s’entremêler la fiction et la vérité historique de façon extrêmement fluide et subtile. Pas de grands discours, mais des petites touches, des détails qui n’en sont pas, ponctuent ce récit. « Dieu, famille, patrie » était la devise de l’État nouveau, ce régime catholique, conservateur, nationaliste et autoritaire. Il suffira d’un crucifix sur un mur du QG de la PIDE pour nous faire comprendre le poids de la religion. Le régime était colonialiste? Le 16 11 63 tatoué sur le bras de Fernando, Maria, la fille de sa concierge se languissant de son fiancé engagé en Angola, les soldats déambulant dans la ville, les premières manifestations anti-guerre durement réprimées ainsi que le discours d’un médecin angolais exilé sont là pour en témoigner. La censure ? Elle est évoquée à la fois par l’existence des presses clandestines et la non-autorisation de publier « L’enfant et la baleine », la nouvelle d’Horacio Antunes, l’ami écrivain de toujours. C’est en s’appuyant sur de récents ouvrages édités suite à l’ouverture des archives que l’auteur décrira les méthodes de la torture pratiquée aussi bien au 22 de la rua Antonio Maria Cardoso qu’au fort de Caxias.

    Tous les personnages sont extraordinairement et justement campés : Marisa et Ana, les deux femmes de sa vie, Horacio Antunes, l’ami écrivain qui songe à l’exil, João et sa famille... Introduisant un peu de légèreté dans ce monde de brutes, l’auteur s’amuse à jongler avec les physionomies et les patronymes. Il donnera les traits du grand poète portugais Pessoa à un personnage secondaire qui n’aura d’autre nom que ... Pereira. Quant au prénom du poète, Fernando, c’est à notre héros, « acteur de papier » aux traits revendiqués de Benicio Del Toro qu’il reviendra. L’ami écrivain est une évocation du grand romancier António Lobo Antunes...

    Et puis, et puis, il y a la ville de Lisbonne, personnage à part entière, sa lumière particulière, son atmosphère. Représentée dès la couverture sur une frise d’azulejos, ces carreaux de faïence décorés typiquement lusitaniens, elle envahit l’album : Le Bairro Alto, quartier plutôt bourgeois où réside le docteur, l’Avenida da Liberdade avec ses pavés noirs et blancs si caractéristiques de la capitale portugaise, le quartier populaire de l’Alfama avec ses rues étroites, ses volées d’escaliers à n’en plus finir, son tram 28, son église, ses bars à fado dont le Dragao d’Alfama dans lequel Fernando et ses amis vont déguster une bière accompagnée de caracois bercés par « Lisboa Antiga » interprété par une chanteuse dont les traits évoquent Amalia Rodrigues ... Outre le tram 28, nous prendrons le train pour la station balnéaire de Cascais ou traverserons le Tage à bord d’un caheiro parmi des passagers qui se parlent en mettant la main devant la bouche de crainte que des bufos, ces indicateurs de la PIDE, ne soient à bord…

    Cette précision quasi photographique ancre l’histoire dans le réel et en fait jaillir toute sa puissance qui sera encore renforcée par le choix des couleurs restituant admirablement l’ambiance toute particulière qui régnait dans la capitale portugaise en soulignant le contraste entre la clarté et la luminosité du soleil qui inondait la ville et le côté sombre de la dictature qui partout y projetait son ombre. Outre le travail sur la lumière, Nicolas Barral, secondé pour la mise en couleurs par sa fille Marie, a su donner une cohérence entre les deux périodes sur lesquelles se déroule le récit en les inscrivant toutes deux dans une atmosphère de nostalgie aigre-douce, passant sans rupture des tons sépia des flash-back aux couleurs du présent par le biais d’une palette de teintes désaturées à dominante d’ocres.

    « Mais moi ? Quelle serait mon attitude si mon pays connaissait la dictature ? » Voilà la question que s’est posé Nicolas Barral à la lecture de Pereira prétend.
    Devoir de mémoire à l’égard du peuple portugais mais pas seulement, ce récit retranscrivant la vie quotidienne au temps de la dictature à une portée universelle. A travers une intrigue passionnante portée par un souffle romanesque fusionnant avec la réalité historique, Nicolas Barral, pour la première fois auteur complet, pose les bonnes questions, n’y apporte pas de réponse mais nous pousse à la réflexion.
    On ne naît pas résistant ou héros, on le devient. Tirons parti des leçons de l’Histoire. A l’heure où, à l’échelle planétaire, les populismes ont le vent en poupe, il convient d’être vigilants. Sur un air de fado nous rappelle les exactions que peut entraîner cette forme de gouvernance. Et puis, attention également à nos outrances verbales, aux mots que nous employons : celui de dictature, employé actuellement à tort et à travers n’en est que trop galvaudé.

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