"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il s'appelait Denis. Il était enchanté.
Nous ne nous connaissions pas. Enfin, de toute évidence, je ne le connaissais pas, mais lui savait fort bien qui j'étais.
Une jeune femme reçoit un message sur Facebook. C'est l'amorce d'un piège suffocant à l'heure du numérique, quand la fatalité n'a d'autre nom qu'un insidieux et inexorable harcèlement.
Dans ce roman âpre, où la narratrice ne se dessine qu'au travers d'agressions accumulées, de messages insistants, où l'atmosphère étouffante s'accentue à mesure que la dépossession se transforme en accusation, Myriam Leroy traduit avec justesse et brio l'ère paradoxale du tout écrit, de la violence sourde des commentaires et des partages, de l'humiliation et de l'isolement, du sexisme et du racisme dressés en meute sur le réseau.
Avec Les yeux rouges, Myriam Leroy creuse la réflexion sur l'addiction aux réseaux sociaux de nos jours. Jouant sur la perception du spectateur, Leroy emprisonne brillamment son lecteur comme son héroïne sans le savoir avec de simples textes électroniques.
La narratrice est une jeune et jolie journaliste sur une chaîne publique, une chroniqueuse qui ne mâche pas ses mots dans ses prises de position à la radio.
Denis est un de ses admirateurs, il la suit fidèlement sur les réseaux sociaux et ne manque pas de le lui faire savoir. Il entame avec elle un quasi-monologue à coups de messages où il lui raconte sa vie de bon père de famille travailleur et responsable, qui lâche quand même sa part d'ombre sur son blog tendance machiste raciste très à droite (Poutine est son autre idole). Des messages auxquels la narratrice répond de loin en loin, parce qu'elle est polie et bien élevée. Denis continue, pousse plus loin le bouchon de la drague ("mais en tout bien tout honneur"), accompagnant sa logorrhée de blagounettes pas drôles et de smileys puérils, et d'une dose d'auto-dérision histoire de montrer qu'il ne se prend tout de même pas pour le nombril du monde. Bref, le parfait boulet crétin. Mais loin d'être inoffensif.
Quelque temps après avoir accepté sa demande d'amitié virtuelle, la narratrice, soûlée par l'insistance lourdingue du pignouf, l'éjecte de sa liste d'amis puis le bloque carrément. Offense suprême pour lui et emballement de la spirale infernale pour elle, désormais victime du harcèlement odieux d'un Denis déchaîné (à croire que son seul but depuis le début était de se faire rejeter par la narratrice pour avoir enfin un prétexte pour vomir à la face du monde toute sa frustration de loser minable. Mais c'est une autre histoire).
La descente aux enfers est vertigineuse et interminable, la narratrice perd tout, son travail, ses amis, son compagnon, sa santé, son envie de vivre.
Cette histoire est réellement arrivée à Myriam Leroy il y a quelques années. Difficile donc de "critiquer" ce contenu, autobiographique, sinon pour en dire que ce texte est glaçant et donne envie de fuir sans plus attendre les réseaux sociaux. Evidemment tout le monde n'est pas célèbre et n'est donc pas exposé aux harceleurs de la même façon. Mais quand même, la méchanceté et la bêtise sont partout...
Quant à la forme, je l'ai trouvée originale, faite uniquement de discours rapportés, ceux de Denis, des amis, des médecins, des autorités,... Cela met la narratrice à distance de sa propre histoire mais n'empêche pas le lecteur de ressentir en plein l'enfer qu'elle a dû vivre. Elle décrit très bien le mécanisme, l'engrenage insidieux du harcèlement en ligne et de la manipulation, qui commence avec un message faussement innocent mais insignifiant, et aboutit à une perversité inouïe. Un texte cinglant, oppressant et inconfortable, qui interroge : qu'aurais-je fait à la place de son entourage ? Et surtout, à sa place à elle, aurais-je laissé les choses déraper aussi loin ?
Une journaliste reçoit un message de Denis, admirateur et gestionnaire d’un blog sur lequel il donne son avis sur des films et les médias.
Par politesse, elle lui répond. Mais lui ne se contente pas de ça. Il s’accroche.
Quand elle met fin à leur relation épistolaire, il entame une campagne de dénigrement et de harcèlement qui va bouleverser la vie de sa victime.
Une description très juste du harcèlement en ligne, de sa montée en puissance insidieuse, du piège qui se referme sur la victime avant qu’elle ne s’en rende compte.
A lire à la lumière d’un écran.
Sujet intéressant sur le harcèlement, mais je n’ai pas du tout accroché à cet ouvrage ...
Après "Ariane" et pour son quatrième livre, Myriam Leroy dévoile ici un roman actuel, âpre et étouffant sur le cyber-harcèlement.
Un récit d'autant plus glaçant qu'il a été vécu par l'auteure il y a plusieurs années.
C'est l'histoire d'une jeune journaliste connue, qui, victime de son succès, est contactée "en tout bien tout honneur" par un fan de la première heure, pour une interview sur Facebook.
Très cordial et poli, Denis se présente et entame une conversation pleine de flatterie et plaisanterie dans laquelle il livrera avec parcimonie quelques opinions extrêmes.
Malgré certaines réserves, la jeune femme lui répond courtoisement mais succinctement. En dépit de la distance qu'elle essaie d'établir, les relances se font de plus en plus régulières et nombreuses avec un ton bien plus familier et insistant. Comment sortir de cette spirale?
- "Mais c'est simple" lui rétorque son entourage, "tu le supprimes et le bloques", "pourquoi tu en fais toute une histoire?"
Mais au fond d'elle, elle commence à suffoquer car elle sent bien que Denis n'est pas du genre à apprécier ce genre de refus.
- "Mais non" lui dit-il, "il comprend", "elle est en couple"
Pourtant, il va lui faire vivre un véritable enfer... Blessé dans son ego, Denis refermera insidieusement sur elle un piège qui montera lentement en puissance et dans lequel il accumulera les agressions humiliantes et sexistes sur la toile.
Entraînant toute une communauté numérique aux idées racistes, xénophobes et homophobes dans une sourde spirale de violence contre la jeune femme, sa colère sournoise n'aura de cesse que d'augmenter au fur et à mesure du déclin de cette dernière.
Isolée et cible d’incessantes attaques verbales, personne ne la prend au sérieux : son compagnon ne se sent pas concerné, son entourage préfère minimiser, les avocats et les policiers qu'elle sollicite n'auront rien de concret à proposer.
Sauf que son organisme commence à lâcher, trois ans de stress ça ronge, de l’intérieur mais aussi de l’extérieur. Les plaques sur le corps, les yeux rouges, tous les charlatans qu'elle consulte lui vendent LE remède miracle.
Jusqu’au jour où elle s’effondre, et devant toutes ces plaintes classées sans suite elle finit par devenir elle-même l'accusée...
Avec une écriture sobre, juste, franche et un langage actuel, Myriam Leroy dépeint avec brio la lente et douloureuse chute d'une personne dans les méandres d'un vide juridictionnel.
La structure mettant en avant les messages acerbes du harceleur et les commentaires de ses abonnés sans jamais dévoiler les réponses de la victime, a pour conséquence un effet anxiogène intense et totalement maîtrisé.
Un roman contemporain sur un véritable sujet sociétal.
"Il fallait se garder, pensait-il, d'employer à tout propos une grille de lecture dominants-dominés. Celle-ci était obsolète depuis longtemps et sa binarité ne rendait pas compte de la complexité de l'existence.
Car entre l'ouvrier macho et la grande bourgeoise exploitant une bonne à demeure et lui parlant comme à un chien, qui était le dominé, qui était le dominant ? Entre le noble désargenté dans son vieux château ouvert aux quatre vents et la jeune instagrammeuse qui se faisait un pognon de malade avec des posts sponsorisés : qui était l'élite, qui était la plèbe ?"
Une journaliste reçoit tous les jours des messages sur son site. Des messages d'encouragement, de satisfaction mais aussi de personnes mécontentes et parmi elles, un certain Denis.
Qui est cet homme qui semble si bien la connaître et qui n'hésite pas à entrer dans sa vie privée ?
Ses messages deviennent de plus en plus virulents car n'étant pas toujours d'accord avec les idées de cette journaliste, il n'hésite pas a la contredire ce qu'elle n'apprécie pas.
Ce livre n'est que le reflet des réseaux sociaux qui commentent les infos du jour ..........
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