"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Enfants, Jacques Dufilho et son frère entendaient parfois les sirènes, nostalgiques comme des hululements, des bateaux en partance. Leur père disait : « C?est le bateau-loup. Dormez. » Au fil de sa mémoire, l?« homme merveilleux » dont parlait Werner Herzog, qui le dirigea dans Nosferatu, remonte tranquillement le cours du temps.Fils d?un pharmacien gascon, il aurait voulu être paysan. Cette vocation lui inspirera certaines de ses interprétations les plus célèbres, notamment d?inénarrables paysannes à accent. En 1938, il monte à Paris et rencontre Charles Dullin, un maître à vivre et à jouer. A l?Atelier, il croise Jean Marais, Madeleine Robinson et Alain Cuny. Apparu au cinéma dès 1941 dans des rôles souvent improbables de nanars dirigés par Blistène, Pottier, Hunebelle ou Pinoteau, il aura plus de chance avec Daquin, Devaivre, Deville, Mocky, Malle, Sautet ou Lautner. En 1978, il reçoit le César du meilleur second rôle pour Le Crabe-Tambour de Schoendoerffer.Monarchiste convaincu, toqué de Bugatti, Jacques Dufilho est également un passionné de chevaux, deuxième « religion » à laquelle il a rendu hommage dans une adaptation inoubliable de Milady de Morand. Après soixante ans de carrière, il a été et est plus qu?un grand acteur, un personnage singulier.
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