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Nous ne sommes pas seuls. Des êtres nous accompagnent sur la page, marchant à nos côtés depuis les premiers balbutiements, alors que le geste d'écriture n'est pas encore sorti du brasier qu'il nourrit. Les raisons qui le motivent demeurent lointaines. Et obscures. Pour le lecteur, aussi bien que pour le narrateur - tout jeune garçon d'abord, avant qu'il ne découvre qu'écrire questionne précisément ce mystère.
Sans prétendre déceler l'origine d'un tel geste, il arrive que s'imposent à nous certains instants étroitement liés à ce besoin vital qui ne nous quittera plus, comme à la manifestation de son désir. Essentiels instants, quoique prélevés dans la vie de tous les jours, qui désignent le chemin, s'ils ne l'ont pas tracé. Et d'où surgissent, en un monde avivé du seul pouvoir des mots, bien que peu ouvert aux livres, quelques-unes des silhouettes qui, pour n'avoir pas toujours mesuré la portée de l'engagement ni partagé sa réelle nécessité, ne l'ont pas découragé. Au point d'en accompagner les premiers pas, secrètement, et, chacune à sa façon, d'en favoriser les prémices.
Recueil de nouvelles dont le thème principal est l'écriture, la lecture et la rencontre d'autrui. Dit comme cela, ça tente. Le souci c'est que je n'ai jamais réussi à déchiffrer l'écriture de P. Commère, belle certes, travaillée, mais parfois alambiquée, elliptique, comme s'il s'adressait à des lecteurs avec qui il avait commencé une histoire qu'il continue ici. Il me manque des ficelles pour comprendre la profondeur des textes. En outre, dans certaines nouvelles, les narrateurs sont des enfants, quatorze ans et dix-sept ans, et le style littéraire adopté ne colle pas aux personnages qui s'expriment à la première personne du singulier : trop littéraire, trop travaillé. Je ne demande pas du tout que l'auteur écrive en langage texto, mais un minimum de correspondance entre la personne qui parle et la manière de le faire m'aurait davantage plu et n'aurait pas généré chez moi ce décalage total entre ce que je lisais et les images qui peuvent venir. On est dans un niveau de langage très recherché voire élitiste plutôt que dans du courant.
Dommage parce que le résumé me paraissait intéressant et pour ne rien vous cacher, j'avais prévu de faire une méchante blague du genre : Les larmes de Spinoza, à rapprocher d'un autre livre que j'ai déjà chroniqué, de JB Pouy, Spinoza encule Hegel (personnellement, j'aurais plutôt cru aux larmes de Hegel, mais bon...). Pas de très haut niveau, je le concède, mais mine de rien, je l'ai placée quand même.
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