"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1911, fuyant les persécutions contre les Juifs en Lituanie, Chaïm, le grand-père du narrateur, arrive en France. Afin d'obtenir la nationalité française, il s'engage dans l'armée et prend part à la Grande Guerre. Il est grièvement blessé par une bombe chimique. Il passe vingt ans interné, avant de mourir dans l'anonymat à l'hôpital psychiatrique de Cadillac, en Gironde. En 1940, Albert, le père du narrateur, est fait prisonnier et dénoncé comme Juif. Lors de la libération des camps, il met plusieurs semaines à rejoindre la France à pied depuis la Pologne. Il risque plusieurs fois d'être exécuté par des soldats nazis en déroute ou des militaires russes avides.Dans ce premier roman époustouflant, François Noudelmann emporte le lecteur dans les tumultes des deux conflits mondiaux. Les destins de son grand-père et de son père sont de véritables épopées, à travers lesquelles l'auteur questionne son identité française.
Cadillac.. c'est à 20 km de chez moi ! On sait qu'il y a des fous, on sait qu'ils sont , heureusement pour eux, en liberté dans Bordeaux parfois, on sait que les traitements existent !
On sait également que cet établissement est là depuis longtemps et que des recherches ont été faites.
On sait, on sait et on ne sait pas tout !
J'ai eu envie de lire ce livre, un des nombreux ouvrages écrits par des petits enfants sur la vie, la survie et l'autre vie de leurs grands parents qui se sont tus, comme se sont tus leurs parents parce qu'ils ne savaient pas parce que leurs parents s’étaient tus !!
Contrairement à d'autres lecteurs, je leur en suis reconnaissante d'avoir parcouru le chemin à l'envers, de leur avoir rendu la parole et souvent leur dignité !
Les Berest, Amigorena, Valérie Toranian, Raczymov, Michèle Sarde ou Michel Persitz ont su le faire avec talent et leurs mots résonnent encore en moi ;
Celui ci m'a déstabilisée! Parfois j'ai aimé le choix que l’auteur a fait, le choix de la distance, avec son grand père notamment qui lui était totalement inconnu, un récit froid lors de la première partie, très documentaire, laissant la place à la vie du père.. qui du coup n'a plus rien à faire avec les enfants de Cadillac, encore moins quand il est fait prisonnier en Allemagne. Une partie complète sur la survie dans les camps de prisonniers, les mois en semi liberté dans les campagnes environnantes et le retour en France, silencieux et muet. La vie d'après est parfaitement bien rendue, légère mais empreinte de creux et de vagues .
Puis une troisième partie plus particulièrement consacrée à l’auteur lui même, enfant, ado et adulte, ses ressentis,mais..
Est ce un roman ? Les limites entre roman, autobiographie et documentaire sont floues de nos jours, mais encore plus pour ce livre où ces trois hommes, grand père, père et fils ont sans arrêt franchi des frontières, géographiques et politiques, psychiatriques et sanitaires, intellectuelles et linguistiques .
Trois vies, trois parcours, peu ou pas de transmissions directes.. qu'en sera t'il de la quatrième génération ?
François Noudelmann est habitué aux essais philosophiques qu’il étaye avec sa carrière d’enseignant à Paris VIII et New-York University mais aussi dirige des collections d’essais chez plusieurs éditeurs.
Son premier roman, les enfants de Cadillac est autobiographique. Car en recollant les morceaux d’une filiation malmenée, François Noudelmann nous entraine dans ses réflexions sur sa judéité, sur ce qu’est d’être français, ou francisé, aujourd’hui. Il s’interroge aussi sur le vécu d’un homme, sur les conséquences de ses rencontres, de son expérience et sur la valeur de la transmission des aînés.
François Noudelmann s’attache à redonner identité à son grand-père Chaïm débarqué d’Europe centrale avec sa charrette de brocanteur. Dans un souci d’assimilation, il s’engage dans l’armée pour partir à la guerre 14/18. Il en revient gazé au fameux gaz moutarde à l’âge de vingt-deux ans. Il est interné à Sainte-Anne plutôt que de retrouver sa femme et son fils.
L’écrivain rend compte de son quotidien tout au long de la vingtaine d’années qui a suivi son premier internement. Sa mémoire oubliée est noyée dans celle des fous de guerre mais aussi des fous tout simplement !
Mais l’histoire de la famille ne peut s’arrêter là ! Le fils, assez anar pour savoir se rebeller, va connaître lui aussi une guerre, mais la suivante, celle de 39/40. Ces cinq années de prisonnier dans des camps allemands sont racontées au plus près des privations, des sévices et de la violence subis en ces lieux.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/12/10/francois-noudelmann/
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