"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Le Centre hospitalier holistique de Tourmens est un hôpital public. On y reçoit et on y soigne tout le monde, sans discrimination et avec bienveillance. Mais les préjugés envers son approche féministe et inclusive des soins et de l'enseignement sont tenaces.
Depuis sa création, en 2024, les hommes qui s'enrôlent à l'École des soignantes du CHHT n'ont jamais été nombreux : l'année où j'ai commencé ma formation, j'étais l'un des rares inscrits. J'espère que nous ne serons pas les derniers.
Je m'appelle Hannah Mitzvah. Aujourd'hui, 12 janvier 2039, je commence ma résidence. L'officiante de l'unité à laquelle je suis affecté se nomme Jean ("Djinn") Atwood. C'est une figure légendaire de la santé des femmes.
Je me demande ce qu'elle fait chez les folles.»
L'école des soignantes est une suite du chœur des femmes dans un futur plus ou moins proche et avec une sacrée évolution de la société en cours.
Si dans le chœur des femmes on se concentrait sur la dénonciation des violences liées à la médecine « soignant » les femmes, cette fois-ci, le problème a été pris à bras le corps. On découvre et suit une maison de santé expérimentale et qui corrige énormément de problèmes. Pour entrer dans ce monde respectueux des patients et ce mode de fonctionnement particulier, on va suivre Hannah qui comme son prénom ne le laisse pas deviner est un étudiant homme. J’ai beaucoup aimé l’idée d’avoir encore une fois joué avec le genre potentiel associé à un prénom : Hannah après Jean.
On ne se contente pas de découvrir ce centre de soins et école qui semble idyllique. Malheureusement qui dit expérimental et pour le bien en particulier des femmes dit rage des traditionalistes. Certains aimeraient vraiment mettre fin à cette expérience qui est beaucoup trop égalitaire et trop à l'horizontal à leur goût. Un système où chacun a son mot à dire et où il n’y a plus de grands pontes arrogants avec tout pouvoir qui sauraient tout mieux que tout le monde, bizarre que ça ne plaise pas trop, non ? Hannah arrive au moment où la maison de santé risque de fermer mais pour lui les soins ça doit absolument passer par un système à l'horizontal où chaque personne a son mot à dire sur son protocole de soins. Il faut de l’écoute, de la bienveillance et ne surtout plus se retrouver dans un système qui fonctionne que pour une partie des gens. J’ai adoré cette proposition de mode de fonctionnement et retrouver certains personnages du choeur des femmes et en découvrir d'autres. On va suivre la quête de ce groupe de soignantes pour préserver leur vision du soin mais aussi celles de tous ces patients et patientes pour trouver une solution et garder un financement qui soit indépendant du capitalisme. Ici chacun.e peut trouver sa place. C’est très beau, ça fait du bien et en même temps ça nous rappelle à quel point le nôtre est loin d'être parfait. C’est donc une suite réussie qu'on ne voit malheureusement pas assez.
Un roman grandiose qui relate du statut des femmes, de leur santé, des soins qui leurs sont apportés.
Un livre féministe à souhait.
Des personnages hyper attachants, de grands moments de joies, de doutes, de tristesse, de pleurs, d'espoirs, de tendresse.
Un homme soignante qui fait son possible pour aider les soignées, pour apprendre auprès de ses collègues, lors de sa formation.
Je suis passée par toutes ses émotions.
Une écriture fluide, un thème d'actualité, un sujet qui ouvre les portes de la réflexion sur notre monde et sur notre façon de soigner, de respecter.
Un roman à lire, et faire lire, à remettre entre les mains des étudiants en formation de santé, et pas que.
Un grand coup de coeur
Nous sommes en 2040, à Tourmens. Ca fait déjà un bon moment que l’ancien CHU est devenu Le CHHT, le Centre Hospitalier Holistique de Tourmens. Sous l’impulsion de Jean Atwood (voir « Le Chœur des Femmes »), tout a été repensé dans les années 2020. En s’affranchissant de la tutelle universitaire, le CHHT à tout repensé du sol au plafond, on ne soigne plus comme avant mais de façon vertueuse, tout a été féminisé, jusqu’au nom des professions qui ont été entièrement repensées. Nous sommes donc dans un hôpital progressiste, expérimental et indépendant de tout, une sorte d’utopie hospitalière. Un ancien informaticien en quête de sens, un jeune homme qui se prénomme Hannah, décide de postuler dans cette structure si avant-gardiste. J’étais très heureuse et impatiente de découvrir la suite (lointaine) du « Chœur des Femmes », je m’en faisais une joie, vraiment, parce qu’aime cet auteur. Et c’est peu dire que j’ai été décontenancée par le dernier roman de Martin Winckler. C’est un peu énervant car on sent bien que Winckler cherche à faire passer des idées importantes avec ce roman, des choses essentielles, mais ça ne marche pas. En fait ça marche mais par bribes, par intermittence car on met très longtemps à comprendre où il veut en venir. Winckler, en voulant mettre dans son roman toute la philosophie humaniste qui est la sienne, oublie un peu le lecteur en route. Le récit s’éparpille aux quatre vents, il lui manque une vraie et solide colonne vertébrale. L’hôpital qu’il décrit, sorte de bulle d’humanisme féministe dans une France sclérosée et appauvrie dans tous les domaines, est tellement éloigné de ce que l’on considère comme un Hôpital standard que cela en devient surréaliste, outrancier, et même presque inquiétant. La féminisation systématique de tout par exemple, l’obsession de genre jusque dans les tous petits détails anodins, ça finit presque par être contre-productif et même en tant que femme, même en tant que féministe on finit par trouver cela ridicule, un comble ! Ce n’est que dans les 50 dernières pages que l’on comprend où l’auteur veut en venir, et là il flirte avec la science fiction, il nous fait le coup de « Retour vers le Futur », il se met même en scène ! C’est drôle, c’est malin (sauf que ce n’est pas nouveau) mais ca arrive trop tard et ça ne sauve pas le roman. En fait, il est probable qu’il aura perdu trop de lecteurs en route qui ne verront pas cette fin « pirouette » car ils auront lâché l’affaire avant ! Encore une fois cela me navre d’avoir eu tant de mal à terminer un roman de Martin Winckler, que j’adore depuis « La Maladie de Sachs ». Avec « L’Ecole des Soignantes », il a voulu faire trop, trop compliqué, trop progressiste, trop féministe, trop tout et son message s’en est trouvé brouillé. Dire que c’est dommage est un euphémisme.
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